Menu de navigation

RENCONTRE AVEC PHILIPPE MEIRIEU AU COLLEGE DE CAMBUSTON

Quel plaisir et quel honneur de recevoir M.Meirieu au collège de Cambuston !
Merci à notre partenaire CEMEA Réunion d’avoir permis cette rencontre riche en échanges avec la communauté éducative, les élèves et le réseau de Cambuston.

Un accueil par les élèves:

Ils ont présenté les trésors du collège et déclamé un acrostiche sur le mot Education. Ils ont aussi signé la citation de Malala :

Un enfant, un professeur, un livre et un stylo peuvent changer le monde.”

Une découverte du collège a été proposée à M. Meirieu: de l’allée de la Connaissance au Jardin des Poètes en passant par la place Mémona Hintermann Affejée, marraine de la Persévérance .

Les élèves de 503 ont présenté sur cette place leur travail collectif sur le chemin de fer .

Un’ Ti Train dan’ Collège Cambuston :  La Voie de l’Ecole

Cher M. Meirieu

Notre classe a travaillé sur l’histoire du train. Nous avons pu faire une affiche sur laquelle on voit le train qui dépose les élèves au rond-point du collège. Nous avons écrit un texte dans lequel on a imaginé qu’il passait dans notre collège. Nous la fé un rêve…Un joli rêve !

Bonzour zot tout’ ! A nous marmay Cambuston,

Kan nou lèv le matin pou aler lékol, nou prend lo ti train.

Li sort’ la gare 7h15 et nou retrouv a nous ek nout’ band kamarad.

Après direction collège Cambuston :  Lo ti train i dépose a nou su le rond-point de not’ collège au milieu la kour. Ti train la, li lé rienk pou nous. Tout’ la été prévu. Néna un garde barrière, li lé la pou nout’ sécurité comma ça point n’importe qui i rent’ dan nout’ collège. Lé gayar, mé inquiète pas, néna un’ voie ferrée pou band’ voyageur. Li contourne le collège pour aler côté Bois-Rouge.

Aster nou sa explik a zot comment nout’ ti train i lé.

Nou  néna un locomotive Schneider mé nou utilise pu charbon parce que charbon, sa lé fossile.  Nou utilise un lénergie pli propre pou nout’ l’île et nout’ planète.

EKoute a mwin ! Nout’ ti train, na poin deux comme li ! Tous les wagons i représent un’ matière : un wagon, néna la musique :  zouk, maloya , musik classik… Un not’ wagon na maths :  calcul mental, table multiplication…Un not’, na EPS ek  les signes des jeux olympiques, tables de tennis…  Ti train-là, i fé chavire nout’ cœur.

Bon, Mesdames, Messieurs la compagnie, sat la écoute a nou,  zot la cru, sélmant,  c’est  zist’ un zoli rêve…

Mais nou aimerai bien ke lé  vrai .

En français :

Nous, les élèves du collège de Cambuston, quand on se lève le matin pour aller à l’école, on prend le petit train. Le train part à 7h15 de la gare et on se retrouve là-bas avec nos amis.  Puis, direction le collège ! Il nous dépose sur le rond-point en plein milieu du collège de Cambuston !

 Vous ne le savez peut-être pas, mais notre collège possède un rond-point sur lequel passe un petit train rien que pour nous. C’est fantastique ! Mais ne vous inquiétez pas ! Les autres voyageurs ont une voie ferrée qui contourne le collège et qui les emmène vers Bois-Rouge.

Tout a été prévu pour la sécurité des élèves par rapport au train : panneaux, barrières, présence d’un garde-barrière….

Maintenant on va vous expliquer comment est construit notre train. On a gardé la locomotive Schneider mais on n’utilise plus le charbon. On utilise une énergie plus propre.

Notre train est unique ! Chaque wagon représente une matière : Musique, Français, Sciences, EPS…

Ce petit train, nous le portons dans notre cœur.

Mesdames, messieurs, ce train dans notre collège, c’est un bien joli rêve. Mais on aimerait tellement qu’il soit vrai.

Après le Jardin des Poètes, M. Meirieu s’est prêté à une interview avec les 402 au Studio Multimédia avec Mme Mounissamy.

En passant, Illan lui a offert un conte créole: Zistoir Ti Jean et la sorcière….

