Sélectionner une page

Conseils : La question sur corpus vous demande de comparer tous les textes du sujet autour d’un thème donné. Elle doit être entièrement rédigée et structurée en paragraphes (introduction, développement et conclusion). Elle est notée sur 4 points en série générale. En série technologique, il y a deux questions notées sur 6 points. Il est bon d’y consacrer une heure à une heure quinze sur la durée totale du devoir et de ne pas rédiger plus de deux pages (pour garder assez de temps pour le sujet au choix)

Objet d’étude : La question de l’Homme dans les genres de l’argumentation du XVIIe à nos jours

Corpus : Jean de la Fontaine, Fables, Livre I (1668)

Question : Montrez que les personnages des Fables sont des êtres opposés.

Texte 1 – Les deux Mulets ( I,4)


Deux Mulets cheminaient ; l’un d’avoine chargé ;
L’autre portant l’argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d’une charge si belle,
N’eût voulu pour beaucoup en être soulagé.
Il marchait d’un pas relevé,
Et faisait sonner sa sonnette ;
Quand, l’ennemi se présentant,
Comme il en voulait à l’argent,
Sur le Mulet du fisc une troupe se jette,
Le saisit au frein, et l’arrête.
Le Mulet, en se défendant,
Se sent percé de coups, il gémit, il soupire :
Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ?
Ce Mulet qui me suit du danger se retire ;
Et moi j’y tombe, et je péris.
Ami, lui dit son camarade,
Il n’est pas toujours bon d’avoir un haut emploi :
Si tu n’avais servi qu’un Meunier, comme moi,
Tu ne serais pas si malade.

Texte 2 – La Grenouille qui veut se faire

aussi grosse que le Boeuf (I,3)

Une Grenouille vit un Boeuf
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n’était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s’étend, et s’enfle, et se travaille,
Pour égaler l’animal en grosseur,
Disant : « Regardez bien, ma soeur ;
Est-ce assez ? dites-moi ; n’y suis-je point encore ?
– Nenni. – M’y voici donc ? – Point du tout. – M’y voilà ?
– Vous n’en approchez point. « La chétive pécore
S’enfla si bien qu’elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
Tout petit prince a des ambassadeurs,
Tout marquis veut avoir des pages.

Texte 3 – La Cigale et la Fourmi (I,1)

La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
– Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’août, foi d’animal,
Intérêt et principal.
La Fourmi n’est pas prêteuse ;
C’est là son moindre défaut.
– Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
– Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
– Vous chantiez ? j’en suis fort aise :
Et bien ! dansez maintenant.

 

 

Proposition de réponse :

     Jean de la Fontaine est un fabuliste classique français du XVIIe s, connu principalement pour ses Fables à Monseigneur le Dauphin, fils du roi Louis XIV. Dans « Les deux Mulets », « la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf » et « la Cigale et la Fourmi », il nous présente des personnages opposés, physiquement ou dans leurs attitude, mais aussi dans leurs discours. [Introduction : présentation auteurs/extraits/question/idées de réponse]

     Tout d’abord, les personnages s’opposent physiquement ou dans leur attitude. La Grenouille est comparée à un « oeuf » au vers 3, alors que le Boeuf, celui qui est envié, est de « belle taille » au vers 2. Les Mulets, eux, ne sont pas opposés physiquement car ils sont de la même espèce mais par leur charge, l’un « d’avoine chargé », l’autre fier d’avoir de l' »argent ». Ils sont antithétiques car leur charge et leur attitude détermineront leur sort. Et à la fin, l’un restera physiquement debout alors que l’autre sera à terre : « j’y tombe », vers 15. Enfin, la Cigale s’oppose à la Fourmi par son attitude, car elle ne travaille pas du tout. La négation « pas un seul petit morceau » au vers 5 prouve qu’elle paie l’absence de travail, une fois l’hiver venu. [Première idée / exemples pris dans chaque texte + analyse des procédés littéraires employés]

     Ensuite, les personnages s’opposent car une rivalité verbale naît entre eux. Le discours direct permet à un personnage d’appeler et à l’autre personnage d’argumenter. Un des Mulets se plaint au vers 13 en employant une phrase interrogative (« Est-ce donc là, dit-il, ce qu’on m’avait promis ? ») puis l’autre argumente et en profite pour placer la morale : « Il n’est pas bon d’avoir un haut emploi », vers 17. La Cigale, elle, demande de l’aide et fait des promesses au futur : « Je vous paierai », vers 12. Mais la Foumi refuse, elle pense au présent : « dansez maintenant ». La seule qui n’a pas le temps de se plaindre, car elle explose, est la Grenouille, qui parle, non au Boeuf mais à sa « soeur », pour qu’elle atteste qu’elle est aussi grosse que ce Boeuf, toujours à l’aide de phrases interrogatives : « M’y voilà ? ». En vain. [Deuxième idée / exemples pris dans chaque texte + analyse des procédés littéraires employés]

     Donc, les personnages de La Fontaine sont souvent opposés physiquement, dans leur attitude ou dans leurs prises de paroles. Les titres des fables reprennent d’ailleurs souvent les noms des deux personnages opposés car de cette opposition naît tout l’enjeu de la morale. [Conclusion : réponse à la question posée]