Dans le cadre d’une séquence de français sur Claude Gueux, de Victor Hugo, les élèves de 403 de madame Bourdais se sont initiés à l’art de la plaidoirie. L’enjeu était important : se dresser, comme Victor Hugo, contre la peine de mort et obtenir la grâce de Claude Gueux. La parole est à la défense !
Plaidoirie de Me GENSSE
Monsieur Le président, Mesdames et messieurs les jurés, je défends aujourd’hui un accusé nommé Claude Gueux, responsable de la mort de Monsieur Delacelle, chef des ateliers à la prison de Clairveaux. Je dois avant tous vous rappeler que la vie de Claude Gueux n’a été que souffrance et désolation. Pour nourrir sa famille il a dû sacrifier sa vie et aller en prison. De ce passage, vous n’avez que les faits généraux : il a tué un homme et a voulu se donner la mort. Alors à cause de cet acte vous, vous jurés, traitez Claude Gueux de monstre et pensez que son acte est ignoble ? Certes, mais ne pensez-vous pas qu’il n’est pas plus agréable de mourir que d’être torturé pendant quatre ans par des remarques et des gestes qui font basculer vers cet état de monstre, comme vous le dites ?
C’est pourquoi je vous demande : qui voulait seulement récupérer son ami ? Claude Gueux !
Qui a appris que sa femme était devenue fille de joie ? Claude Gueux ! Qui savait réellement se faire respecter par les autres prisonniers ? Claude Gueux ! Alors qui, qui était réellement le monstre ? Certainement pas Claude Gueux.
Alors maintenant, vous tous ci présents, mettez-vous à la place de Claude Gueux. Vous tous qui ne comprenez rien à ce qu’est que la pauvreté, imaginez juste ce que l’on ressent lorsque l’on perd sa femme, son enfant, son ami et même sa nourriture. Vous tous qui vous prétendez instruits, « civilisés », pensez-vous réellement que vous auriez tenu aussi longtemps que Claude Gueux ? Que vous auriez fait preuve d’autant de patience, d’autant d’altruisme ? Bien sûr que non. Pourtant lui a essayé la diplomatie. La violence était son dernier recours. Alors vous tous ici présents, prenez exemple sur Claude Gueux et retirez la peine de mort de votre liste de punitions.
Essayons maintenant de nous mettre à la place de Monsieur Delacelle. Pourquoi a-t-il changé Albin de prison, Albin, le seul ami de Claude Gueux ? Tout simplement car Monsieur Delacelle était un homme jaloux. Jaloux que, malgré tous ses efforts pour le briser comme le mettre au cachot ou lui apprendre que son enfant a disparu, ces efforts n’atteignaient pas Claude Gueux. Jaloux encore qu’un homme très bas dans la société, qu’un simple prisonnier, se fasse obéir davantage que lui, soit plus calme et plus réfléchi que lui. On comprend que Monsieur Delacelle était un homme jaloux et cruel et qu’une révolte n’aurait su tarder.
C’est pourquoi, enfin, j’implore votre clémence, mais surtout votre esprit de logique. Claude Gueux a voulu se tuer, il réchappe à la mort. Dieu lui-même s’oppose à sa mort ! Il voit le bon en lui ! Mais surtout, ne pensez-vous pas que vous deviendriez vous même des « monstres » en tuant Claude Gueux ? Bien sûr que si ! Le beau titre que vous portez, « représentant de la justice », ne rend pas l’acte de tuer acceptable ! Alors, puisque Claude Gueux a tant souffert, qu’il n’est jamais allé à l’école, aidons les plus faibles et montrons à Claude Gueux qu’il n’est pas nécessaire de tuer pour rendre justice. Gardons-le en vie !
Amandine Gensse, 403
Plaidoirie de Me HOARAU
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les jurés, je défends aujourd’hui un accusé nommé Claude Gueux, responsable de la mort de monsieur Delacelle , chef des ateliers à la prison de Clairvaux. Claude était un ouvrier ; il avait une famille qu’il aimait profondément, ce que ressentait également sa compagne envers lui. Ils étaient heureux ensemble, mais, comme beaucoup de gens du peuple, il avait été délaissé par l’école, par l’éducation. De ce fait, il ne pouvait avoir un travail bien payé et il dut voler pour se nourrir, lui et sa famille.
On en vient aux causes de notre présence ici : pourquoi Mme Delacelle et ses enfants se retrouvent sans mari ni père ? Eh bien, il y a une raison à tout ça : Claude était harcelé par monsieur Delacelle. Ce dernier était, certes, un bon mari, un bon père, mais aussi une mauvaise personne. Il était mauvais et tyrannique. Au lieu d’aider les prisonniers à se repentir, il aggravait leur cas, les faisant devenir des meurtriers. Monsieur Gueux en est la preuve.
