Le Prix Goncourt des Lycéens pour la première fois à La Réunion, avec la 1L du lycée Louis Payen

Prix Goncourt des lycéens 2018

Pour la PREMIERE FOIS à La Réunion, une classe de 1L, la seule de l’île, la seule du lycée Louis PAYEN, participe à ce prestigieux prix de littérature!

Voici les 15 livres que les 1L ont dû lire en 2 mois :

 

Créé et organisé par le ministère de l’Éducation nationale et la Fnac, avec l’accord de l’Académie Goncourt, ce prix donne l’opportunité à près de 2 000 lycéens de se plonger dans une lecture passionnée et de faire entendre leur voix pour élire leur lauréat, parmi les 15 auteurs sélectionnés. Il contribue à l’engagement du ministère de l’Éducation nationale pour développer le goût de la lecture et promouvoir l’éducation artistique et culturelle. 

C’est ce mercredi 7 novembre que le prestigieux Prix Goncourt 2018 a été décerné à Nicolas Mathieu, pour le roman Leurs enfants après eux (Actes Sud).

Il succède à Éric Vuillard. La remise du prix a eu lieu au restaurant Drouant, dans le 2e arrondissement de Paris. Il s’est imposé face à L’hiver du mécontentement de Thomas B. Reverdy, Frère d’âme de David Diop et Maîtres et esclaves de Paul Greveillac. Nicolas Mathieu l’a emporté face à ce dernier au quatrième tour de scrutin par 6 voix contre 4.

Et c’est aussi ce même mercredi 7 novembre que la 1L a dévoilé son « tiercé gagnant » pour le Goncourt des Lycéens:

Voici leur choix, par ordre alphabétique des auteurs:

Quand Dieu boxait en amateur de Guy BOLEY
La vraie vie de Adeline DIEUDONNE
Frères d’âme de David DIOP

C’est Elisa Fontaine, ici interviewée par un journaliste du Quotidien, qui ira défendre le choix de sa classe aux délibérations régionale et nationale à Paris et Rennes la semaine prochaine.

Le Prix Goncourt des Lycéens 2018 sera proclamé jeudi 15 novembre à Rennes.

 

C’est le vendredi 7 septembre après 15h que l’Académie Goncourt a dévoilé la sélection des livres en compétition pour le Prix Goncourt 2018. Cette présentation marque également le coup d’envoi du Prix Goncourt des lycéens 2018.

 

 

 

 

Mercredi 19 septembre, les premières lectures ont fait sensation et ont donc inspiré Élisa, Léa et Julie  qui nous proposent des articles pour le JDGL, le  Journal Du Goncourt des Lycéens, consultable à cette adresse:

JDGDL2018@ac-rennes.fr

 Analyse de  Le malheur du bas  par Elisa Fontaine

Le livre Le malheur du bas d’Inès Bayard peut être vu comme un livre à censurer pour un public adolescent, mais il ne faut pas. C’est un ouvrage sur les agressions sexuelles envers les femmes certes, mais c’est un chef d’œuvre de la littérature contemporaine. Il est très bien écrit, il n’y a pas d’incompréhension ou d’incohérence de texte, et l’histoire est racontée d’une manière simple à comprendre pour le lecteur.

Cet écrit devrait être lu à partir du Lycée car les adolescents de 14 ans doivent se tenir au courant des agressions sexuelles, et doivent faire attention lorsqu’ils sont seuls, qu’ils soient jeunes ou non. Pour lire ce livre, il faut tout de même être assez fort mentalement puisque plusieurs passages peuvent être choquants et même provoquer des haut-le-cœur.

La protagoniste de ce livre est Marie, jeune mariée, heureuse dans son ménage et sa vie professionnelle. Cette jeune femme merveilleuse et pleine de vie voit son mental dégénérer suite à un viol subi en rentrant de son travail. Ce livre nous montre les pensées de Marie après l’agression et nous montre le point de vue de la victime, et sa vie conjugale suite à cela.

Cet ouvrage explique par le biais de Marie, que peu de victimes d’agression sexuelles, qu’elles soient féminines ou masculines, n’osent porter plainte contre ce crime, par peur du regard des gens, des représailles ou autre. Ce livre peut donc aider les victimes à avoir assez de courage pour tout avouer et aller mieux, pour éviter une fin aussi tragique que Marie.

Ce livre était intéressant, bien écrit et mérite d’être lu, malgré les passages crus.

