Le Prix Roman Métis des Lycéens 2020 au lycée Louis Payen

Couv

Prix Roman Métis des Lycéens 2020: 4 romans de littérature francophone récents à lire et élire de septembre à février 2020: 205 avec M. Seba et Mme Ragenard

Les élèves de 205 du Lycée Louis Payen ont participé à la présentation à la presse des 4 romans sélectionnés ce mardi 8 décembre 2020 à 10h au CDI.

La conférence de presse a été ouverte par Philippe Vallée, président de La Réunion des Livres, en présence de Peggy Loup Garbal, attachée de presse de la LRDL, d’un journaliste du Quotidien, des différents partenaires de l’opération, Marie-Jo Lo-Thong, représentant le Ministère de la Culture (DRAC), Gilles Broyes, représentant le Rectorat de La Réunion (DAAC), le directeur du Rotary club de Saint-Denis, et, pour la première fois, d’une autrice en lice pour le Prix roman métis des lycéens 2020, Caroline Laurent.

Cette jeune écrivaine est à l’image de son livre, lumineuse et passionnante, elle a pris plaisir à échanger avec les élèves sur son roman, Rivage de la colère, et les élèves en retour ont su lui poser des questions intéressantes,  parfois naïves, mais toujours pertinentes !

Caroline Laurent est franco-mauricienne. Après le succès de son livre co-écrit avec Evelyne Pisier, Et soudain, la liberté (Les Escales, 2017 ; Pocket, 2018 ; prix Marguerite Duras ; Grand Prix des Lycéennes de ELLE ; Prix Première Plume), traduit dans de nombreux pays, elle signe son nouveau roman Rivage de la colère. En parallèle de ses fonctions de directrice littéraire chez Stock, Caroline Laurent a été nommée en octobre 2019 à la commission Vie Littéraire du CNL. (Source Les escales).

Caroline Laurent a dédicacé son ouvrage pour les élèves de Louis Payen:

Avec ce 2e roman, Caroline Laurent, dont la mère mauricienne lui racontait avec indignation comment les habitants des îles Chagos avaient été brutalement exilés, veut rendre justice aux Chagossiens qui se battent toujours pour leur archipel. Elle livre sous forme de tragédie moderne, en 5 parties, une histoire d’amour magnifique et poignante entre Marie la belle Iloise et Gabriel le Mauricien au fin profil d’oiseau.

Situé dans l’archipel des Chagos rattaché à l’île Maurice, le roman restitue un drame historique méconnu et une lutte qui reste vive cinquante ans après. En effet, lorsque Maurice accède à l’indépendance après 158 ans de domination britannique, les Chagos sont détachés de Maurice et l’île de Diego Gracia est « louée » par les Anglais aux Américains qui souhaitent y installer une base militaire. L’archipel est donc vidé de ses habitants qui seront déportés, en 1971, pour la plupart à Maurice, dans des conditions indignes. 

Ce drame est d’ailleurs préfiguré dès les premières pages par le massacre d’un bœuf auquel assiste Gabriel à peine débarqué sur Diego Garcia. Massacre pour Gabriel, horrifié par les giclements de sang et les cris de l’animal, providentiel apport de viande fraîche pour les Ilois, pour Marie, Marie dont le surnom étonne et amuse les élèves, “Maris-Gros-Pieds”, Marie qui va partout pieds nus, femme libre et insoumise, victime elle aussi mais qui se battra jusqu’au bout avec dignité.

L’autrice a choisi des personnages beaux et forts pour incarner ce drame, sous forme de roman plutôt que dans un article ou un blog sur internet, afin que la dimension plaisir de lire soit possible, dimension très importante afin de sensibiliser davantage les lecteurs. Bien sûr, comme le lui faisaient remarquer des élèves, internet permet de toucher davantage de gens, mais elle voulait écrire une tragédie, humaine, sociopolitique et amoureuse, qui donne tout son pouvoir aux mots:  les Chagossiens avaient les sentiments justes mais la plupart ne savaient ni lire ni écrire, ils n’avaient pas les mots. 

