Normalement, vers la fin du mois de juin en France, toutes les classes de troisième passent le brevet. Même si nous sommes les seul(e)s à ne pas l’avoir vécu ainsi, en raison de la crise sanitaire qui a tout bouleversé, cet examen marque la fin de quatre années au collège. Et particulièrement, la troisième, une année riche en fous rires, mais aussi en stress, tracs, tandis que déjà pointe une touche de nostalgie.
Une fois que l’on a décroché ce fameux diplôme, on se demande tous(tes) ce qu’il y a après le collège. Nous avons des attentes et une vision bien distinctes de cet «après». Nous-mêmes étant de futures lycéennes, nous avons voulu vous faire part de nos réflexions.

Quelle sera cette nouvelle vie ? Sommes-nous y prêtes ?

Remise des diplômes du DNB aux anciens élèves de 3e en présence de M. Bidegaimberry et de M. Eyquem. (Photo : Club Journal)

Lors de la cérémonie de remise des diplômes de notre collège, qui a eu lieu le vendredi 11 octobre 2019, nous avons interviewé à l’occasion trois élèves de seconde et anciens élèves à Bourbon: Sadakaly Gamil, Youssouf Nasrat et Hirab.

Premières impressions en 6ème

Lorsqu’ils sont rentrés en sixième au collège Bourbon, comme pour la plupart des élèves, ils avaient peur. Depuis la CM2, Nasrat par exemple entendait dire que les 3e étaient violents. Elle pensait aussi qu’au collège, on avait plus de libertés. Heureusement selon elle, toutes les règles qui existent au collège lui ont permis de rester concentrée sur sa scolarité.
Enfin, entrer au collège signifie avant tout qu’il faut savoir s’adapter. Or s’adapter, ce n’est pas si simple pour tout le monde. Ainsi, au départ, Gamil ne connaissait personne, il avait des difficultés à s’intégrer : “certains ne m’aimaient vraiment pas, ça tournait vraiment mal”. Il avait des difficultés à travailler en groupe notamment. Cette année de sixième la durablement marqué.

Les années collège, des années « Club Med » ou « Alcatraz » ?.

Dans l’ensemble, Nasrat et Hirab ont beaucoup aimé leurs années passées au collège, notamment grâce aux nouvelles rencontres : «des amis formidables et des professeurs avec qui j’ai beaucoup aimé les cours» dit Nasrat. De plus, pour elles, le collège a été un lieu de libération : «J’ai eu plusieurs problèmes personnels dans ma vie, donc aller au collège m’a permis de m’évader» ajoute Hirab. En allant au collège, elles ont pu rencontrer des personnes différentes qu’elles ont plus ou moins appréciées, et grâce au règlement elles ont appris à bien s’habiller et à arriver à l’heure notamment,
En revanche, Gamil, lui, pense tout le contraire. Selon lui, « le collège est mal organisé ». Il n’a pas apprécié non plus « le fait d’être séparé des autres qu’on aimait…» lorsque l’on change de classe, d’une année à l’autre. Il affirme que les libertés y sont “trop restreintes” par rapport au lycée, où l’on est plus libre. C’est pourquoi, il s’y sent mieux et y apprend mieux. «On retrouve au lycée un meilleur équipement … C’est franchement mieux» pense ce nouvel élève de Bellepierre.

Le lycée, une nouvelle page qui se tourne

Nasrat Youssouf, lors de sa rentrée en 2nde au lycée Lislet Geoffroy, exprime avoir ressenti de la peur, car elle était quasiment la seule élève de son précédent collège, le collège de Bourbon. Elle dit que le lycée impose beaucoup de responsabilités et un peu trop de libertés : « (…) il n’y a pas grand-chose qui te retient si tu as envie d’abandonner. Tu peux vite lâcher prise. »

Quel étrange accessoire de mode ? Est-ce l’esprit lycée ? (Photo : Club Journal)

Quant à Gamil Sadakaly, c’est une toute autre histoire. Il a commencé l’année de seconde en ratant 3 jours, puis s’est perdu dans le lycée et rapporte n’avoir rien compris à son premier cours, au lycée Bellepierre. Il s’est senti un peu déboussolé au début, sans personne pour l’aider. « Quand je suis arrivé dans la classe, je me suis demandé si c’était une classe de Terminale car les autres paraissaient grands » dit-il, en décrivant par la suite qu’il y avait un déséquilibre : beaucoup de filles et peu de garçons. Toutefois, très rapidement ses camarades l’ont aidé et sont devenus plus sociables avec lui. Au final, « le Lycée n’est pas plus dur que le collège ».

