Jeudi 27
C’est la fin. Ca y est. Ce soir on rentre. Je crois que Sens est content de se débarrasser de nous. Pour la première fois, le ciel est magnifique.

On ne comprend pas, malgré ce ciel radieux, on gèle comme pas possible.

Ah, ok, on comprend. Ressenti -2. On a hâte de retrouver la boisson chaude du petit déjeuner. C’est détendu ce matin. Tout le monde ouvre les vannes. Pas la bonne expression, mais c’est la seule qui vient avec le mot « vanne », et ce mot est de circonstance.
Les élèves doivent être prêts à 8h45 pour prendre la navette et aller à la gare. A 8h44 je frappe à la porte des filles : « Monsieur on n’est pas prêtes ! » Oups… Je vais à la chambre des garçons, et j’entends carrément l’eau qui coule dans la salle de bain. Devinons qui est encore à la douche… Une demi-seconde de réflexion nous amène à la conclusion logique : Léo. Comme toujours, il prend son temps. On tourne en rond en attendant, mais on finit par partir.
Notre chauffeur préférée nous amène à la gare. On arrive un peu avant 9h29. On entre dans le train. Il est blindé. Les élèves vont chercher une place. Les profs restent à côté des valises. Durant le trajet, on aperçoit les plans qui se dessinent. Je reçois un message de Léo : « Monsieur, on peut aller là ? » « Et ça, ça va ? »


Bon, il va falloir revoir l’appréciation des distances parce que là les calculs ne sont clairement pas bons : il veut nous emmener loin de l’aéroport… Heureusement, nous avons la solution à leurs angoisses de fièvre acheteuse. Un centre commercial à proximité de Charles de Gaulle. Les profs ont pensé à tout. Il y a même un magasin Timberland là-bas. Léo est rassuré.
On arrive à Paris, mais il faut encore traverser la ville. Maurane a une envie pressante. Mais le métro n’attend pas, et les toilettes sont rares dans les couloirs. Elle fait encore une fois preuve d’un grand courage pour tenir jusqu’à l’aéroport. C’est une vraie championne !
Petite liaison par bus, et hop, nous voilà arrivés dans un nouveau temple de la consommation. C’est l’heure de manger… On finit au MacDo : endroit le plus rapide et simple pour enchaîner le shopping au plus vite. Les profs surveillent les valises à la table, pendant que les élèves agrandissent le trou dans leurs portefeuilles.

Tout le monde revient avec un petit quelque chose. Léo revient carrément avec 5 centimètres de plus et habillé différemment. Les nouveaux vêtements auraient été trop lourds dans la valise… Les filles ramènent des « fortune cookies » : on ne me l’a fait pas à moi ! Ces trucs là n’ont rien à voir avec des cookies !!! Mais il y a une petite prophétie dedans. Et ça c’est drôle.
La prophétie de Léo remporte la palme de la justesse : elle parle de prendre son temps pour réussir. Ca ne s’invente pas…
16h : Déjà l’heure de retourner à l’aéroport. On fait la queue pour enregistrer : les vols vers La Réunion sont toujours les seuls à avoir une file interminable. Bon, au moins, on a l’habitude d’attendre maintenant.
On laisse aux élèves quartier libre au duty free, ils ont encore des sous à dépenser. Je découvre l’existence des fleurs en légo… En plus ça coûte un bras.
En approchant de notre porte d’embarquement, la séquence nostalgie commence pour Maurane : Elle ne veut pas rentrer. Le message sur le mur fait son petit effet :

Il faut attendre. Il y a des PS5. Alors, comme des enfants, on joue. J’écrase Léo à Gran Turismo, Arthur montre encore un nouveau talent et ne laisse aucune chance à Shanee. De quoi patienter jusqu’à l’embarquement qui débute avec quelques minutes de retard.

Chaque étape devient une épreuve pour Maurane. Du coup, elle devient une cible facile : chaque phrase déclenche des torrents d’émotions dans tous les sens. Elle me lâche même un terrible « Monsieur, je vous aime plus ! » qui me fend encore le coeur.
Le vol se passe bien. Tout le monde dort plus ou moins. Il y avait bien de la fatigue. De la bonne fatigue. Le petit déjeuner surprend encore par sa légèreté.

On arrive légèrement en avance. On sent la chaleur. Ca change. Les élèves récupèrent leurs affaires dans le sac de M. Allane et ma valise. On sort.
Il fait beau. On repère immédiatement les sourires des parents. Les jeunes n’ont plus besoin de nous. Les émotions sont partagées. Les mots sont simples et pleins de gratitude.
Ca y est, c’est fini. Il n’y a plus de voyage. Plus de championnat. Il ne reste que des champions.
Les souvenirs, l’expérience partagée, les rencontres qu’ils ont faites, les liens qui se sont renforcés. A jamais, il leur restera ça.










