Sonnet de Marc Irénée

– A toi l’enfant naïf et innocent
– A toi le petit prince inconscient
– A toi sale pédale, tapette et PD
– A toi le monstre , l’abusé et l’opprimé

– Toi qui passais tes nuits à prier
– Alors que d’autres étaient en train de jouer
– Toi qui cachais ta personnalité
– Pour enfin pouvoir réussir à t’intégrer

– N’attends pas la permission des autres pour vivre
– Ton passé à beau t’avoir été arraché
– Le futur, lui reste indéterminé

– Profite de chaque moment, continue de poursuivre
– Tes rêves . Patiente cher enfant . Tu verras,
– Enfin viendra ce jour où la vie te sourira

Sonnet d’Alyssia

Observe une fleur éclore
Hier elle était bourgeon
Demain nous la cueillerons
Or pour l’heure sublimée d’or

Mais réfléchis-y encore
Comme une bouton nous changeons
À l’image des saisons
Espérons revoir l’aurore

Ainsi nous subissons cette douce agonie
Vivre pour mourir ou mourir pour la vie
Alors écoute-moi, toi qui lis ces paroles

Les roses, les tournesols et les azalées
Toi, moi, elle, tous dans la même carriole
Cueille la rose de la vie tant qu’elle n’a pas fané

Sonnet d’Alicia

Un jour sur un arbre une fleur se dépose
Une fleur qui nous titille du coin de l’oeil
Hélas il suffit d’une main qui ne la cueille
Pour qu’en quelques minutes elle se décompose

Et si mes sentiments finissaient par faner
Car je suis seule face à ton indélicatesse
Et si nous finissions par nous laisser tomber
Je n’aurai la force de continuer sans cesse

Las, il n’y a que le premier faux pas qui coûte
Dans la foulée il ne reste que des doutes
Le temps est une échéance qui nous rend fous

Profite de ce jour où l’amour s’offre à toi
Et il suffit d’un acte et l’amour devient flou
Donc désormais cueille les roses devant toi

Sonnet de Maëlle : Le roi des cendres

Ton regard incendiant qui brûlait de haine
Peine aujourd’hui à conserver toutes ses flammes.
La maudite douleur qui coule dans tes veines
Rongera ton coeur damné et ton odieuse âme.

Cette vaniteuse auréole sur ta tête,
Prison de ton peuple, cachot de leurs espoirs.
Ta soif de pouvoir ne laissera qu’un squelette,
Vestige de la présence du désespoir.

Ébloui par la vie, aveuglé par la mort,
Tu as oublié la fragilité du corps,
Tu as laissé ton trône d’onyx s’étioler.

Accepte ton sort, tu as perdu cette lutte.
Le sommeil t’accompagnera dans ta chute.
Par ta fatuité, tes ailes se sont brisées.

 

Illustration réalisée par Imane


Illustration réalisée par Eva T.

Lettre à Louise Labé

 

Le 02 novembre 1555

Parce qu’un tel courage mérite d’être soutenu, parce qu’une telle maîtrise
doit être reconnue et parce qu’une une telle autrice doit être entendue, je
vous adresse cette lettre, à vous, poétesse, dont les mots ne devraient
jamais être perdus.

Chère Louise,
je vous admire, mais on vous l’a certainement déjà dit. Si vous saviez
tous les horizons que votre poésie m’a fait découvrir. Tout d’abord, je
tiens à vous remercier, d’avoir aidé à supprimer, l’image de la femme qui
n’était vue que pour sa beauté. Merci d’avoir fait en sorte que tous ces
hommes prennent conscience, que nous aussi, pouvions faire preuve
d’intelligence. Vous êtes un modèle pour beaucoup d’entre nous, et
probablement une rivale pour beaucoup d’entre eux, qui trouvent
impensable, qu’une femme fasse entendre sa voix. Vous êtes l’une des
premières à le faire, alors soyez-en fière !
Votre poésie m’a éblouie, tant par sa richesse que sa justesse. Elle m’a
fait ressentir tant d’émotions, que j’en ai encore des frissons. Il m’a
semblé que vous abordiez le thème de l’amour de différentes manières,
et laissez-moi donc vous faire part de ce que j’en ai pensé, en étant très
sincère. Ce que j’ai le plus aimé dans votre œuvre, a été de pouvoir
m’identifier, à beaucoup de vos écrits, qui retranscrivaient quelque peu
ma réalité.
Particulièrement dans votre deuxième Élégie, il m’a parfois fallu me
persuader, que vous ne contiez pas ma vie. Dans ce texte vous avez su
évoquer la déception amoureuse avec douceur, mais, par dessus tout, le
sentiment de trahison, qui a certainement détruit de nombreux cœurs.
« Ja en oubli inconstamment est mise/La loyauté que tu m’avais
promise. » De plus, comme le veut le genre élégiaque, vos mots amènent
une atmosphère mélancolique, nous éloignant des histoires d’amour
paradisiaques. Vous décomplexez ainsi les histoires imparfaites, en nous
partageant vos histoires jusque-là gardées secrètes.
Mais également, vous rendez des situations si pénibles beaucoup plus
paisibles. En effet, vous mettez des mots si beaux sur nos maux et
fardeaux. Et, cela est plaisant car nous avons l’impression que ce que
vous écrivez  agit comme une thérapie sur nos blessures passées, ou
toujours inscrites dans nos esprits. : « Comme j’attends, hélas, de jour en
jour/De toi, Ami, le gracieux retour. »
J’aimerais maintenant parler de vos sonnets, qui sont bien plus que de
simples décasyllabes et rimes embrassées. Vos vers mettent l’homme au
centre du désir amoureux, et nous n’avions pas l’habitude de voir cela, ou
du moins que très peu. Vous avez su renverser les codes, et j’espère plus
que tout que cela deviendra une mode. Ces sonnets soulignent
l’importance incontestable de l’amour, que vous évoquez sans détour.
Vous parlez d’un amour toxique et douloureux, comme je l’ai dit plus tôt,
mais aussi d’amour florissant et ainsi de renouveau. Cette ambivalence
entre ces deux amours que nous retrouvons tout au long de l’œuvre,
nous rappelle que l’amour est magnifique peu importe ses épreuves : «
Ainsi Amour inconstamment me mène / Et, quand je pense avoir plus de
douleur, / Sans y penser je me trouve hors de peine. / Puis, quand je
crois ma joie être certaine, / Et être en haut de mon désiré heur, / Il me
remet en mon premier malheur. »
J’ai aussi beaucoup aimé le fait que lire votre poésie nous donne
l’impression de lire un journal intime. Car je pense que pour l’écrire, vous
avez usé de vos souvenirs. Cela se ressent par l’intensité et l’authenticité
de vos dires. Alors merci, merci de nous avoir fait ce récit de votre vie, à
travers des poésies offrant de l’amour à l’infini. Mais surtout merci encore,
de nous avoir fait honneur, à nous femmes qui devons cesser de vivre
dans la peur.

Eva D.

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