Aux élèves sidérés qui lui demandaient “Mais pourquoi on en parle pas dans les médias ?”, elle a répondu que d’une part les Britanniques et les Américains n’avaient aucun intérêt à ce qu’on en parle “trop”, et que d’autre part encore fallait-il, même si on en parlait, que cela résonne aux oreilles d’un public non initié, connaissant à peine, ou pas du tout, l’existence des Chagos. Peu d’élèves et de Réunionnais en général sont au courant de ce drame alors que l’archipel est dans l’océan Indien, pas si loin de nos côtes!.

La lutte est toujours d’actualité. Les élèves étaient contrits d’apprendre que les Chagossiens n’avaient toujours pas pu revenir dans leurs îles. En janvier 2020, Maurice a annoncé la possibilité de porter plainte contre les responsables britanniques pour crime contre l’humanité, et le 25 mai 2020, une nouvelle carte publiée par l’ONU a fait apparaître l’archipel comme territoire mauricien. Affaire à suivre. Avec Caroline Laurent elle-même peut-être, si elle revient à La Réunion l’année prochaine, à l’occasion de la sortie, pourquoi pas, d’un troisième roman !

Article paru dans Le Quotidien du mercredi 09/12/2020

Pour sa 10ème édition, le Prix du Roman Métis des Lycéens mobilise des élèves de 7 lycées réunionnais : Paul Moreau (Bras -Panon) avec Fabienne Noguero-Lachery, Moulin Joli (La Possession) avec Cécile Renard, Louis Payen avec Maryline Ragenard et Maison Blanche (Saint-Paul) avec Stéphane Botte,  Antoine Roussin avec Olivia Hoarau et Roches Maigres (Saint-Louis) avec Linda Babef, Vincendo (Saint-Joseph) avec Martine Seusse. La réunion du jury lycéen est prévue le 4 février 2021 à l’Ancien Hôtel de Ville de Saint-Denis.

Le jury du Grand Prix du Roman Métis a annoncé le 1er septembre 2020 la sélection du Prix du Roman Métis des Lycéens 2020 :
Les petits de Décembre, Kaouther Adimi (Seuil)
Rivage de la colère, Caroline Laurent (Les Escales)
Un montre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem (Gallimard)
Un soleil en exil, Jean-François Samlong (Gallimard)

C’est un terrain vague, au milieu d’un lotissement de maisons pour l’essentiel réservées à des militaires. Au fil des ans, les enfants du quartier en ont fait leur fief. Ils y jouent au football, la tête pleine de leurs rêves de gloire. Nous sommes en 2016, à Dely Brahim, une petite commune de l’ouest d’Alger, dans la cité dite du 11-Décembre. La vie est harmonieuse, malgré les jours de pluie qui transforment le terrain en surface boueuse, à peine praticable. Mais tout se dérègle quand deux généraux débarquent un matin, plans de construction à la main. Ils veulent venir s’installer là, dans de belles villas déjà dessinées. La parcelle leur appartient. C’est du moins ce que disent des papiers « officiels ». Avec l’innocence de leurs convictions et la certitude de leurs droits, les enfants s’en prennent directement aux deux généraux, qu’ils molestent. Bientôt, une résistance s’organise, menée par Inès, Jamyl et Mahdi. Au contraire  des parents, craintifs et résignés, cette jeunesse s’insurge et refuse de plier. La tension monte, et la machine du régime se grippe. À travers l’histoire d’un terrain vague, l’autrice explore la société algérienne d’aujourd’hui, avec ses duperies, sa corruption, ses abus de pouvoir, mais aussi ses espérances.