 Une table ronde avec les associations de quartier,des professeurs et des partenaires culturels a été l’occasion de mettre en avant la richesse du réseau et la dynamique de projets au collège, leviers du Vivre-Ensemble.

Merci à l’ADICA, l’association Jeunes de l’An 2000, Expression Nature Réunion, au Théâtre Conflore , aux collègues présents pour cet échange riche et porteur.

Un échange avec la communauté éducative a clôturé la matinée. M Conradi , directeur des CEMEA Réunion et M. Meirieu , vice -président des CEMEA France ont inscrit dans la durée le partenariat avec le collège.

Le postulat d’éducabilité , principe fondateur de l’éducation, sera affiché dans notre collège.

EDUCABILITE
L’éducabilité est d’abord le principe “logique” de toute activité éducative: si l’on ne postule pas que les êtres que l’on veut éduquer sont éducables, il vaut mieux changer de métier. C’est aussi un principe heuristique essentiel: seule la postulation de l’éducabilité de l’autre interdit à l’éducateur d’attribuer systématiquement ses échecs à des causes sur lesquelles il n’a pas pouvoir et d’engager la recherche obstinée de nouvelles médiations. C’est pourquoi, sans doute, l’immense majorité des “inventions didactiques” a été effectuée par ceux et celles qui se sont attachés à éduquer des êtres jusque là réputés inéducables.
Mais l’affirmation de l’éducabilité de l’autre est aussi, paradoxalement, un signe de modestie: elle interdit d’obturer définitivement son avenir en le condamnant à n’en faire qu’une duplication de son passé; elle laisse ouverte la possibilité d’un changement, d’une réussite, d’une rédemption, dont nous savons bien, dans le registre de l’humain, qu’ils peuvent toujours advenir. Le postulat de l’éducabilité est, enfin, une sorte d'”efficace du regard” en ce qu’il communique à l’autre, le plus souvent à notre insu, une image de lui-même à laquelle nous savons bien qu’il a souvent tendance à se conformer.

Mais le principe d’éducabilité peut, on le sent bien, être porteur de préoccupantes dérives: on sait ce qu’il advient quand on se donne pour objectif d’éduquer “quoi qu’il en coûte”: la violence n’est pas loin, l’exclusion parfois, la “rééducation” de temps en temps. Le piège, en Education, c’est de confondre la formation d’une personne et la fabrication d’un objet, de ne pas supporter que l’autre nous échappe, se récuse… et d’abandonner le principe d’éducabilité quand l’autre ne nous paye pas des efforts que l’on a fait pour lui par sa reconnaissance, sa soumission ou sa réussite. Le vrai pari éducatif c’est celui de l’éducabilité associé à celui de la non-réciprocité: tout faire pour que l’autre réussisse, s’obstiner à inventer tous les moyens possibles pour qu’il apprenne mais en sachant que c’est lui qui apprend et que, tout en exigeant le meilleur, je dois me préparer à accepter le pire… et surtout à continuer à exiger le meilleur après avoir accepté le pire! Admettre que le principe d’éducabilité soit constamment mis en échec sans, pour autant, y renoncer. Assumer la négativité de l’éducabilité, sans, pour autant, basculer dans le dépit et la suffisance, sans sombrer dans le fatalisme. Le principe d’éducabilité et son corollaire, le principe de non-réciprocité, sont donc au coeur de la dynamique pédagogique, ils en constitue, en quelque sorte, le pari fondateur…
Choix éthique et politique à la fois, ils sont, en réalité, la véritable “pierre de touche” de bien des débats qui auraient intérêt, pour la clarté de la discussion actuelle, à faire ressortir systématiquement cette dimension des choses. Qu’est-ce qui se joue, au fond, à travers le statut des recherches pédagogie, si ce n’est la position que l’on prend sur ces deux questions essentielles: suis-je prêt à faire le pari de l’éducabilité de tous et à mettre en oeuvre toutes les connaissances dont je dispose et toute l’imagination dont je suis capable pour y parvenir? Suis-je prêt à accepter que l’autre échappe à mon projet, ne me paye ni en reconnaissance, ni en soumission, puisse se dégager de mon influence… sans, pour autant, lui en vouloir ni abandonner ma détermination?

Philippe MEIRIEU

Un moment convivial autour d’un manger ravages , hommage aux racines et au patrimoine de notre île, proposé par l’ADICA

Cette matinée est à marquer au collège. La venue de M. Meirieu est tout simplement inspirante.