Signature : Elisa Fontaine, 1L, Lycée Louis Payen

 

Titre : La Vraie Vie

Auteur : Adeline Dieudonné

Une famille de quatre personnes habite un lotissement avec une chambre pour les parents, une pour chaque enfant et une pour les cadavres d’animaux.

Le père est un chasseur colérique et violent qui travaille dans un parc d’attraction la journée. La mère, femme au foyer, est victime des violences de son mari et vit sous ses ordres.

Les enfants, la narratrice et son petit-frère Gilles s’entendent parfaitement bien au début du livre. La grande sœur de dix ans s’occupe de son petit frère de six ans comme une mère, car les parents n’ont jamais montré d’amour à leurs enfants.

Ils s’occupent comme ils peuvent la journée en jouant à l’extérieur, loin de la maison. Ils ont pour habitude de prendre une glace au camion qui arrive tous les jours au même endroit, au même moment. Ils sont habitués à leur vie et adorent jouer ensemble et pratiquent à chaque fois le même rituel.

Ils vont jouer dans leur endroit préféré, une décharge de voitures  interdite au public, puis vont prendre une glace et rentrent chez eux, heureux, pour enfin subir les colères de leur père.

Mais un jour, en allant prendre une glace, un drame se produit…

Signature: Léa de Boisvilliers, 1L, Lycée Louis Payen

 Le Piton de la Fournaise, volcan réunionnais, « à la manière de » l’auteur Daniel Picouly pour la montagne Pelé dans Quatre-vingt-dix secondes, par Julie Bérard de 1L

 15 septembre 2018, Ile de La Réunion :

