Le choeur dans Oedipe-roi

Les origines du chœur : VIème siècle, place prépondérante, chez Eschyle (un tiers de la pièce). Son rôle décroit au Vème siècle avec Sophocle (plus de place à l’action) et disparaît presque chez Euripide
le chœur évolue dans l’orchestra en contrebas de la scène
15 choreutes (2 groupes de 7 + le coryphée)

Passages de chœur dans la pièce de Sophocle (stasima) :

1. Parodos (p16-18) : invocation des dieux, pleurs sur la cité qui « se meurt »
2. Premier stasimon (p 28-29) : doutes sur le coupable et sur le devin
3. Deuxième stasimon (p41-42) : pouvoir des dieux et punition de l’orgueilleux
4. Troisième stasimon (p49-50), hyporchème : mystère des origines d’Oedipe, entretient le personnage dans l’illusion
5. Quatrième stasimon (p53-54) : pleure les malheurs d’Oedipe (« Je me désole »), fragilité de la destinée humaine et supériorité de l’ordre divin
6. Exodos. Le coryphée a le mot de la fin.

Théâtralité : moments chantés, psalmodiés et dansés, en vers. Indications de ton : « vif », « modéré », « agité », « animé » comme pour une partition musicale, mais aucune indication de notes

Rôle du chœur :
– intermédiaire entre les personnages et les spectateurs. Ne connaît pas l’intrigue, la découvre en mm temps que le public, se pose des questions.
un personnage collectif qui parle à la P1, représenté lors de dialogues par le coryphée.
– Rôle dans l’action : reconnaît le berger de Laios dans les traits du vieux pâtre. Transitions : présente le palais au vieux pâtre, questionne Créon (évite un monologue)
– caractéristique de la tragédie grecque antique
– fonction religieuse ; au centre de l’orchestra où chante et danse le chœur se trouve un autel voué à Dionysos. Prières. S’indigne de voir Oedipe et Jocaste si peu religieux.
– commentaire des épisodes sans y prendre part
– aspect poétique : alternance strophe et antistrophe (en fonction des allers et retours des choreutes)
– insistance sur les émotions : terreur et pitié (pour la catharsis)
– représente la cité, l’opinion populaire, costume uniforme

Transposition dans le film :
– le chœur n’apparaît pas mais il est suggéré dans pls passages.
– Scènes de groupe entourant les personnages principaux : Jocaste et les jf dans le parc, Créon entouré de notables et Tirésias d’une foule
coryphée = personnage isolé devant une foule, le vieillard devant les suppliants (joué par Pasolini), le messager devant les Thébains (Angelo, l’amant de Pasolini). Le messager remplace parfois le chœur : présentation, transition, explications, réprobation face à l’orgueil d’œdipe
Pasolini : « J’ai tenu le rôle du grand prêtre pour deux raisons : parce que je n’avais pas trouvé de personne adéquate et parce que la longue phrase que je récite est la première du texte de Sophocle _ la tragédie commence ainsi_ et il me plaisait en tant qu’auteur, d’introduire moi-même Sophocle dans le film. » (entretien avec Pasolini dans les Cahiers du Cinéma 1967)
– Disposition du peuple au milieu du film qui ressemble au théâtre antique
– moments dansés, musicaux, choraux : le mariage sur le chemin d’Oedipe, accueil du bébé à Corinthe
– musiques du film (cortège funèbre, mariage de Jocaste et Oedipe, 1ère image de la mère : quatuor de Mozart « Dissonance » qui annonce le destin funeste d’Oedipe, flûte et tambour lancinants de la voix du destin (Tiresias joue de la flûte), chants populaires roumains…)
– cinéma de poésie plus que cinéma-théâtre.

CONCLUSION

Le chœur est vraiment caractéristique de la tragédie antique et de sa dimension religieuse et spectaculaire. Trop éloigné du spectateur moderne, il est transposé par différentes techniques cinématographiques dans l’œuvre de Pasolini.