Cet être horrible qu’était Delacelle était le bourreau. Il a tué monsieur Gueux en y laissant sa vie. Car bien plus douloureuses que les blessures physiques, les blessures morales peuvent tuer, et c’est ce qui est arrivé à ce pauvre Claude. Il a été provoqué. Vous allez me dire que c’est insensé, que monsieur Delacelle étant un représentant de la justice, n’aurait pu provoquer Claude sans raison. Eh bien si. Il le détestait car il n’était qu’à la place du souverain de droit quand Claude était le souverain de fait. Pourtant Claude, qui avait plus de pouvoir que lui dans le cœur des prisonniers, aidait monsieur Delacelle lorsque son autorité ne suffisait pas. Il avait donc, par le biais de Claude, tous les pouvoirs. Il a néanmoins provoqué Claude sans être lui-même provoqué.
Parmi les épines que plantait Monsieur D. dans le cœur de Claude, il y avait ses proches. Imaginez-vous à sa place : alors qu’il purgeait sa peine sans chercher d’ennuis, monsieur Delacelle vint lui annoncer avec un malin plaisir que sa bien aimée s’était faite fille publique et qu’on ne savait rien de son fils.
Maintenant, venons-en à Albin. Claude ne lui a pas volé sa ration mais l’a reçu de la part d’Albin. À la suite de ce premier échange, les deux hommes devinrent amis et Claude, qui avait un grand appétit fut rassasié. Mais monsieur Delacelle, apprenant cette amitié, décida de les séparer par pure méchanceté envers Claude. A partir de ce jour, Claude souffrit de plus en plus du manque de ses proches et de la famine. Et tous les jours il demandait Albin avec la politesse due au rang de monsieur Delacelle. Mais celui-ci l’ignorait, le tutoyait et lui répondait qu’il l’ennuyait.
La cause de tout ce malheur, mesdames et messieurs les jurés, c’est la société. Cette société qui préfère corriger, et mal corriger, plutôt que prévenir en éduquant le peuple.
C’est pourquoi je vous demande, mesdames et messieurs les jurés, d’épargner Claude Gueux car il n’est pas le seul coupable dans la mort, certes atroce, de monsieur Delacelle. La peine de mort est une peine injuste et barbare. Notre société mérite mieux que cela.
Alessandro Horau, 403
Plaidoirie de Me Roure
Monsieur le président mesdames et messieurs les jurés, je défends aujourd’hui un accusé nommé Claude Gueux, responsable de la mort de monsieur Delacelle, chef des ateliers à la prison de Clairveaux. Claude Gueux a volé du pain pour trois jours et a été condamné à cinq ans de prison. En prison il s’est fait un ami qui lui donnait du pain. Un jour monsieur Delacelle a séparé les deux amis. Pourquoi? Pourquoi monsieur Delacelle les a-t-il séparés ? Avaient-ils fait quelque chose de mal?
C’est ce que Claude Gueux a voulu savoir. Il a donc travaillé dur pour avoir une réponse, il s’est montré exemplaire. Mais voyez-vous Mesdames et Messieurs les jurés, monsieur Delacelle lui a manqué de respect et l’a humilié. Et après vous vous étonnez qu’il le tue ?
De plus, non seulement, monsieur Delacelle a manqué de respect à mon client, mais il l’a maltraité physiquement et moralement avec sa femme er son enfant. Trouvez-vous cela normal ? Trouvez-vous cela normal que mon client doivent se montrer exemplaire pour avoir une réponse?
Bien sûr l’acte de Claude Gueux est impardonnable. Mais est ce que monsieur Delacelle a été juste et bon avec lui ? Est-ce qu’il lui a dit pourquoi il l’avait séparé de son ami ? Monsieur Delacelle a-t-il été honnête avec mon client ? Pensez- vous que mon client ait pris du plaisir à tuer monsieur Delacelle ? Certes il l’avait prémédité mais monsieur Delacelle n’avait-il pas prémédité de le séparer de son ami ?
Mesdames et Monsieur les jurés, l’avocat de madame Delacelle a affirmé que Claude Gueux avait donné cinq coups de hache alors qu’il n’en a donné que trois avant d’essayer de se donner la mort. Pourquoi ? Parce qu’il savait qu’il allait être condamné à mort.
Monsieur le juge, mesdames et messieurs les jurés, je vous conjure d’épargner mon client. Il doit certes être puni pour son acte mais je vous en ai expliqué les circonstances. Il ne mérite pas la mort.
Héloïse Roure, 403