Jeudi 14 décembre le jury lycéen du PRML s’est réuni à la médiathèque François Mitterrand et a plébiscité, avec 12 voix contre 6, le roman de Leïla Bouherrafa Tu mérites un pays (Allary Éditions). Le jury représentait les 356 lycéens de La Réunion participant au Prix cette année.
Ce n’était pas le choix des 25 élèves du lycée Louis Payen qui ont majoritairement voté pour Tibi la Blanche (15 voix).
Si ce livre a dérouté les élèves par son style et ses thèmes, suscitant leur malaise par l’approche ironique de l’auteure, certaines lectrices l’ont néanmoins apprécié et défendu.
Le choix des élèves de Louis Payen : Tibi la blanche. Les élèves ont été séduit par le ton léger, joyeux de l’auteur, Hadrien Bels, malgré les thèmes graves abordés; par les personnages attachants, de jeunes lycéens comme eux, dont la diversité des milieux ne font que renforcer leurs liens; par la découverte d’autres cultures et la multiplicité des points de vue.
Le 2e choix des élèves de Louis Payen s’est porté sur Un homme sans titre (6 voix), pour son style littéraire et les références culturelles et historiques de l’auteur, Xavier Le Clerc, son ouverture d’esprit et sa sensibilité.
Tu mérites un pays n’a obtenu que 3 voix, les élèves étant déconcertés par les mots et les phrases répétitives qui reviennent telle une ritournelle, ayant la sensation que le roman est en boucle. Pour eux, ce procédé suscite un malaise, des rires certes, mais jaunes. Mais les 5 ou 6 élèves qui l’ont apprécié l’ont trouvé très émouvant, témoignant très justement des réalités de la vie, les violences envers les femmes, le racisme envers les migrants,. Elles se sont identifiées à la narratrice, Layla, louant son caractère combatif, sa dénonciation des problèmes sociaux.
Le jury lycéen a réuni 18 élèves dont Océane et Maryam (dans l’angle gauche de la table) qui représentaient le lycée Louis Payen et défendaient le roman de Hadrien BELS, Tibi la Blanche.
Océane et Maryam, interviewées par la journaliste de Radio Arc-en-ciel, argumentent en faveur de Tibi la Blanche.
Leïla Bouherrafa est née en 1989 à Paris. Elle a enseigné le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. Elle est l’autrice de La Dédicace (Allary Éditions, 2019), Prix du premier roman du salon du livre du Touquet Paris-Plage, et de Tu mérites un pays (Allary Éditions, 2022), deuxième lauréat du prix VLEEL 2022 et dans la sélection de nombreux Prix. –
Crédit photo : ©Kate Fichard – Allary Éditions
Les 25 élèves volontaires participant au Prix Roman Métis des Lycéens sont invités à la conférence de presse pour présenter les 3 finalistes :
- Hadrien Bels, Tibi la blanche L’Iconoclaste)
- Leïla Bouherrafa, Tu mérites un pays (Allary)
- Xavier Le Clerc, Un homme sans titre (Gallimard)
À Thiaroye, un quartier proche de Dakar, trois amis passent le bac.
Issa a toujours l’air de savoir où il va quand il marche. Il a passé les épreuves avec un Bic marabouté, un Bic qui donne la confiance. Il aime les ragots de quartier et sa machine à coudre. Il sera styliste, c’est sûr.
Neurone a le cerveau bien huilé, c’est une bête à concours. Il déteste les costumes-cravates, ceux qui font la sieste dans les hémicycles les mains croisées sur leurs ventres bien remplis. Lui, il n’aime que Tibilé.
Tibilé, on l’appelle Tibi la Toubab, Tibi la Blanche ou Tibi la Française, car tout le monde sait qu’elle va partir en France. Elle est la plus intelligente de mes enfants, répète son père.
Dans une semaine, les résultats du bac vont les percuter. La vie court trop vite, il faut la croquer.
Hadrien Bels rend hommage à sa ville natale dans cette ode à la jeunesse sénégalaise, africaine, loin des clichés…
Vibrant de colère et d’humanité, Tu mérites un pays raconte le parcours du combattant d’une exilée dans cette France où l’on n’est jamais tout à fait ” assez français “. L’histoire, aussi, d’une émancipation, portée par une langue à la fois mordante et poétique, singulièrement puissante.
“Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde. “
Ce sont les mots de Marie-Ange, dans son bureau d’aide aux réfugiés, lorsqu’elle tend à Layla sa convocation pour être naturalisée.
Mais que signifie ” être la jeune femme la plus heureuse du monde “, quand on a laissé là-bas tous les siens, qu’on vit au Dorothy, hôtel insalubre tenu par un marchand de sommeil, et que son job consiste à rendre impeccables les toilettes du café de madame Meng ? Quand le tendre Momo, son ami, sa boussole, est obligé de fermer son merveilleux manège parce que la Mairie de Paris le juge ” trop barbu “, ou que sa colocataire Sadia, sa belle, rebelle Sadia, s’humilie pour une poignée d’euros ?
“Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées.” En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manœuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.
Créé en 2011 dans l’académie de La Réunion, le Prix du Roman Métis des Lycéens mobilise depuis sept ans des jeunes et des équipes pédagogiques de La Réunion autour d’une littérature francophone contemporaine, ouverte sur le monde et porteuse de valeurs d’humanisme, de métissage et de diversité.
Les lycéens sont invités à se plonger dans l’univers de 3 romans francophones parus depuis moins d’un an sélectionnés par le jury du Grand Prix du Roman Métis, prix littéraire international de la Ville de Saint-Denis.
10 lycées de l’académie de La Réunion participent à la 13ème édition du Prix du Roman Métis des Lycéens :
– Lycée Le Verger (Sainte-Marie) avec Suzan Le Beaudour, professeure de lettres,
– Lycée Bel Air (Sainte-Suzanne) avec Patrice Boyer, professeur de lettres,
– Lycée Mahatma Gandhi (Saint-André) avec Madly Lambert, professeur de lettres,
– Lycée Leconte de Lisle (Saint-Denis) avec Delphine Moreau, professeure de lettres,
– Lycée Moulin Joli (La Possession) avec Cécile Renard, professeure de lettres,
– Lycée La Salle Maison Blanche (Saint-Paul) avec Stéphane Botte, professeur de lettres,
– Lycée Louis Payen (Saint-Paul) avec Maryline Ragenard, professeure documentaliste,
– Lycée Évariste de Parny (Saint-Paul) avec Isabelle Daquo,
– Lycée Stella (Saint-Leu) avec Marie-Ange Blaizat, professeure documentaliste,
– Lycée Roland Garros (Le Tampon) avec Marie Kelly Lapierre-Ledoyen, professeure de lettres.
Au lycée louis Payen, c’est 25 élèves de 2de et 1ère qui participent cette année au PRML :
101 DION Manon 102 COUSIN Maryam 103 BERFEUIL Rohan GUYOMAR Yuna 104 GHARSALLAH Nour-Eslem Najiba HARMEL Louise HERSON-MACAREL Mayana NATO Océane ORY Lisa TOUBOUL Emma 201 GARDENAT Kyria 203 BARD Assya Nour BODIN Joséphine KASSIME Kamel LAGNEAU Maei LARDAL Kassy MAUBLANC Elisa PERFILLON Liyana Banou RAMIN MANGATA Chloé REVRET Heloïse VIRASSAMY Solea ZEGANADIN RAMSAMY Myriam 206 ESPERANCE Emeline LEGROS Marine MEREAU-HUET Lilou-Ann |