Prix Roman Métis des Lycéens : attribué à Leïla BOUHERRAFA pour « Tu mérites un pays »

Leïla Bouherrafa est née en 1989 à Paris. Elle a enseigné le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. Elle est l’autrice de La Dédicace (Allary Éditions, 2019), Prix du premier roman du salon du livre du Touquet Paris-Plage, et de Tu mérites un pays (Allary Éditions, 2022), deuxième lauréat du prix VLEEL 2022 et dans la sélection de nombreux Prix.  –

Crédit photo : ©Kate Fichard – Allary Éditions

Les 25 élèves volontaires participant au Prix Roman Métis des Lycéens sont invités à la conférence de presse pour présenter les 3 finalistes :

  • Hadrien Bels, Tibi la blanche L’Iconoclaste)
  • Leïla Bouherrafa, Tu mérites un pays (Allary)
  • Xavier Le Clerc, Un homme sans titre (Gallimard)

À ​Thiaroye, un quartier proche de Dakar, trois amis passent le bac.
Issa a toujours l’air de savoir où il va quand il marche. Il a passé les épreuves avec un Bic marabouté, un Bic qui donne la confiance. Il aime les ragots de quartier et sa machine à coudre. Il sera styliste, c’est sûr.
Neurone a le cerveau bien huilé, c’est une bête à concours. Il déteste les costumes-cravates, ceux qui font la sieste dans les hémicycles les mains croisées sur leurs ventres bien remplis. Lui, il n’aime que Tibilé.
Tibilé, on l’appelle Tibi la Toubab, Tibi la Blanche ou Tibi la Française, car tout le monde sait qu’elle va partir en France. Elle est la plus intelligente de mes enfants, répète son père.
Dans une semaine, les résultats du bac vont les percuter. La vie court trop vite, il faut la croquer.

Hadrien Bels rend hommage à sa ville natale dans cette ode à la jeunesse sénégalaise, africaine, loin des clichés…

Vibrant de colère et d’humanité, Tu mérites un pays raconte le parcours du combattant d’une exilée dans cette France où l’on n’est jamais tout à fait  » assez français « . L’histoire, aussi, d’une émancipation, portée par une langue à la fois mordante et poétique, singulièrement puissante.

« Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde. « 
Ce sont les mots de Marie-Ange, dans son bureau d’aide aux réfugiés, lorsqu’elle tend à Layla sa convocation pour être naturalisée.
Mais que signifie  » être la jeune femme la plus heureuse du monde « , quand on a laissé là-bas tous les siens, qu’on vit au Dorothy, hôtel insalubre tenu par un marchand de sommeil, et que son job consiste à rendre impeccables les toilettes du café de madame Meng ? Quand le tendre Momo, son ami, sa boussole, est obligé de fermer son merveilleux manège parce que la Mairie de Paris le juge  » trop barbu « , ou que sa colocataire Sadia, sa belle, rebelle Sadia, s’humilie pour une poignée d’euros ?

« Si tu étais si attaché à ta carte d’ouvrier, c’est sans doute parce que tu étais un homme sans titre. Toi qui es né dépossédé, de tout titre de propriété comme de citoyenneté, tu n’auras connu que des titres de transport et de résidence. Le titre en latin veut dire l’inscription. Et si tu étais bien inscrit quelque part en tout petit, ce n’était hélas que pour t’effacer. Tu as figuré sur l’interminable liste des hommes à broyer au travail, comme tant d’autres avant toi à malaxer dans les tranchées. » En lisant Misère de la Kabylie, reportage publié par Camus en 1939, Xavier Le Clerc découvre dans quelles conditions de dénuement son père a grandi. L’auteur retrace le parcours de cet homme courageux, si longtemps absent et mutique, arrivé d’Algérie en 1962, embauché comme manœuvre à la Société métallurgique de Normandie. Ce témoignage captivant est un cri de révolte contre l’injustice et la misère organisée, mais il laisse aussi entendre une voix apaisée qui invite à réfléchir sur les notions d’identité et d’intégration.

Créé en 2011 dans l’académie de La Réunion, le Prix du Roman Métis des Lycéens mobilise depuis sept ans des jeunes et des équipes pédagogiques de La Réunion autour d’une littérature francophone contemporaine, ouverte sur le monde et porteuse de valeurs d’humanisme, de métissage et de diversité.

Les lycéens sont invités à se plonger dans l’univers de 3 romans francophones parus depuis moins d’un an sélectionnés par le jury du Grand Prix du Roman Métis, prix littéraire international de la Ville de Saint-Denis.

10 lycées de l’académie de La Réunion participent à la 13ème édition du Prix du Roman Métis des Lycéens :

– Lycée Le Verger (Sainte-Marie) avec Suzan Le Beaudour, professeure de lettres,
– Lycée Bel Air (Sainte-Suzanne) avec Patrice Boyer, professeur de lettres,
– Lycée Mahatma Gandhi (Saint-André) avec Madly Lambert, professeur de lettres,
– Lycée Leconte de Lisle (Saint-Denis) avec Delphine Moreau, professeure de lettres,
– Lycée Moulin Joli (La Possession) avec Cécile Renard, professeure de lettres,
– Lycée La Salle Maison Blanche (Saint-Paul) avec Stéphane Botte, professeur de lettres,
– Lycée Louis Payen (Saint-Paul) avec Maryline Ragenard, professeure documentaliste,
– Lycée Évariste de Parny (Saint-Paul) avec Isabelle Daquo,
– Lycée Stella (Saint-Leu) avec Marie-Ange Blaizat, professeure documentaliste,
– Lycée Roland Garros (Le Tampon) avec Marie Kelly Lapierre-Ledoyen, professeure de lettres.

Au lycée louis Payen, c’est 25 élèves de 2de et 1ère qui participent cette année au PRML :

101   DION Manon    
102   COUSIN Maryam    
103   BERFEUIL Rohan   GUYOMAR Yuna  
104   GHARSALLAH Nour-Eslem Najiba   HARMEL Louise HERSON-MACAREL Mayana NATO Océane ORY Lisa TOUBOUL Emma  
201   GARDENAT Kyria    
203   BARD Assya Nour   BODIN Joséphine KASSIME Kamel LAGNEAU Maei LARDAL Kassy MAUBLANC Elisa PERFILLON Liyana Banou RAMIN MANGATA Chloé REVRET Heloïse VIRASSAMY Solea ZEGANADIN RAMSAMY Myriam  
206   ESPERANCE Emeline   LEGROS Marine MEREAU-HUET Lilou-Ann

Auteur: Maryline Ragenard

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