A la façon de Francis Ponge….

Vision poétique de la Réunion à la façon de Francis Ponge

 

 

Enseignante : Florence Mallet

Classe : 304 

 

L’huître

Le cageot

         L’huître, de la grosseur d’un galet moyen, est d’une apparence plus rugueuse, d’une couleur moins unie, brillamment blanchâtre. C’est un monde opiniâtrement clos. Pourtant on peut l’ouvrir : il faut alors la tenir au creux d’un torchon, se servir d’un couteau ébréché et peu franc, s’y reprendre à plusieurs fois. Les doigts curieux s’y coupent, s’y cassent les ongles : c’est un travail grossier. Les coups qu’on lui porte marquent son enveloppe de ronds blancs, d’une sorte de halos.

      A l’intérieur l’on trouve tout un monde, à boire et à manger : sous un firmament (à proprement parler) de nacre, les cieux d’en dessus s’affaissent sur les cieux d’en dessous, pour ne plus former qu’une mare, un sachet visqueux et verdâtre, qui flue et reflue à l’odeur et à la vue, frangé d’une dentelle noirâtre sur les bords.
      Parfois très rare une formule perle à leur gosier de nacre, d’où l’on trouve aussitôt à s’orner.

Francis Ponge – Le parti pris des choses (1942)

 A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu’au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu’il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l’éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d’être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques – sur le sort duquel il convient toutefois de ne s’appesantir longuement.Francis Ponge – Le Parti pris des choses – 1942

Le Bob ou bobre

Je ressemble à un arc, pourtant je n’ai pas de flèches.

Le pistachier et la calebasse, comme deux vieux copains, se sont retrouvés scellés en moi, c’est leur destin. Quand la baguette percute ma corde, ma calebasse répond et résonne

Avec très peu de notes, je sais faire danser et chanter ceux qui ont envie de vibrer avec moi

On peut me peindre ou me laisser naturel comme un arbre desséché

Avec mon physique de rigolo, je peux être tantôt mystique, tantôt enjoué, voire nostalgique selon l’humeur de mon interprète

Avec mes manières enfantines et amusantes, je ne suis pas compliqué à comprendre,

La guerre n’est pas pour moi : qu’importent vos couleurs, je suis l’alliance de la musique et de la paix.

Chaque ethnie du monde me veut, m’admire. Pourquoi tous ces regards ?

Je suis l’instrument le plus original et connu, je suis en clair le meilleur

Malia BEAUMARCHAIS 


Le bouchon

Petite Bouchée de viande cuite à la vapeur ou frite, celle-ci est un apéritif des plus insolites. Aromatisée au porc, à la sarcive, ou au poulet, on aime à l ’accompagner d’une sauce pimentée. Cette boule de viande a une texture très personnelle, qui, dès qu’on la tâte, notre appétit éveille. Mais quel est donc ce petit apéritif mollasson ? C’est bien évidemment notre favori : le bouchon !

Malgré sa docilité légendaire, (il se laisse cuire sans tenter de s’y soustraire), il sait se faire remarquer, car son ultime objectif est d’être avalé. C’est qu’il est sympathique, notre petit bouchon ! Somme toute, notre bouchon est un suiveur sans opinion.

À la cuisson, il répand une odeur caractéristique, qui met aussitôt notre estomac en mode critique, car de son parfum des plus affamants, il sait se faire désirer, et la fin de la cuisson espérer. Quand dans une simple baguette il est placé, en un pain bouchon il est métamorphosé, mais plus souvent surgelé, c’est de cette manière qu’il est le plus consommé. Dans la bouche, il est d’un délicieux fondant, comme son cœur, tout attendri, et quand on le touche, tout ramollissant, il mérite bien d’être servi.

Jules DELPY—ROYO 304


La canne à sucre

D’un vert teinté de zones violacées, elle domine les personnes et les régions,

Des champs à flanc de falaise ou sur les plaines, elle recouvre la Réunion.

Ses feuilles, bien plus étincelantes, au gré des vents, émettent un doux bruissement,

Et sont telles un hérisson au touché piquant.

Une fois coupée et pressée, une mer dorée s’en échappe, rafraîchissant ceux qui s’en gorgent.

Elle laisse place à un morceau sec et fibreux que les gens ont la bonne idée de mettre au feu.

Parfois farouche à l’idée de raconter son passé avec les ancêtres réunionnais, aujourd’hui, elle est fière de sa place au pays, et réconforte ses agriculteurs et consommateurs.

Ses vendeurs se disputent sur son prix, maintenant on la surnomme l’or roux de la Réunion.

Mahé MANSARD


Flamboyant

C’est dans la prestance de son orgueil ardent que se dresse le Flamboyant. Drapé de sa cape de feu, il incendie l’œil, rougeoyant d’étincelles cramoisies.

Dans sa tête piaillent et roucoulent les oiseaux à toute heure, ensevelissant sa conscience d’un feuillage de chants éclatants.

Sans doute, sont-ce ces chants incessants qui font saigner ses nervures robustes d’un sang sirupeux et poisseux … Sa tête explose de bruits en une parure vermeille florale.

Il pousse alors un cri inaudible, parle avec flamme en dansant avec le vent. Sa fougue florale éclate sur un linceul de verdure en écho à son éternité éphémère. C’est un véritable brasier qui vient consumer sa chaire si dure ; son inébranlable stoïcisme se tord de douleur et le Flamboyant disparaît dans un incendie couleur sang. Bientôt, le sol se recouvre de ses fleurs ardentes, il étend alors son branchage en un flegme végétal, dans l’attente de sa suivante résurrection flamboyante.

