Nos jeunes ont du talent !

Sincères félicitations à Marie Robert et à Pierre Técher, élèves de Terminale 1 pour leur réussite au concours « Plaisir d’écrire » initié par l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques (AMOPA) soutenu par l’Académie de La Réunion, plus particulièrement par la Délégation Académique à l’Education Artistique et à l’Action Culturelle (DAAC).

Pierre Técher : 2nd prix académique Jeune poésie & 1er prix national

L’ombre du Temps

Si le temps est avide, le mien est une ombre

Qui se cache loin, très loin dans la pénombre

Je scrute le firmament comme s’il était le mien

Comme s’il m’écoutait, indifféremment chaque matin

Les étoiles me parlent et murmurent des maux

Encore et toujours je me souviens de leurs défauts

Si frêles, si fières, elles restent honteusement vers le haut

Et je n’attends que leur temps pour crier vers le bas

Faîtes prières et laissez-vous porter jusqu’à moi

Une lumière si vive, votre clarté m’éblouira

Je ne suis pas, n’était rien et ne sera plus

On m’a tant scruté autrefois avant que je ne mue

Descendre si bas pour perdre toute identité

Vous descendrez un jour et tomberez dans la mortalité

Il ne me reste cependant plus beaucoup de temps

Et je reste seul, pointant vers mon ombre votre ironie

Tandis que ma lumière simplement s’éteignit

Dans la pénombre de vos défunts présents.

Marie Robert : 1er prix académique Jeune poésie

Sablier rompu

Grâce absolue

Temps interrompu

Retenir sa pensée

Instants parfumés

 

Sans un bruit

Rejet puis amis

Ricochets dans le silence

N’exister qu’après l’absence

 

Sauts embrumés

Réception chuchotée

Délicate insolence

Danse dans l’errance.

Rappelons-nous aussi des élèves primés lors de l’édition 2021 pour leur 1er prix Jeune poésie :

Marie Robert

L’ouvrier

Je suis ouvrier.

Je travaille au sommet.

‘Haut les tours, hein

J’suis pas le patron, min

 

Jour après jour,

Je tape sur des clous

Mon marteau et moi…

Pote pour la vie, quoi !

 

Les grues montent les barres en acier

Et r’partent alourdies des rêves brisés

Quand il faut croûter, j’bouffe mon plat

Préparé par ma femme Lana.

 

J’ai deux gosses à nourrir

C’est pas pour ça que je ’suis là à frire

Faut dire qu’fait chaud à midi

Mais qu’on gèle dans la nuit

 

J’suis un pauvre gueux

Et s’suis pas même pas vieux

J’construis des hôtels de riches

Et eux savent même pas que j’existe.

 

J’suis fatigué, même fort,

Lana me voit pas, m’aime-t-elle encore ?

Un clou mal enfoncé et je glisse

J’me rattrape, ‘une main, la poulie

 

Mon poids fait pencher la nacelle

Tombent vers moi, ces putains de caisses

M‘écrasent les doigts

J’suis trop lourd, y s’arrachent

 

J’tombe, la ville est belle

J’pleure des larmes, j’regrette

J’aurais dû vivre ma vie à moi

Et montrer mon amour à Lana.

 

Le soleil se lève et la ville prend feu

Elle m’aime, elle me veut

Comment pareille offre puis-je refuser ?

C’est une dame qui veut son jouet.

 

Le sol paraît dur quand on l’écrase sous nos pieds

Mais pour moi, c’est le plus doux des oreillers

Lana, mes enfants, Au-revoir

Ma ville me paraît miroir.

Je m’y suis enfin reconnu

J’entends mon marteau

Dans la main d’un autre.

Richesses perdues,

J’veux vous le dire, que j’vous aimais

Un bruit me coupe, ma boîte à goûter.

Mathilde Tholozan-Hugon 

Envolée

Une jeune fille vagabonde, balayée par les vents

S’échappant de la terre ferme, de son ancrage, pour prendre les devants,

Seule son envie de s’évader du droit chemin lui fait renoncer à se retourner,

Virevolter, s’envoler, s’enfuir libre et tout abandonner, tout balancer.

 

En solitaire ou accompagnée, à l’oreille, le vent lui murmura

Flânant entre les nuages, sur les montagnes ou au creux des vallées,

Le monde s’offre à elle et dans ses bras elle s’est jetée.

Vivre est la seule chose qui lui importe et, pour cela elle s’enfuira.

 

Mais un jour, le temps devient plus violent.

Une jeune fille vagabonde torturée par les vents,

Baladée, remuée, secouée de tous les côtés,

 

Echouée, la jeune fille s’est fanée,

Mais l’automne n’est-elle pas la plus belle saison ?

Un jour nouveau, la jeune fille renaîtra, avec passion.

 

La poésie demeure une expression artistique qui traverse le temps et révèle sous différentes formes la diversité et la richesse de l’Humain.

Un grand bravo à nos élèves ! Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour l’an prochain… A vos claviers, prêt, préparez !

Article rédigé par Manuella Melchior, Référent Culture.