4 élèves ont participé cette année au concours “Plaisir d’écrire ” organisé par l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques, ces 4 élèves ont tous été distingués !
Pour les classes de terminale, Marica LOLAY-Foune, en TG2, a obtenu le 1er Prix de la Jeune Poésie, Terry-Anna ADRIEN, TG2, le 2e Prix de la Jeune Poésie et Elvina HAMBURGER le 3e Prix de la Jeune Nouvelle.
En 1ère, Joseph MAGNIER a remporté le 3e Prix de la Jeune Poésie.
BRAVO aux 4 lauréats, la plupart avait déjà participé au concours de l’AMOPA, en 2de ou en 1ère, et avaient déjà reçu un prix !
La cérémonie de Remise de Prix a eu lieu le 17 juin dans l’Hémicycle du Palais de la Source à Saint-Denis.
Voici les créations des élèves :
*Premier Prix de la Jeune Poésie pour LOLAY FOUNE Marica : Tic-tac
Tic-tac
L’amour est comme le son d’une note
Il s’envole aussitôt déclaré
Il s’oublie aussitôt prononcé
Des “ je t’aime” égarés
Des promesses chuchotées
Emprisonnées sur les ponts
La sensation de nos deux lèvres s’évapore
Comme si l’un de nous était mort
Au fond y a-t-il une différence
Entre un corps sans vie
Et un cœur meurtri ?
Nos deux lumières éloignées de celles de la ville
Luminescence d’un amour
Destiné à l’absence
Une histoire sans chapitre
Un amour dont la durée était celle d’une annonce
Un amour auquel tu renonces
Épisode passager
Courant d’air
Légère vague de la mer
Voilà l’amour que vous vouliez tant
Une légère brise de vent
Qui disparaît au soleil levant
Alors aujourd’hui, je suis saudade
Je nous revois hier
Je nous imagine demain
Mais le réveil du matin
Me sépare de tes mains
L’horloge, quant à elle, me rappelle
Les secondes mortelles d’un « nous » qui semblaient éternelles
Amour
Minutes
Tic-tac de l’horloge
Il n’est plus là
Tic-tac
Minuterie de l’affection
Amour caméléon
*Deuxième Prix de la Jeune Poésie pour ADRIEN Terry-Anna : Lune de miel
Lune de miel
Lune de miel, soirée de merveille
Où la lune est ruche, ses rayons abeilles
Et éveille la nature comme le jour au soleil,
Le sourire aux lèvres en devient éternel.
Vous vous contemplez dans cette chambre
Aux douces odeurs des champs de lavande
A coté de la mer, mélodie si tendre,
Les lucioles, lanternes, s’envolent sans attendre.
Vous étiez deux, vous n’êtes plus qu’une.
L’amour partagé t’a fait perdre rancune,
Tu ne te sens plus sable fin mais calme dune
Qui a suivi le chemin tracé par la lune.
Vous étiez deux, si loin l’un de l’autre
Sans jamais vous toucher, même pas un entrechoc,
Sur des rives séparées par de périlleuses côtes.
Quelle était donc cette pluvieuse époque ?
Oui ! Vous respirez cette soirée si douce
Comme les blanches fleurs sur la mousse
Qui se frôlent et se trémoussent
Au son des cloches brillantes et rousses.
Ils s’attirent, s’amusent et fusionnent
Tel l’aimant glissant vers la boussole
Et elle chante et danse sans personne
Dans cette chambre qui à minuit rayonne.
Elle plonge ses yeux dans ce miroir,
Ce lac profond qui éclaire dans le noir.
Elle voit son reflet tel une bille d’ivoire
Et prend sa plume pour parler à l’écritoire.
Elle écrit : « La pluie ne cessait de tomber
Sur mon corps fugueur et abîmé.
