Du 9 au 17 novembre se déroule la semaine de la Fête de la Science outremer, un évènement national du Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, coordonné localement par Sciences Réunion, sous le regard de la Délégation Régionale à la Recherche et à la Technologie.
L’atelier des deux infinis du Lycée Roland Garros, qui participe à cet évènement depuis 2014, propose un programme tout à fait exceptionnel cette année.
Lundi 11 novembre est un jour férié, mais c’est aussi le jour du passage de la planète Mercure devant le Soleil, un phénomène assez rare, qui ne se reproduira pas avant 2032 !
Petits rappels historiques : la première observation de ce transit fut réalisée à Paris par Pierre Gassendi le 7 novembre 1631, suite aux calculs de Kepler publiés en 1629 en complément de ses Tables Rudolphines de 1627, à l’origine de l’astronomie moderne. A l’époque, on pensait, jusqu’à cette observation, que le diamètre de Mercure était 6 fois plus grand que la réalité. Mais cela n’a pas empêché Gassendi d’être sûr de son observation de Mercure devant le Soleil et d’écrire : « je l’ai trouvée, je l’ai vue là où personne ne l’avait vue auparavant ». Kepler, décédé en 1630, n’eut pas cette chance.
L’ensemble des observations de ce transit, entre 1667 et 1881, ont permis en 1882 à Simon Newcomb de calculer précisément l’avance du périhélie de Mercure (point le plus proche du Soleil dans l’orbite de la planète), dont la loi de gravitation de Newton ne fournit qu’une explication insuffisante, avance qui ne sera en définitive totalement expliquée qu’en 1915 par la théorie de la relativité générale d’Einstein, dont c’est une preuve expérimentale majeure.
Ce lundi 11 novembre, l’ensemble du personnel du lycée dont les enseignants, ainsi que les élèves et leurs parents sont conviés en toute sécurité à l’observation du début de ce transit, qui est assez difficile en raison de la toute petite taille de Mercure, à partir de 16h30 et jusqu’au coucher du soleil 2h plus tard, sur le site d’observation qui sera installé exceptionnellement à la Pointe du Diable à Saint-Pierre, en espérant que la météo soit favorable.
(photo argentique scannée de Gérard Cavalli – transit de Mercure du 7 mai 2003)
Mercredi 13 novembre, le Lycée Roland Garros reçoit l’astrophysicien Jean-Marc Bonnet-Bidaud, du CEA de Saclay, pour une conférence intitulée « l’odyssée de la lumière« , organisée en partenariat avec l’Institut Confucius de La Réunion, les Amis de l’Université, Sciences Réunion et les lycées Pierre Lagourgue et de Bois dOlive. Outre ses travaux de recherche sur les derniers stades de la vie des étoiles et l’étude des astres denses de l’univers, Jean-Marc Bonnet-Bidaud est rédacteur pour la revue « Ciel et Espace » après l’avoir été pour « La Recherche ». Ses talents de vulgarisateur l’ont fait également concevoir des expositions et webdocumentaires particulièrement destinés aux lycéens. Il se passionne également pour l’histoire des sciences et notamment l’astronomie antique, ce qui l’a amené à écrire plusieurs ouvrages, dont « 4000 ans d’astronomie chinoise » qu’il relatera le soir-même sur le campus du Moufia, et des scénographies, comme « Premier matin du monde » qui sera présentée au grand public réunionnais au cours de la semaine : au Tampon mardi soir et au Musée Stella Matutina à Saint-Leu vendredi soir.
Les villages de la fête de la science s’installeront sur les campus de l’Université de la Réunion les 14 et 15 novembre au Moufia, ainsi que le jeudi 14 novembre à l’IUT de Saint-Pierre et le vendredi 15 novembre au Tampon, ainsi que sur la plage de l’Ermitage pour un évènement « récifs en fête » organisé par la Réserve Marine le WE des 16 et 17 novembre, sur le thème « la science au service de l’avenir » cette année.
C’est naturellement sur le campus du Tampon que l’atelier des deux infinis, qui participe comme exposant depuis 2015, présentera vendredi 15 novembre, et comme l’année dernière une animation intitulée « magnétisme et supraconductivité« , avec en particulier des expériences de lévitation mettant en jeu des matériaux supraconducteurs dans l’azote liquide, dont une totalement inédite à La Réunion.
Ce phénomène est à l’origine des trains à grande vitesse de nouvelle génération, notamment le Maglev au Japon, qui a surpassé le record mondial de vitesse détenu précédemment par le TGV, à plus 600 km/h. Mais ce qui est le plus intéressant, c’est que, dans un matériau supraconducteur, la résistance électrique est nulle et donc il n’y a donc aucun échauffement ni perte d’énergie. Hélas, pour le moment, pour obtenir cette propriété, il faut que le matériau soit refroidi en-dessous d’une certaine température, appelée température critique, généralement très basse, ce qui limite leur utilisation à des applications très spécifiques (par exemple les accélérateurs de particules) mais qui progressivement rentrent dans notre quotidien (IRM des hôpitaux par exemple). Certaines recherches récentes laissent imaginer désormais que des matériaux pourraient être supraconducteurs à température ambiante. Il sera alors probable à l’avenir que le transport d’électricité en particulier soit réalisé avec ces matériaux supraconducteurs, car cela conduirait à d’énormes économies d’énergie.
La science peut bien être en effet au service de l’avenir…