Pour la troisième fois, nous Terminales HLP nous avons participé au concours la Flamme de l’égalité.
Grâce à notre court-métrage : “De Mahavel à Riambel : zistoir Kala”, nous avons remporté le 3ème prix académique.
Pour mener nos recherches, nous avons visité les Archives départementales où nous avons consulté des documents authentiques sur des procès d’esclaves, notamment celui de Furcy, le premier esclave réunionnais à attaquer son maître en justice.
Nous avons aussi visité les Lazarets de la Grande Chaloupe. Lors de la visite du Lazaret II, Edson Mercher, notre guide nous a replongé dans ce lieu de confinement. Il a souligné la différence de traitement entre les voyageurs européens aisés qui bénéficiaient de plus de confort et les travailleurs indiens qui ont été hébergés dans des conditions sanitaires très difficiles.
La révolte de la ravine des Poux a également attiré notre attention. En 1811, Eli et d’autres esclaves organisent la révolte alors qu’ils effectuent les corvées d’eau au Bassin Missouk, à la Ravine du Trou à Saint-Leu. En novembre, l’unique révolte d’esclaves dans l’île est sévèrement réprimée.
25 révoltés sont tués, les autres seront envoyés en prison avant d’être condamnés à la décapitation. Nous avons pu visiter le monument qui rend hommage aux esclaves révoltés.
Nous décidons de faire référence à cette révolte dans notre scénario.
Le point de départ de notre scénario est cette citation de Noémie, l’héroïne de Riambel.
« Je suis l’arrière-petite-fille issue d’un viol de plantation. Mon noir d’ébène- légèrement-plus-clair présente une nuance. Je suis la fille d’esclaves créoles et de quelque chose de bien plus sinistre.»
Nous avons ainsi décidé de nous placer du point de vue des femmes pour développer la thématique du concours : « Résister à l’esclavage : survivre, s’opposer, se révolter ».
Voici le synopsis de notre court-métrage : de Mahavel à Riambel : zistoir Kala :
Pour les femmes esclaves de Mahavel en 1811, il s’agit de survivre à la convoitise du maître et au viol.
Pour Kala, l’apprentissage de la lecture, grâce à Anna la fille du maître,est une première étape vers l’émancipation. Elle tente de s’opposer à son destin qui la condamne à l’ignorance et à la soumission.
L’avortement est un acte atroce de résistance qui conduira Kala à la folie.
La révolte d’Héva contre les violences insoutenables subies par Kala sera réprimée dans le sang comme la Révolte des Poux à laquelle elle voulait se joindre.
Nous avons pu tourner une scène dans la minoterie qui fabrique de la farine de Maïs. Mme Sandrine Barencourt nous a expliqué son utilisation et sa restauration. Les élèves ont apprécié ce moment d’histoire qui apporte encore plus d’authenticité à notre film. Mme Payet et moi-même avons pu discuter avec Mme Barencourt, spécialiste du patrimoine réunionnais de la nécessité absolue de restaurer et de faire connaître ces lieux de mémoire.
Nous avons vécu grâce à ce projet une expérience pédagogique et humaine très forte qui a su créer des liens au sein du groupe. Nos élèves nous ont impressionnées, Mme Payet et moi, dans leur manière de s’approprier le projet et de s’y investir. La découverte du Vieux Domaine et le tournage ont été un moment très fort en émotions… En fou-rire aussi !
Nous avons pu visiter des lieux de mémoires importants et pour les Lazarets et le Vieux Domaine mal connus.
Comme l’ont bien exprimé les actrices et les acteurs : redonner vie aux personnages de cette époque sombre de l’histoire de la Réunion nous a permis de mieux nous rendre compte de ce qu’ils ont vécu.
Avec Riambel nous avons pu faire le lien avec l’histoire de l’esclavage à Maurice qui demeure encore aujourd’hui un tabou. Le travail de mémoire n’est pas encore mis en place.
Nous sommes fiers du résultat. Notre film est le reflet de notre collaboration et notre implication sans faille. Nous avons voulu redonner la voix aux femmes et montrer leur capacité à survivre, résister et se révolter. Nous remercions une fois encore Priya Hein qui nous a inspiré ce choix.
Voici les liens vers le court-métrage : “de Mahavel à Riambel : zistoir Kala”
et la bande originale du court-métrage. Cette chanson a été écrite, mise en musique et interprétée par Antoine Juan. Son titre : “Nout flamm kréol“.
Sophie Héliès