Piton de la Fournaise VS Montagne Pelé

  La fraîcheur du matin de l’hiver austral se mêle à la brume des hauts, La Réunion se réveille et s’étire docilement, doucement et  silencieusement. Le jour est tout juste naissant, il se lève en même temps que les premiers hommes qui sont à la merci de son rythme saisonnier. Les travailleurs du samedi se préparent, les boulangers se mettent aux fourneaux, les commerçants matinaux, avides de bons chiffres d’affaire, préparent leurs magasins pour leurs premiers clients et les enfants, bercés dans leurs doux songes, restent dans leur lit, l’heure de se lever est encore loin pour eux. La Réunion est en elle-même un berceau, une mère et un trésor qu’il faut savoir respecter, écouter et aimer. Respecter car elle a une très longue histoire coloniale qui commença en 1545 avec  le navigateur portugais Mascarenhas puis en 1642 quand elle fut redécouverte par les Français. Toute cette mascarade arrivée de l’hémisphère opposée qui a foulé le sable de la Baie de Saint-Paul pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui je l’ai vue, l’ai observée, étudiée et, en fin de compte, aidée et accueillie sur mon île, ma création, mon enfant. Depuis ce temps-là il s’en est passé des choses, et  pas que des bonnes: l’esclavage, l’exploitation de mes terres, son abolition, sa départementalisation, sa modernité naissante… Tout cela je l’ai vu et j’y ai assisté. Il faut l’aimer car cette île regorge de trésors autres que celui de la Buse* (seul moi sais où se trouve son trésor caché). Ce sont des trésors accessibles à tous, certains touristes rouge écrevisse font le déplacement pour les voir: les plages de l’ouest, le sud sauvage, les cirques, les paysages à en couper le souffle et enfin moi et ma sœur aînée, les déesses volcaniques. Une île à deux volcans n’est ce pas un signe de puissance ? Un signe de puissance tellement fort que l’obligation de nous écouter, entendre nos voix et nos plaintes se mêler à l’harmonie de la diversité qu’est notre population ne doit pas être remise en cause. Pourtant là est le cadet de mes soucis, la Réunion ne m’écoute plus, elle me désobéit tel un jeune marmaille capricieux et pourri gâté. Elle m’échappe, court trop vite pour que je la rattrape moi sa mère au nom si puissant et si reconnu par la communauté scientifique qui me considère comme le Saint Graal, leur dieu quand elle m’examine. Pendant trop d’années je me suis laissé faire, j’ai laissé les hommes prélever mes ressources, mes terres, me modifier et me modeler selon leurs envies, leurs exigences et leurs attentes. Ils ont profané mes terres par du goudron et du béton où circulent leurs voitures qui souillent mon air pourtant si pur avant la révolution industrielle, ils ont voulu me percer de tuyaux pour leur serpent géothermique, ils ont tué mes arbres, mes plantes, mes animaux et bien plus encore, bref les humains ne sont rien que de lâches profanateurs. Pendant trop de temps j’ai été aveugle et stupide. Ma sœur m’avait pourtant fait promettre de faire régner l’ordre avant de s’endormir pour un profond sommeil dans les bras de Morphée. Ma sœur est un modèle pour moi, je l’ai toujours admirée et vénérée. Elle s’appelle Piton Des Neiges***, c’est la montagne la plus haute de la Réunion, elle dépasse même les nuages ! Elle s’est endormie il y a 12 000 ans à mes côtés et m’a tenu un long discours sur le fait que c’était à mon tour de continuer ce qu’elle avait créé.  Je lui avais promis de continuer dans sa lancée, de l’améliorer et même lui faire une agréable surprise à son réveil. Car malgré la grande intelligence de nos amis les scientifiques qui la croient endormie pour toujours, je me fais un plaisir de les contredire, non ma soeur est toujours vivante malgré son long sommeil ! Un jour arrivera où elle va ouvrir les yeux, bâiller, s’étirer et être si heureuse de me voir qu’avec nos verres  vermeil de laves nous trinquerons ensemble à sa santé et à sa puissance. Quand je pense à ce moment fort qui arrive pas à pas j’en tremble de bonheur mais aussi de peur. Car oui moi la grande puissance volcanique de la Réunion, j’ai peur de la réaction de ma sœur. Elle a accompli de grandes choses, et cela même avant ma naissance. Mais moi, qu’ai-je accompli ? Des éruptions il y en a eu, on ne me classe pas comme un des volcans les plus actifs au monde pour rien. Des destructrices ? Oh que oui, particulièrement celle du 24 mars 1977 qui marquera à jamais les Réunionnais et son église de Piton Sainte-Rose que j’ai volontairement épargnée, contrairement à la gendarmerie,  car toute bonne victoire doit être accompagnée de souvenirs ostentatoires tels des coupes et des médailles. Mais des éruptions meurtrières ? En ai-je déjà réalisées? Moi, ma lave effusive et mon gaz soufré que l’on croit sans grand danger comparés à mes cousins explosifs ?   Hélas cette victoire manque à mon palmarès. Ma sœur va bientôt se réveiller et je n’ai pour l’instant pas fait trépasser beaucoup de gens à part quelques imprudents venus m’admirer de tout leur amour qui les a rendus à jamais aveugles.  Cette envie meurtrière me hante tant que je crois que je vais exploser et peut-être même lever mon verre de lave avant l’heure. Mais le temps passe vite, je ne peux le contrôler, tout comme mon enfant désobéissante qui ne mérite qu’une chose: être sévèrement punie. Qu’elle aille au diable elle et ses humains que je ne supporte plus. « Au nom de la patrie, le jour de gloire est arrivé » clame l’hymne national français. Mon jour de gloire aussi est arrivé, et ce sera aujourd’hui. Aujourd’hui je contrôle le temps et se soir je contrôlerai mon enfant de malheur. Ce soir, amoureux des laves méfiez-vous car je vous happerai tels de vulgaires parasites. Vous serez mes esclaves et moi votre maître, je ne m’appelle pas Madame Desbassayns** mais je m’appelle La Fournaise*** et ce soir je cracherai ma haine trop longtemps refoulée.

 

* Pirate du XVIIIe siècle qui écuma l’océan Indien. Cette figure folklorique de la Réunion, ainsi que son supposé trésor, fait partie du patrimoine culturel de l’océan Indien.

** Célèbre esclavagiste de l’île de La Réunion, réputée dans la tradition populaire pour sa cruauté et  souvent associée à la sorcière Gran mèr Kal ou au Diable.

***Le piton des Neiges est le point culminant de l’île de La Réunion, à 3 070,50 mètres d’altitude. Ce volcan, endormi depuis 120 siècles, est à l’origine de la création des deux tiers de l’île, voilà plus de trois millions d’années.  Le piton de la Fournaise, qui culmine à 2 632 mètres d’altitude, s’est édifié sur le flanc sud-est du Piton des Neiges. Durant au moins 500 000 ans, les deux volcans ont fonctionné simultanément. C’est un des volcans les plus actifs au monde et il est actuellement en éruption depuis le 15 septembre, pour la quatrième fois en 2018.

Auteur: Maryline Ragenard

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