Le chant des partisans est un chant patriotique écrit-en 1943 par Joseph Kessel et son neveu Maurice Druon, la musique a été composé par Anna Marly en 1941. Elle a été écrite pour redonner l'envie de combattre les nazis aux français encore libre dans ce qu'on appelle "La France libre" lors de l'occupation allemande sur le nord du territoire. Ce fut l’hymne de la Résistance.
La mélodie du Chant des Partisans, inspirée d'un air populaire en Russie pendant la guerre civile, est due à la chanteuse et compositrice Anna Marly. Elle compose cette chanson en 1941 à Londres, les paroles originales étant en russe, sa langue maternelle. Les paroles en français sont écrites par Maurice Druon, futur académicien et Joseph Kessel son oncle , tous deux expatriés en Angleterre, qui proposent la variante française de la chanson le 30 mai 1943.
Le chant devient l’indicatif de l’émission Honneur et Patrie de la radio britannique BBC (diffusé deux fois par jour, sans les paroles), puis signe de reconnaissance dans les maquis. On choisit alors de siffler ce chant, d'abord pour ne pas être repéré en la chantant mais aussi car la mélodie sifflée reste audible malgré le brouillage de la BBC effectué par les Allemands.
André Gillois, responsable de Honneur et Patrie, donne à Pierre Seghers quelques détails sur la naissance du chant des partisans. Le 13 mai 1943, le problème d'un indicatif musical est abordé au cours de la préparation de la première émission prévue pour le 17 mai. Emmanuel d'Astier de la Vigerie propose de rencontrer Anna Marly qui anime alors — entre autres lieux — un petit club français de Londres.
Le soir même, l'artiste les reçoit dans la petite pension qu'elle occupe, 30 Campdon Hill Garden. Elle interprète à la guitare, sans les chanter, six de ses compositions. Deux mélodies — Paris est à nous et le chant des partisans — sont sélectionnées et enregistrées dès le lendemain, le 14 mai 1943. André Gillois précise : « elle [Anna Marly] avait réuni quelques musiciens pour former avec sa guitare un petit ensemble auquel elle avait adjoint deux siffleurs chargés des notes du début. Seulement ces professionnels sifflaient trop bien pour donner l'impression de combattants clandestins sifflotant en marchant sur les routes. Nous primes donc le parti d'Astier et moi de remplacer les spécialistes ».
Germaine Sablon, la sœur de Jean Sablon, enregistre la version française qui rendra le chant célèbre. Elle est arrivée à Londres le 6 février 1943. Son ami le metteur en scène Alberto Calvacanti lui propose de tourner dans Three songs about Resistance, le film de propagande qu'il doit réaliser.
Le 30 mai 1943, dans un hôtel du Surrey, fréquenté par les Français exilés, Joseph Kessel et Maurice Druon mettent en vers, sur un cahier d'écolier, les idées qu'ils échangent. Germaine Sablon possède, sur un feuillet à part, les notes relevées en écoutant Anna Marly jouer l'air sur sa guitare.
« À quatre heures tout était terminé. La fille du patron, Nenette, nous a servi le thé et j'ai chanté pour la première fois le Chant des Partisans devant elle. Ensuite j'ai appelé Calvacanti au téléphone […] je suis allée au studio d'Ealing le lundi 31 mai où l'enregistrement a eu lieu à onze heures et demie »
Largué par la Royal Air Force sur la France occupée, et écouté clandestinement, le chant se répand immédiatement tant en France qu'ailleurs dans les milieux de la Résistance et des Forces françaises de l'intérieur. Il se prolonge dans de nombreuses interprétations postérieures à la guerre, dont celle d'Yves Montand est une des plus célèbres.
Le manuscrit original est ramené, le 25 juillet 1943, par Emmanuel d’Astier de la Vigerie et Jean-Pierre Lévy à bord d’un Lockheed Hudson piloté par Hugh Verity, . L'appareil survole clandestinement la France occupée et se pose à 3 h 30 sur le terrain « Figue » près d'Ambérieu, les deux hommes y sont réceptionnés par Paul Rivière.
Les paroles sont publiées dans le no 1 des Cahiers de Libération dont l'édition originale porte le texte : « Ce volume a été achevé d'imprimer sous l'occupation nazie le 25 septembre 1943 »
Le manuscrit original, devenu propriété de l'État, est conservé au musée de la Légion d'honneur. Il est classé monument historique au titre « objets » par un arrêté du ministère de la Culture du 8 décembre 20068,4.
Également mise en musique par Anna Marly mais écrite par Emmanuel d'Astier de La Vigerie, La Complainte du partisan connaît un succès populaire en France dans les années 1950 mais s’efface devant Le Chant des partisans, relancé par André Malraux lors de la cérémonie d’entrée des cendres de Jean Moulin au Panthéon le 19 décembre 1964.
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rèves.
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève...
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe.
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute...
Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?