Jade BOURDEAU.


La Marmite

La marmite, toute de fonte faite, est ainsi d’une luisante constitution. Bien que de suie cou

verte, elle reste de simple composition. De métal pauvre et parfois létal, c’est son coût qui lui confère sa popularité sans égal. De sa traditionnelle poignée à son classique concept, c’est de la culture créole qu’elle se fait percept. D’un fameux chapeau, elle est dotée, que même la vapeur ne sait traverser. Bienveillant toutefois, le couvercle sait se montrer, car de sa volonté la vapeur peut s’échapper.

Pourtant la marmite n’est pas d’accord a vec son gris couvercle parce qu’elle se différencie sur son tempérament d’oracle. Si clémente avec la vapeur, c’est brûlante qu’elle se dévoile au pataud marmiton. Parfois hypocrite de sa colère abusive, c’est dans sa tête que mijotent ses réprimandes agressives. Mais sans haine qui l’encense, atone demeurera son existence.

P arfois bien bouillantes, elle sait nous rappeler des enseignements :

Il faut souvent lever le couvercle pour voir ce qui boue dedans.

Ethan Court


Le pilon

 

En pierre taillé ou en bois finement

t sculpté,

Il fera de vos aliments une pâte broyée ;

Vous devrez prendre en main son «kalou» accompagnateur

Et, sans frein, broyer avec ardeur.

Le pilon, haineux et colérique de nature,

Saura se montrer utile et serviable, vous pouvez en être sûr,

Il se chargera d’écraser ce qu’il contient, sans rechigner

Mais un pas de travers et il sera brisé!

De son aspect dur et rauque, il tient sa réputation;

Mais, lisse et apprivoisable, il l’est en réalité.

Présent dans chaque cuisine de la Réunion,

Il est le roi de cette culture nyoné.

Camille PROBST 304


Le samoussa

Dès
l’instant où
son pliage se finit,
le samoussa attend
patiemment de prendre
vie dans l’huile bouillante.
De la taille d’une paume de main,
vous le reconnaîtrez facilement grâce
à sa forme triangulaire et son bronzage doré.
Croustillant à l’extérieur et tendre à l’intérieur,
il saura vous surprendre avec ses nombreux caractères.
En
effet s’il
est plutôt mignon,
il vous fera fondre avec
du bon fromage, s’il a les
sommets dans les étoiles, vous
mangerez un samoussa poisson,
s’il est assez sociable il sera aux brèdes
et s’il aime bien vous faire des farces ce
sera forcément un samoussa à la viande.
Mais
n’ayez
point peur
de les manger
car tous ce qu’ils
attendent c’est d’être savourés

Julien Franche


La pierre volcanique

L’alliance entre la pluie et le temps l’a façonnée, lui a donné une esthétique multiple, capable d’inspirer les plus grands artistes. Elle sait émerveiller les novices, qui se perdent dans ses cavités pareilles à celles d’un emmental.

Impossible de la confondre avec de vulgaires cailloux : elle est assez résistante et tenace pour se retrouver dans nos cuisines et affûter nos couteaux, mais assez douce et affectueuse pour parer nos salles de bains.

D’un caractère dur souvent interprété comme assez brutal, en réalité, la pierre volcanique est une survivante, patiente et acharnée depuis des millénaires. Elle attend un évènement, un avènement ou un déluge que, seule, elle pourra voir grâce à sa détermination.

Ryan Cazajous


La vanille 

Star incontestée de la parfumerie moderne et de la pâtisserie, la vanille surprend par sa douce odeur.

Son arôme manque à certains, comme si elle voulait leur donner une certaine mélancolie.

Par son allure sombre, elle choque, mais sa robe noire l’habille d’une tendresse obscure.

La vanille aime se pavaner avec son air luxueux, et se vanter de sa popularité. Ce n’est pas une épice humble et modeste.

La vanille en a fait craquer plus d’un depuis leur enfance.

Pour en profiter, la production est longue et le plaisir dure quelques secondes.

Elle est omniprésente, on sait qu’elle est là.

Son caractère est aimé de tout le monde.

Inès AGEZ 


Olivine
Née des entrailles de la terre, et non des hauteurs verdoyantes, l’olivine apparaît
après les effusions de lave, dans de noirs rocs irréguliers. Rocs qui la protègent, telle
une carapace affûtée contre les dangers extérieurs que sont les collectionneurs.
Sa couleur d’espoir enjolive les plaines sombres, en une telle splendeur… On en
oublierait qu’elle n’est que l’involontaire résultat de notre implacable seigneur

respectable…

volcanique. Simple et fragile élégance sans éclat vaniteux, l’olivine est sans nul doute
la perle de ces lieux hostiles.
Car l’olivine sait rester elle-même, ne se perdant pas dans des rêves futiles ou
frivoles. Elle est -enclavée dans le basalte- l’humble base d’une île, et n’éprouve nul
besoin de s’en glorifier. Ce joyau prospère, sans lassitude de sa vie triviale et sans
usages superficiels – comme en usent l’émeraude, la moldavite ou la tourmaline.
L’olivine n’a de précieux que sa force de ne pas l’être et c’est là tout à fait

Éléonore Prudhomme 


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