Dans le cadre de la semaine de la presse et des médias à l’école, le photographe de l’Agence Vu est venu au lycée rencontrer les élèves de 202.
La rencontre avec Guillaume Herbaut, photographe de l’Agence Vu .
Le photographe arrive d’Ukraine. Il était à Odessa quelques jours plus tôt en reportage. Il nous raconte que la nuit, dans son hôtel, il entend une explosion, un immeuble qui s’effondre sous des bombardements russes. Il y va, et au milieu des gravats et des secours, il photographie un corps recouvert d’un linceul, transporté sur une civière.
Dans le cadre de la semaine de la presse et des médias à l’école, Guillaume Herbaut est à la Réunion, et il est venu nous présenter son métier de photo-reporter.
Aymeric a été marqué par ses débuts de photographe et les raisons pour lesquelles il a choisi ce métier : « Il a eu le désir de devenir photographe vers ses 11 ans. En effet, alors qu’il se trouvait dans la bibliothèque de son quartier il a ouvert un livre de photographies et il était tellement admiratif qu’il a décidé lui aussi de devenir photographe. Il a pris le petit appareil photo de ses parents, et il a commencé à photographier.
« A l’adolescence, précisent Steven, Ayvan et Florian, ce désir est devenu plus fort et il a voulu en faire son métier. Son premier travail photographique l’a amené en bas de chez lui. Avec son appareil photo, il est allé dans son quartier. Il a pris d’autres chemins et sous un pont, il a fait la rencontre d’un SDF sourd et peintre ce sera son premier modèle, mais ce qu’il a découvert alors c’est que grâce à la photographie on pouvait découvrir un monde inconnu de notre quotidien et regarder les choses autrement. »
Aymeric rappelle que ses débuts ont été difficiles : « Mais pour devenir photographe, il a dû alterner entre un travail alimentaire – il était vendeur de valises aux Galeries Lafayette- et des voyages. Son premier voyage l’emmène en Croatie pendant la guerre. Les photographies qu’il ramène ne seront pas retenues dans les journaux. Tous les magazines l’ont « remballé » et ont dénigré son dur labeur. À la suite de ça, Guillaume Herbaut nous a dit qu’il a fait une dépression. Finalement, il n’a pas baissé les bras et il est retourné sur le terrain. C’est en Ukraine surtout qu’il se rendra, un pays dans lequel il va passer 20 ans de sa vie et qui deviendra donc le pilier de sa carrière. »
Smya et Rohan expliquent qu’il ne veut pas être appelé photographe de guerre car ce n’est pas la guerre qu’il veut photographier mais l’Ukraine, la guerre est arrivée après. Il dit que dans ces circonstances, il doit faire face à ses émotions, mais aussi avoir du courage car photographier c’est témoigner.
Avec des années d’expérience, il a développé, dit-il, une éthique de la photographie. Nous avons pu lui poser toutes les questions que nous voulions et ce que nous voulions savoir c’est comment il pouvait photographier des choses aussi terribles que la mort.
Il nous a alors expliqué qu’il était nécessaire de se placer à la bonne distance, pour informer et aussi pour respecter le défunt et sa famille. La guerre lui donne à voir des scènes épouvantables, et il nous a présenté une photographie d’un soldat russe. Il l’a prise en Ukraine à Storozheve après une contre-offensive ukrainienne, en juin 2023. Dans un environnement verdoyant, un cadavre est allongé avec ses côtés un bâton et des canettes de bière. Il nous explique l’image et peu à peu nous nous comprenons la scène qu’il a voulu photographier. Cela nous a tous laissé un sentiment d’effroi, il y a eu dans la salle « un silence qui appartenait à la mort », dit Tom, et il précise également que sa vision de la guerre a changé à ce moment-là.
« Lors de cette rencontre, nous avons découvert le quotidien des photographes en zone de conflits, raconte Tom. Les photoreporters sont au plus près des combats et de leurs atrocités.Ils se préparent mentalement avant de partir en mission. Ils sont toujours en mouvement sur le terrain et parfois même à découvert, où les risques de se faire tuer sont élevés. Lors des missions, ils sont au moins trois : le photographe, le journaliste et le fixer. Le fixer est un intermédiaire entre les journalistes et les militaires ou les civils. Il aide à la traduction ainsi qu’à contacter les personnes à interviewer. En zone de guerre, toutes les habitudes pour se protéger sont bonnes à prendre. Guillaume Herbaut ferme tous les rideaux de sa chambre d’hôtel dès qu’il arrive, pour réduire les bris de verre en cas de bombardements. Habitude qu’il garde où qu’il soit … même chez lui. »
Au début de la rencontre Guillaume Herbaut a accepté de regarder les photographies que nous avions prises des monuments de Saint-Paul, et il a commenté nos images. En insistant sur l’importance du cadrage et des formes géométriques qui structurent l’image, et il nous a aussi conseillé de prendre plusieurs clichés quand on a une idée, pour trouver la bonne photo.
Photographie d’Héloïse, sur la place du monument aux morts, à St Paul.
Les élèves de la 202 du lycée Louis Payen