L’HISTOIRE DU COLLÈGE
Le 6 octobre 1934, est créé à Saint-Denis de la Réunion par décret du Gouverneur Choteau le premier Cours Supérieur des filles à la Réunion, baptisé « Cours Juliette Dodu » du nom de l’héroïne réunionnaise de la guerre de 1870. Il est alors installé dans une vieille maison située à l’actuel emplacement de la bibliothèque départementale.
En 1937, un nouvel ensemble de bâtiments de style colonial confié à l’architecte Antoine Telmard sort de terre entre les actuelles rues Juliette Dodu, Roland Garros, Sainte-Marie et Jean Chatel. Construit sur le terrain du premier projet de cathédral à Saint-Denis (la « cathédrale cassée »), l’ensemble comprend l’École normale (côté rue Roland Garros), le Cours Supérieur des filles (angle des rues Juliette Dodu et Sainte Marie) et la Bibliothèque coloniale (angle des rues Jean Chatel et Rolland Garros).
En 1942, le Cours supérieur de filles devint le Lycée Juliette Dodu pour jeunes filles, pendant féminin du Lycée d’État Leconte de Lisle pour garçons (actuel collège de Bourbon). A cette époque, le lycée Juliette Dodu comptait 10 classes et 212 élèves.
En 1963, le bâtiment colonial de l’École normale est détruit au profit d’un internat (actuel bâtiment B) et d’un gymnase (le premier à Saint-Denis) sur les fondations de la cathédrale cassée. En 1965, l’établissement est élevé au rang de « Lycée d’État » et se voit agrandi d’un nouveau bâtiment le long de la rue Sainte-Marie (actuel « A65 »).
En 1968, la création des collèges en France et la construction de la cité scolaire du Butor donne naissance à l’actuel lycée Leconte de Lisle. L’établissement Juliette Dodu est alors transformé en collège et adopte la mixité à la rentrée 1975.
Qui est Juliette Dodu ?
Juliette Dodu, première femme décorée de la médaille militaire et de la Légion d’honneur à titre militaire
Juliette Dodu est née à Saint-Denis-de-la-Réunion le 15 juin 1848. Après le décès de son père et le remariage de sa mère elle suit sa famille qui déménage pour l’hexagone. De nouveau veuve, sa mère obtient la direction du bureau de télégraphie à Pithiviers dans le Loiret. A l’âge de seize ans, la jeune Juliette devient télégraphiste auxiliaire aux côtés de sa mère.
Lors de la Guerre de 1870, la petite ville de Pithiviers est occupée par les Prussiens qui prennent possession du bureau du télégraphe. Depuis sa chambre au-dessus du bureau, Juliette installe une dérivation sur les lignes télégraphiques et intercepte les messages des prussiens qu’elle transmet aux troupes françaises. Découverte et arrêtée par les Prussiens, Juliette Dodu est condamnée à mort avant d’être sauvée par la signature de l’armistice.
Elle fut décorée de la médaille militaire en 1877 et de la Légion d’honneur à titre militaire en 1878. Le 6 octobre 1934, le nom de Juliette Dodu est donné au Cours Supérieur des filles, avant de devenir Lycée d’État pour jeunes filles puis le collège mixte que l’on connait aujourd’hui.
Qui est Marguerite Jauzelon ?
Marguerite Jauzelon, Réunionnaise, institutrice et résistante
Marguerite Jauzelon est née le 25 juillet 1917 à Ravine-Creuse dans la commune de Saint-André de la Réunion. En 1937, elle est admise à l’École Normale de Saint-Denis qui fait partie de l’ensemble architectural du Cours Supérieur des filles Juliette Dodu tout juste construit.
En novembre 1942, le contre-torpilleur Le Léopard des Forces Françaises Libres du général de Gaulle débarque à la Réunion pour la libérer de l’autorité du gouverneur Aubert fidèle au Maréchal Pétain.
En novembre 1943, Marguerite Jauzelon, alors jeune institutrice à Sainte-Suzanne, décide de tout quitter pour s’engager dans les FFL et rejoindre la Résistance extérieure. Après six mois de formation militaire et médicale à Madagascar, elle est envoyée en Afrique du Nord comme ambulancière de guerre et incorporée dans la Première Armée Française du général de Lattre de Tassigny. Le 14 juillet 1944 elle défile devant le général de Gaulle à Alger avant de participer au débarquement des troupes alliées en Provence le 15 août. A partir de là, Marguerite Jauzelon fut de tous les combats de la Première Armée Française le long de la vallée du Rhône, dans les Vosges, en Alsace et jusqu’à la victoire en Allemagne le 8 mai 1945.
En 1946, Marguerite Jauzelon, démobilisée de l’Armée Rhin et Danube, est de retour à la Réunion et reprend en toute modestie sa vie paisible d’institutrice.
Le 30 août 2002, elle est élevée au rang de Chevalier de la légion d’honneur à titre militaire et, en 2018, à la demande des élèves du collège Juliette Dodu, elle accepte que son nom soit donné à la grande salle de réunion de son ancien établissement lors d’une journée de cérémonie mémorable.
Depuis, chaque année, les élèves de 3ème du collège organisent une exposition en l’honneur de celle qui était devenue leur marraine à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
Madame Marguerite Jauzelon nous a quitté le 9 février 2023 à l’âge de 105 ans. Quelques mois plus tard son nom a été donné au lycée de Bellepierre à Saint-Denis de la Réunion.