L’orage ne cessait de gronder
Dans ma tête où mon esprit angoissait. »
Mais ton corps, ton esprit, petite demoiselle
Se sont mariés en cette lune de miel
Où tu comprends à quel point tu es belle
Et surtout à quel point tu es naturelle.
*Troisième Prix de la Jeune Poésie pour MAGNIER Joseph : Transformée en étoile
*3e Prix de la Jeune Nouvelle pour HAMBURGER Elvina : Mon soleil m’attend
Mon soleil m’attend
-Vous faites quoi dans la vie ? demande Isabelle.
Isabelle est l’une des passagères de ce bus. Je me suis réveillé en retard ce matin, ce qui n’est pas rare après des lendemains de soirée dignes de celle d’hier. Heureusement j’ai réussi à attraper le bus de 8h00. Un bus franchement pas commun entre vous et moi. En découvrant l’intérieur quel ne fut pas mon étonnement lorsque que je découvris que la disposition des sièges avait la même configuration qu’un cercle de parole, c’est-à-dire que tous les sièges étaient tournés vers le centre et non pas vers l’avant du bus. Par ailleurs celui-ci était presque vide, nous n’étions que cinq passagers.
Je m’assis en face d’un homme vêtu d’un costume noir impeccable, il tenait sa sacoche de travail sur ses genoux. J’étais mal à l’aise vêtu de mon costume premier prix de piètre qualité et bien trop court pour moi de toute évidence, puisque celui-ci laissait dépasser mes poignets ainsi que mes chevilles. Après tout je n’avais pas l’occasion d’en porter tous les jours et aujourd’hui était un jour spécial c’est pourquoi je me devais de me dépêcher d’arriver à l’heure. A la droite de l’homme, une jeune femme, aux cheveux désordonnés, portait une robe à motif floral, le genre de motifs qu’Ali ne peut supporter de porter. Elle tenait dans ses mains un carnet de croquis. Ses coups de crayons résonnaient comme une mélodie au milieu des klaxons et des cris d’agacements des New Yorkais immobilisés dans les embouteillages d’un mardi de septembre. La jeune femme dessinait l’enfant assis à mes côtés, celui-ci était accompagné de son père, ils jouaient à des jeux de mains afin de faire passer le temps.
C’est l’enfant qui entama la discussion, il fit rouler un de ses jouets à mes pieds, en lui ramassant il me demanda d’un ton des plus nonchalant :
- C’est quoi ton tatoo ?
Il avait aperçu le tatouage qui ornait mon poignet gauche. Beaucoup n’auraient guère apprécié une intrusion pareille dans leur vie privée, pour ma part j’adore les enfants et dans un futur plus ou moins proche j’espère en avoir, mais on a le temps d’en parler avec Ali, après tout on est juste fiancés. Je lui réponds qu’il représente l’amour que je porte à une merveilleuse femme. Je n’ai jamais eu de mal à parler de ma vie privée ce qui a toujours agacé ma mère. Car pour elle la pudeur est essentielle dans la vie en société.
- C’est nul un soleil, moi plus tard j’veux faire un méga tatoo de dinosaure dans mon dos ! lance le gamin
Je ris et pense à la signification de ce tatouage que je partage avec elle… Le père de l’enfant s’excuse auprès de moi pour son fils. Une conversion s’entame avec Ethan, le père de l’enfant, l’homme en costume rejoint la discussion suivie d’Isabelle la femme aux croquis.
Au fil de la discussion j’apprends que nous allons tous dans la même direction, ce qui n’est franchement pas étonnant lorsqu’on voyage en bus.
John, l’homme au costume coûteux travaille dans l’immeuble en face de celui d’Ali, soit au cœur du World Trade Center, là où je dois être dans moins d’une heure. Isabelle est étrangère, elle vient présenter ses dessins à un grand magazine, situé dans la tour Sud. Ethan quant à lui, emmène son fils Max sur son lieu de travail par obligation parental, la nounou n’était pas disponible.