Au cœur de l’océan Indien, ce roman de l’exil met à jour un drame historique méconnu. Et nous offre aussi la peinture d’un amour impossible. Certains rendez-vous contiennent le combat d’une vie. Septembre 2018. Pour Joséphin, l’heure de la justice a sonné. Dans ses yeux, le visage de sa mère… Mars 1967. Marie-Pierre Ladouceur vit à Diego Garcia, aux Chagos, un archipel rattaché à l’île Maurice. Elle qui va pieds nus, sans brides ni chaussures pour l’entraver, fait la connaissance de Gabriel, un Mauricien venu seconder l’administrateur colonial. Un homme de la ville. Une élégance folle. Quelques mois plus tard, Maurice accède à l’indépendance après 158 ans de domination britannique. Peu à peu, le quotidien bascule et la nuit s’avance, jusqu’à ce jour où des soldats convoquent les Chagossiens sur la plage. Ils ont une heure pour quitter leur terre. Abandonner leurs bêtes, leurs maisons, leurs attaches. Et pour quelle raison ? Pour aller où ? Après le déchirement viendra la colère, et avec elle la révolte.

Ce premier roman, souvent teinté d’humour mais aussi d’acidité, raconte l’histoire d’une famille très pauvre à La Réunion dans les années 80. Les Dessaintes, couple mal assorti aux rancœurs accumulées, éduquent leur fille unique dans la crainte de figures d’épouvante bien connues à La Réunion, comme Sitarane, un assassin qui terrorisa l’île à la fin du XIXe siècle, Bébête Toute et Grand-Mère Kal, aussi chimériques qu’abominables. De l’arrivée des premiers esclaves au XVIIe siècle à nos jours, l’autrice brosse à traits vigoureux la misère sociale et culturelle d’une partie des habitants de l’île, parmi lesquels les cafres, Réunionnais d’origine africaine ou malgache. Traumatismes et « complexe d’infériorité doctement entretenu » feront le berceau des violences et de la misère des générations suivantes auxquelles la fille des Dessaintes tentera d’échapper.

« Mon roman raconte la vie d’une famille réunionnaise, version tropicale des Simpson ! ». Gaëlle Bélem, romancière réunionnaise éditée chez Gallimard.

Dans chacun de ses romans, l’auteur ne cesse d’interroger la violence qui secoue La Réunion. Cette fois-ci, dans un style percutant et concis, il nous convie à découvrir l’histoire des enfants de la Creuse. En fait, une véritable tragédie s’est déroulée entre 1962 et 1984, avec l’exil forcé en métropole de plus de deux mille mineurs réunionnais. Mensonges. Fausses promesses. Trahisons. Harcèlement sexuel. Viols. Tentatives de suicide, et suicides. Séjours en hôpital psychiatrique. Une catastrophe invisible. Enfin, le 18 février 2014, l’Assemblée nationale a reconnu la responsabilité morale de l’État français dans la terrifiante transplantation des enfants. Ici, deux jeunes garçons, Tony et Manuel, et leur sœur courage, Héva, qui témoigne des vies séparées, suspendues, piégées au cœur du froid et du racisme.


Pour cette 11ème édition du Grand Prix du Roman Métis, 27 romans d’auteurs originaires de La Réunion, de la France hexagonale, de Martinique, de Guadeloupe, de Maurice, des Comores, de Madagascar, du Rwanda, de Côte d’Ivoire, d’Algérie, d’Égypte, de Grenade , du Laos et d’Italie sont inscrits à concourir par leurs éditeurs.

Le Prix du Roman Métis des Lycéens est organisé par La Réunion des Livres pour l’académie de La Réunion, la direction des affaires culturelles de La Réunion (DAC Réunion) et la ville de Saint-Denis de La Réunion avec le soutien du Rotary Club Saint-Denis Bourbon, de la Sofia.

https://www.la-reunion-des-livres.re/actions/prix-du-roman-metis-des-lyceens-2020/

Auteur: Maryline Ragenard

Partager cet article sur