Site du collège de Roquefeuil

EN HISTOIRE

Camille Joseph de Roquefeuil-Cahuzac

Le mont Roquefeuil et son collège tirent leur nom du navigateur et explorateur français Camille Joseph de Roquefeuil-Cahuzac, branche cadette des Roquefeuil-Blanquefort.

Né à Cahuzac-sur-Vère en 1781, Camille fut très tôt attiré par la mer. Sa carrière dans le commerce maritime l’emmena dans l’Océan Indien. Après un bref séjour sur l’île de France (île Maurice), il s’engagea, à 21 ans, dans la marine de guerre. Sa participation à plusieurs opérations militaires, notamment à Madagascar, se vit récompenser par la légion d’honneur et le grade de lieutenant de vaisseau. En 1810, à 29 ans, il entra dans la marine marchande après avoir convaincu la famille Balguerie d’armer « Le Bordelais » pour le commerce. Ensemble, ils souhaitaient ouvrir une nouvelle route commerciale  entre la France, l’Alaska et la Chine. Il lui fallait échanger des armes et des étoffes contre des fourrures de loutres de mer en Alaska, puis contre du bois de santal à Hawaï et revendre cette marchandise en Chine afin d’y acheter du thé, de la cannelle et d’autres produits. Son tour du monde commença alors en octobre 1816.

 Dans son livre « Journal d’un voyage autour du monde » en 2 tomes*, il narra les étapes, les aventures et les mésaventures de son voyage qui lui firent découvrir, avec 34 hommes d’équipage, la Terre de Feu et le Cap Horn, Valparaiso, Callao, Lima, les îles Galapagos, la Californie et San Francisco puis la baie de Nootka. Malheureusement, les Anglais et les Américains y avaient déjà achetés toutes les peaux de loutres de mer. Camille décida alors de faire route vers les Marquises et la colonie russe de Nouvelle-Archangel (Sitka) pour y chasser l’animal. Après avoir été attaqués, lui et ses chasseurs de loutres de mer, par les autochtones de Kowalt, il reprit son voyage vers les îles de la Reine Charlotte et du Prince de Galles. De retour à Nootka, il fit voile vers les îles Sandwich et relâcha sur l’île « Waoho » (Hawaï) où il fut accueilli par le roi « Taméaméa » (Kaméhaméha Ier). Il y obtint du bois de santal contre des fusils. Des îles Sandwich, il fit cap sur la Chine où il jeta l’ancre, en 1819, à Macao, pour faire commerce. Il y vendit sa cargaison et, avec l’argent obtenu, il acheta du  thé, du sucre, de la cannelle et du vermillon. À contre-mousson, il reprit son voyage vers l’île de France puis le cap de Bonne-Espérance et rentra à Bordeaux après 3 ans et un mois de voyage. Il fut alors décoré de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis. Toutefois, ce tour du monde ne fut pas une bonne affaire pour l’armateur. Les marchandises obtenues en Chine ne suffirent pas à rembourser l’expédition.

N’ayant pas été réintégré dans la marine de guerre, il devint par la suite directeur militaire du port de Bordeaux. Nommé capitaine au long cours en 1822, sur « L’Entreprenant » dans la marine marchande, il fit cap sur l’Océan Indien pour l’île de France et le Bengale : époque à laquelle son journal fut publié par son frère. Puis il séjourna sur l’île Bourbon (île de La Réunion). Il y devint capitaine du port de Saint-Paul et se maria avec Emilie Lavergne-Dennemont. Il mourut en 1831, à l’âge de 50 ans.

Quelques extraits de son journal de bord pour l’envie de lire…

« Par le 40e degré, les brumes commençaient à paraître d’abord peu épaisses ; la mer était quelquefois décolorée et souvent couverte de frai de baleines. On vit la première baleine par 34 degrés, ainsi que le premier Albatros. Nous rencontrions beaucoup d’algues, d’abord courtes et formant des grappes, et plus au Sud d’une longueur considérable et de la classe des fucus. Dans les calmes que nous éprouvâmes après coupé le tropique Sud, le petit canot fut plusieurs fois mis à la mer pour chasser les tortues qui se montraient en grand nombre du 30e au 35e degré de latitude. Nous n’en prîmes que trois, pesant deux cents livres. Une était verte et les deux autres de l’espèce appelée couane. »

Extrait du journal, à proximité du Brésil (Tome premier)

« Les insulaires des Marquises ont une sorte de superstition respectueuse pour la chevelure ; j’ai vu une femme ramasser avec soin et avaler quelques cheveux qu’elle avait aperçu par terre. Ross me dit que c’était leur coutume : ils ne veulent pas que les étrangers touchent les cheveux de leurs enfants, ni qu’on passe la main sur leur tête. Quand des amis se rencontrent, ils se frottent nez à nez ; mais c’est un témoignage d’amitié qu’ils se donnent peu fréquemment, et je n’ai reçu cette faveur-là que de mon ami Roki. »

Extrait du journal, sur les îles Marquises (Tome premier)

« Après avoir fait deux ou trois cents pas, je me croisai avec un Indien, qui s’arrêta un instant, en se détournant un peu pour me faire place, et me dit en souriant quelques mots que je ne compris pas et auxquels je ne pus répondre que d’un signe de tête. Un bâton était sa seule arme apparente. Quelques minutes après, mon attention fut réveillée par un coup de feu parti du côté du camp, et que je crus d’abord avoir été tiré par les Kodiaques, qui le matin s’étaient exercés au pistolet ; mais ce premier coup fut aussitôt suivi d’une décharge, après laquelle le feu, quoique moins nourri, fut entretenu avec vivacité. Jugeant alors que ce ne pouvait être qu’une attaque des Indiens, mon premier mouvement fut de tourner vers le camps. »

Extrait du journal, dans la baie de Nootka (Tome second)

Je veux lire ou parcourir les carnets de bord par moi-même…

* Disponibles gratuitement en ligne, domaine public.


Bibliographie :

  • De Roquefeuil Camille, « Journal d’un voyage autour du monde, pendant les années 1816, 1817, 1818 et 1819, Camille de Roquefeuil, lieutenant de vaisseau, chevalier de Saint-Louis et de la Légion-d’Honneur, Commandant le navire le Bordelais, armé par M. Balguerie Junior, de Bordeaux », Imprimerie de Lebel, imprimeur du Roi, Paris, 1823, Tome premier et tome second.
  • Département de La Réunion, « Collège Roquefeuil, de nouvelles portes vers la réussite », Dossier de presse, Jeudi 29 septembre 2022.

Sitographie :

Illustrations : 

  • Carte et mappemonde : De Roquefeuil Camille, « Journal d’un voyage autour du monde, pendant les années 1816, 1817, 1818 et 1819, Camille de Roquefeuil, lieutenant de vaisseau, chevalier de Saint-Louis et de la Légion-d’Honneur, Commandant le navire le Bordelais, armé par M. Balguerie Junior, de Bordeaux », Imprimerie de Lebel, imprimeur du Roi, Paris, 1823, Tome premier et tome second.
  • Le Bordelais : capture d’écran du reportage de France 3 sur l’exposition du bicentenaire du voyage du navire « Le Bordelais » de Camille de Roquefeuil, armé par Jean-Etienne Balguerie, 2020, Musée de l’Histoire maritime de Bordeaux.