Le 10 mai 2001 était adoptée au Parlement la loi Taubira tendant à la reconnaissance des traites et
de l’esclavage en tant que crime contre l’humanité. Cette loi a lancé le concours la Flamme de l’égalité pour la mémoire de l’esclavage.
Le thème de cette 8ème édition est “Travailler en esclavage”.
Dans le cadre de ce concours, nous Terminales HLP nous avons obtenu le premier prix académique pour notre court-métrage “La coupe est pleine”!
Ce concours s’inscrit dans l’axe d’étude « histoire et violence » du programme HLP.
Assez vite, les élèves ont exprimé l’envie de s’éloigner de l’image « traditionnelle » de l’esclave au travail. Au cours de leurs recherches ils ont découvert l’engagisme. Certains d’entre eux sont des descendants de ces engagés indiens arrivés sur l’île pour remplacer les esclaves affranchis en 1848.
Ils ont découvert que cet engagisme n’était en fait qu’un esclavage déguisé puisque les maigres revenus des travailleurs revenaient au maître par le biais de l’achat de nourriture dans l’épicerie du domaine et les loyers. Les travailleurs n’étaient pas non plus libres de circuler et le retour dans leur pays d’origine impossible.
A partir de ces découvertes, les recherches nous ont orientés vers l’esclavage moderne.
En cette fin d’année 2022, la préparation de la coupe du monde au Qatar bat son plein. De nombreux journaux et organisations comme Amnesty International ont relancé leurs critiques sur les conditions de travail indignes des ouvriers et comparables à du travail forcé, autre nom de l’esclavage et ressemblant étrangement à l’engagisme, notamment par l’origine des travailleurs : Inde, Népal, Pakistan.
Un article en particulier a retenu notre attention : l’article sur Pérumal
Cet article “les damnés de Doha” a été publié dans le Monde.
Mais un jour de la mi-septembre, de retour du travail, ses camarades l’ont découvert prostré sur son lit, le corps raide. “Perumal s’était plaint de fièvre le matin et il avait renoncé à prendre le bus, raconte le chauffeur, responsable du transport des ouvriers jusqu’au site de construction. Je l’ai emmené à l’hôpital où on lui a administré un cachet, puis je l’ai ramené au camp et je suis reparti. Quand nous sommes revenus le soir, il était mort, foudroyé par une crise cardiaque. Une ambulance est venue le chercher et nous n’avons plus entendu parler de lui.” (voir article complet dans le dossier pédagogique)
Nos recherches aux archives départementales et aux Lazarets I et II.
Poursuivant notre réflexion, nous nous sommes interrogés sur la manière dont nous pouvons dénoncer l’esclavage moderne et le travail forcé.
La coupe du monde de football est une vitrine médiatique.
Nous avons alors décidé avec nos élèves, jeunes citoyens français, d’alerter les joueurs qui vont représenter notre pays lors de cet événement.
Nous leur avons demandé de respecter une minute de silence avant chaque match en l’honneur des travailleurs décédés depuis 2012 : plus de 6500 personnes d’après le Guardian. Ils ont donné leur vie pour construire les stades, les hôtels où les équipes vont jouer et seront logées mais où les travailleurs ne mettront jamais les pieds.
Nous avons tous signés la lettre (voir lettre complète dans le dossier pédagogique) et l’avons envoyée.
Nous n’avons reçu aucune réponse…
Nous avons aussi commencé les démarches pour créer une antenne d’Amnesty international dans notre établissement car l’engagement passe par l’action.
Le tournage au Moulin Maïs à Saint Louis
L’équipe technique s’est investie de manière remarquable dans le tournage réalisé en un jour seulement.
Le tournage a été facilité par des répétitions efficaces et un investissement remarquable de tous les acteurs qui connaissaient parfaitement leur rôle.
Rachel et Nora ont été des scripts efficaces, Mathilde une réalisatrice qui maîtrise son art et ses acteurs : Annélia,Julie, Lauréna, Daren, Coriane, Adeline, Lucie, Laurine, Léa, Théo, Anaëlle, Maly.
Daren a composé le morceau traditionnel au « rouler », grosse percussion du maloya qui ouvre et conclut le film.
Le sujet de l’esclavage a su motivé les troupes, soucieuses de témoigner sur cet événement historique qui fait aussi partie de leurs histoires personnelles.
Ce projet a soudé notre groupe.
En conclusion :
Nous avons vécu grâce à ce projet une expérience pédagogique et humaine très forte qui a su créer des liens au sein du groupe. Nos élèves nous ont impressionnées dans leur manière de s’approprier le projet et de s’y investir.
Nous avons pu visiter des lieux de mémoires importants et pour les Lazarets mal connus .
Ce projet nous a permis de faire du lien entre les différentes périodes de l’esclavage et de découvrir ou de redécouvrir l’engagisme. Nous nous sommes rendus compte que cette histoire est aussi la nôtre, particulièrement ici à la Réunion.
Nous sommes fiers du résultat. Notre film est le reflet de notre collaboration et notre implication sans faille.
Ce projet nous a donné envie de nous engager pour dépasser le simple constat et entrer dans l’action. Nous souhaitons ainsi perpétuer les valeurs d’humanisme et de don de soi incarné par celui qui a donné son nom à notre lycée : M. Jean Joly
Ce projet est dédié à tous les Perumal du passé et du présent !
Sophie Héliès , Michelle Payet et les Terminales HLP