Deux mondes qui contrastent, mais qui sont complémentaires

Selon Nasrat, le collège a été pour elle un endroit plus sécurisant, avec une bonne organisation et une meilleure gestion du temps. Le lycée, au contraire, est un endroit plus grand, où on rencontre plus de personnes, avec beaucoup plus de libertés et d’autonomie, donc aussi « moins de contraintes » qu’au collège selon Gamil.
Alors collège ou lycée ? Les avis sont différents : Nasrat a aimé avoir été dans un collège ancien, chargé d’histoire : « c’était vraiment formidable». Selon elle, on ne retrouve pas au lycée cette même solidarité entre les élèves qu’au collège, bien qu’il soit un peu trop tôt pour qu’elle donne son avis sur le lycée. (Cette interview a eu lieu au début de sa première année au lycée). Gamil, lui, a fait son choix. Il se sent plus à l’aise au lycée. Il a donc plus envie de travailler avec plus de « plaisir ». «On se sent grand et on a envie d’évoluer» confirme-t-il.

La fierté d’avoir obtenu leur Brevet se lit sur le visage de ces anciennes élèves du collège. Saurez-vous les reconnaître ? (Photo : Club Journal)

Et nous dans tout cela ?

Les points positifs et négatifs à retenir du collège varient selon chacun, mais retenons principalement que le collège nous permet l’apprentissage de beaucoup de choses comme le respect, la tolérance et l’entraide. Toutes ces valeurs essentielles nous apporteront beaucoup dans notre future vie et notamment au lycée. Quitter le collège représente donc une nouvelle opportunité, un nouveau départ pour apprécier peut-être une plus grande liberté ?
La rentrée en seconde est supposée bien se passer, mais certains points vont changer.
D’abord, le premier changement important est l’indépendance. Au lycée, il y aura plus de responsabilités et on devra donc être plus autonome. L’organisation sera assez différente, puisque les professeurs et la vie scolaire vont nous imposer de nouvelles choses, qui vont nous habituer là aussi à la vie de plus tard. Par exemple dans certains lycées, on utilise une carte magnétique pour rentrer, et il n’y aura plus vraiment de contrôle de sac, de carnet ou quoi que ce soit d’autre comme au collège. En cas de retard, on passe rapidement à la Vie scolaire… et tant pis pour nous ! Donc, avec le feeling, on va finir par s’y habituer car comme l’affirmait Gamil : « ce n’est pas plus dur que le collège ».
Ensuite, le deuxième changement important, ce sont les amis. Au lycée, on risque de s’éloigner de certain(e)s de ses ami(e)s du collège et peut-être même qu’on va tout simplement les perdre à cause d’un changement de classe ou des emplois du temps différents. Cependant, on va aussi rencontrer, comme au collège d’ailleurs, de nouvelles personnes qui pourront nous aider. Anciens ou nouveaux, les amis restent très importants, car sans eux, la vie a moins de saveur, car c’est eux qui vont nous aider à ne pas abandonner, à ne pas facilement lâcher-prise dans les moments difficiles.
Et enfin, le troisième changement important, ce sont les horaires. Au lycée, «on a très peu de temps pour aller manger, très peu de temps pour se reposer» nous dit Nasrat. Généralement, on commence à 7h pour finir à 17h. Quand on n’a pas un cours, on peut sortir, puis revenir, alors qu’au collège, on reste dans l’établissement. « Il y a beaucoup plus de sécurité, au collège» ajoute-elle. Alors si nous avons un dernier conseil à vous dire, c’est de profiter chers collégiens d’être encore au collège avec toutes ces heures de libres que nous avons.

Coucher de soleil sur le lagon de St Pierre. (Photo : club journal)

Le mot de la fin

Pour nous collégiennes et futures lycéennes, le lycée signifie avant tout « autonomie » et « responsabilité » mais pas de panique, car c’est aussi un endroit où nous allons découvrir de nouveaux dispositifs, de nouvelles personnes, de nouvelles matières au fur et à mesure du temps. Un endroit dans lequel il faudra bien s’accrocher pour ne pas abandonner et toujours aller de l’avant. Eh oui! N’oublions pas que le lycée a lui aussi ses bons côtés : les nouvelles rencontres, le nouveau climat, des établissements mieux équipés, tant de choses que nous allons apprendre pour enfin être prêt à affronter ce qu’on appelle la « vraie vie», entrer à l’université et terminé ses études.

Article écrit par Henintsoa Razafimaniry et Laëticia Razafinimanana