De la lecture vers l’écriture :
Voici le début de imaginée par l ‘écrivain Gianni RODARI:
Un matin d’avril, vers six heures, dans une banlieue de Rome nommée le Trullo, les passants qui attendaient le premier autobus découvrirent dans le ciel un gigantesque objet circulaire de couleur sombre.
L’objet avait pris la place des nuages, à plus de mille mètres au dessus des toits. Il y eut quelques « Oh ! », quelques « Ah ! », puis quelqu’un cria : « Les Martiens ! »
Ce fut à la fois un signal et un mot d’ordre. Les gens se mirent à hurler et à courir de tous les côtés.
Des personnes apparurent aux fenêtres, imaginant quelque accident d’auto, et levèrent le nez au ciel… Un instant après, les volets claquaient, les stores retombaient, on dévalait les escaliers en criant : « Les Martiens ! Une soucoupe volante ! »
Une voix raisonnable se fit alors entendre :
« Ne dîtes pas de bêtises ! Ce n’est qu’une éclipse ! »
De fait, il eût pu s’agir d’une éclipse. La « chose » formait dans le ciel un grand trou noir tout entouré de bleu.
« Une éclipse ? répéta quelqu’un. Mais non ! C’est la fin du monde !
– Vous exagérez ! répondit l’autre. La fin du monde ne peut pas arriver comme cela !
– Pourquoi pas ? Vous voudriez peut-être qu’elle nous prévienne : attention, tel jour à telle heure tout va sauter ! »
C’est alors que le patron du café L‘Italie sortit de chez lui, s’essuyant les mains sur son tablier sale. Il leva les yeux au ciel…
Et voici maintenant notre proposition de suite :
… et vit la grande chose.
« Que se passe-t-il ? demanda-t-il d’un air étonné. Pourquoi criez-vous tous ?
– Attention, il y a un OVNI dans le ciel ! » lui répondit sa voisine.
Alors, voulant en avoir le cœur net, Francesco monta sur le toit de son immeuble, équipé de sa paire de jumelles. Puis il observa attentivement cette chose étrange.
Il remarqua d’abord ce qui ressemblait fortement à une pâte épaisse ; un coulis d’une couleur bleue marine la recouvrait : on aurait dit de la myrtille ! Puis en garniture, une chantilly, avec une cerise sur le haut.
Il comprit que ce n’était pas un OVNI ! C’était bel et bien une pâtisserie volante !
Et là soudainement un morceau de tarte à la myrtille lui tomba sur les jumelles. Francesco le sentit : c’était fruité et doux…. Du coup, il décida d’y goûter…
Il le prit entre les doigts, ouvrit grand la bouche… Et au moment de le croquer, il sentit comme un mouvement. Mais il l’avala sans plus réfléchir. Il ne s’était pas aperçu qu’un mini extra-terrestre bleu était caché à l’intérieur de la tarte : c’était le pilote de la fameuse soucoupe !
Il ignorait que l’extra-terrestre était passé dans son cerveau et qu’il allait prendre le contrôle de son corps et de son esprit.
Dans la matinée, il ressentit une grosse douleur à la tête et prit un comprimé. La douleur s’intensifiait de minute en minute. Exaspéré par le bruit de sonnette des entrées des clients, il finit par casser la sonnette et sortit la porte de ses gonds.
A midi, il prépara une pizza à base de feuilles de livres, de plantes d’ornement et de vers de terre ; il arrosa copieusement le tout de piment et le parsema de terre fraîche… A ses clients qui protestaient, il déclara qu’ils ne sortiraient de table que lorsqu’ils auraient mangé leur pizza… et il remit la porte en place !
Quand ceux-ci quittèrent le café, certains avaient perdu leurs casquettes, d’autres leur perruque, d’autres encore leurs lunettes ! Francesco les leur avaient tout simplement subtilisés…
A seize heures, il rédigea un panneau sur lequel était écrit « Café à vendre : 2,50€ » ; il se mit à danser avec l’écriteau dans les bras, au bord du boulevard. Un agent immobilier qui passait par là saisit la bonne affaire et lui fit signer l’acte de vente.
En quelques heures, notre patron de café venait de tout perdre…
Le soir, épuisé par toutes ces péripéties, il s’endormit sur un banc du jardin public de Trullo. Pendant son sommeil, vers minuit, une tarte aux pommes de taille moyenne le survola et se posa juste à côté du banc. Un autre extra-terrestre de couleur orangée en sortit. D’une voix douce, il appela : « Mon enfant, mon enfant, réponds à ta mère ! Où es-tu, mon petit ? Quelles bêtises as-tu faites encore ? Je te cherche depuis des heures ! N’oublie pas qu’on peut te voir depuis la maison .. et que demain tu as école ! Allez, hop, dans la soucoupe volante et je ne veux plus jamais te voir sur la Terre ! »
– « D’accord, répondit une petite voix, mais je ne sais plus comment sortir… »
– « Il ronfle, tu n’as qu’à sortir par sa bouche. »
C’est ainsi que l’extra-terrestre abandonna le corps de Francesco et son rêve de faire des bêtises durant toute sa vie terrienne.
Au petit matin, le bruit des camions poubelles réveilla Francesco. Il se demanda ce qu’il faisait ici et pourquoi il n’était pas dans son café, avec sa femme. Il se souvint alors de toutes les bêtises qu’il avait commises.
Il retourna en hâte chez lui et découvrit sa femme essuyant ses larmes devant la devanture du café.
Fort heureusement, celle-ci dès le soir même avait racheté le café.
Alors il répara ce qu’il avait cassé, repeint la façade et changea le nom du café qui s’appellerait désormais « Myrtille-mystère » !
Dyclan, Maëlly, Manon, Marie-Lorie, Hugo (603)