Les minutes s’écoulent et le bus avance peu. Max dessine un soleil sur la vitre poussiéreuse du bus, je souris. Ethan et Isabelle débattent à propos de Bush et de son implication dans la jeunesse, rien qui ne m’intéresse particulièrement, la politique n’a jamais été mon fort, je suis peintre d’intérieur au désespoir de mes parents.
Voilà bientôt deux heures que je suis dans ce bus, je commence à connaitre les passagers presque aussi bien que ma famille. Je suis égaré dans mes pensées, mon regard se perd dans cette ville que je crois connaître si bien. Quand soudain, entre deux blocs de bétons j’aperçois les Twin Towers, enfin ! Je sais à présent que j’arrive bientôt à destination…Pourtant le bus n’avance pas.
Je m’assoupis quelques minutes car la soirée d’hier ne m’a pas mis dans un de mes meilleurs états. Je revois Ali fière de montrer sa bague à ses amis, elle me lance des sourires qui me procurent un sentiment de joie intense, la voir heureuse est la plus belle chose qu’on puisse m’offrir. Je me rappelle qu’après la soirée, elle m’a chuchoté de la retrouver à 9h le lendemain en haut de la tour, où elle travaille. Elle m’a soufflé qu’elle me montrerait New York comme je ne l’ai jamais vu…
Soudainement, le bus s’arrête, les portes s’ouvrent sur un paysage flou, de la lumière à perte de vue, vague et indescriptible mais apaisant. On a quitté New York pourtant je n’arrive pas à comprendre où je suis. Les passagers autour de moi commence à disparaître peu à peu en quittant le bus me laissant seul. Cela ressemble à un rêve. J’entends une voix lointaine qui me souffle à l’oreille :
-Réveille-toi, ton tour n’est pas arrivé. Vis. Et n’oublie jamais que je t’aime, mon soleil…
Je suis confus, je n’ai pas le temps de réagir que déjà on me brusque, on me bouscule, on me secoue, j’ouvre difficilement les yeux :
-Réveillez-vous Monsieur ! Il faut évacuer immédiatement !
Ma vue est brouillée par la fumée et ma tête me blesse atrocement. J’étouffe dans le nuage sombre qui m’enveloppe. L’homme au casque et au masque à oxygène me tire hors du bus par les épaules, il me jette dans son camion rouge vif qui me transperce la rétine et je peine à comprendre ce qu’il se passe.
J’arrive à lever les yeux vers le bus qui semble n’avoir jamais abrité Ethan, Max, John ou encore Isabelle. Il a une configuration parfaitement classique. Le bus est surplombé de débris, les roues crevées, le toit cabossé et enfumé. Il n’y a pas que le bus qui est dans cet état, tout ce qui est autour est dans le même état. L’avenue est dévastée. Je comprends alors où je suis, je cherche du regard la Tour Nord du WTC là où travaille Ali. Je l’aperçois. L’horreur me traverse en un quart de seconde, je sors du camion en haletant, je n’ai plus mal à la tête la seule douleur que je ressens est la frayeur face au spectacle qui s’offre à moi. Les Tours jumelles…détruites, réduites en cendres et débris. Je suffoque, l’odeur âcre de la fumée s’infiltre en moi tel un venin dévastateur de bonheur. Les bruits assourdissants des débris et des sirènes rythment les battements de mon cœur. Mon cœur se serre…Ali…ALI…ALI ! je cris. Je suis effondré et je me laisse emporter par mes émotions, je pleure et hurle, je commence à courir désorienter. Quand un bras assuré m’attrape par la taille, je ne me débats pas je n’ai pas la force de lutter. Le pompier me replace dans le camion, il démarre.
Je regarde une dernière fois le bus, j’aperçois rapidement le dessin de soleil à moitié effacé dans la poussière de la vitre.
Je comprends alors, qu’en ce sombre mardi de septembre j’ai perdu mon soleil…