Dans le cadre de cadre de l’AP sixième en français les élèves de la classe 608 avaient comme consigne de résumer en images les premières pages de Bilbo le hobbit.
I. Une réception inattendue
Dans un trou vivait un hobbit. Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et humide, rempli de bouts de vers et d’une atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux, sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger : c’était un trou de hobbit, ce qui implique le confort. Il avait une porte tout à fait ronde comme un hublot, peinte en vert, avec un bouton de cuivre jaune bien brillant, exactement au centre. Cette porte ouvrait sur un vestibule en forme de tube, comme un tunnel : un tunnel très confortable, sans fumée, aux murs lambrissés, au sol dallé et garni de tapis ; il était meublé de chaises cirées et de quantité de patères pour les chapeaux et les manteaux – le hobbit aimait les visites.
Le tunnel s’enfonçait assez loin, mais pas tout à fait en droite ligne, dans le flanc de la colline – la Colline, comme tout le monde l’appelait à des lieues alentour – et l’on y voyait maintes petites portes rondes, d’abord d’un côté, puis sur un autre. Le hobbit n’avait pas d’étages à grimper : chambres, salles de bain, caves, réserves (celles-ci nombreuses), penderies (il avait des pièces entières consacrées aux vêtements), cuisines, salles à manger, tout était de plain-pied, et, en fait, dans le même couloir. Les meilleures chambres se trouvaient toutes sur la gauche (en entrant), car elles étaient les seules à avoir des fenêtres, des fenêtres circulaires et profondes, donnant sur le jardin et les prairies qui descendaient au-delà jusqu’à la rivière.
Ce hobbit était un hobbit très cossu, et il s’appelait Baggins. Les Baggins habitaient le voisinage de la Colline depuis des temps immémoriaux et ils étaient très considérés, non pas seulement parce que la plupart d’entre eux étaient riches, mais aussi parce qu’ils n’avaient jamais d’aventures et ne faisaient rien d’inattendu : on savait ce qu’un Baggins allait dire sur n’importe quel sujet sans avoir la peine de le lui demander. Ceci est le récit de la façon dont un Baggins eut une aventure et se trouva dire et faire les choses les plus inattendues. Il se peut qu’il y ait perdu le respect de ses voisins, mais il y gagna… eh bien, vous verrez s’il y gagna quelque chose en fin de compte. La mère de notre hobbit… Mais qu’est-ce que les hobbits ? Je pense que, de nos jours, une description est nécessaire, vu la raréfaction de leur espèce et leur crainte des Grands, comme ils nous appellent.
Ce sont (ou c’étaient) des personnages de taille menue, à peu près la moitié de la nôtre, plus petits donc que les nains barbus. Les hobbits sont imberbes. Il n’y a guère de magie chez eux que celle, tout ordinaire et courante, qui leur permet de disparaître sans bruit et rapidement quand de grands idiots comme vous et moi s’approchent lourdement, en faisant un bruit d’éléphant qu’ils peuvent entendre d’un kilomètre. Ils ont une légère tendance à bedonner ; ils s’habillent de couleurs vives (surtout de vert et de jaune) ; ils ne portent pas de souliers, leurs pieds ayant la plante faite d’un cuir naturel et étant couverts du même poil brun, épais et chaud, que celui qui garnit leur tête et qui est frisé ; ils ont de longs doigts bruns et agiles et de bons visages, et ils rient d’un rire ample et profond (surtout après les repas, qu’ils prennent deux fois par jour quand ils le peuvent). Et maintenant vous en savez assez pour la poursuite de notre récit.
Or donc, la mère de ce hobbit – c’est-à-dire Bilbo Baggins – était la fameuse Belladone Took, l’une des trois remarquables filles du Vieux Took, chef des hobbits qui habitaient de l’autre côté de l’Eau, à savoir la petite rivière coulant au pied de la Colline. On disait souvent (dans les autres familles) qu’au temps jadis l’un des ancêtres Took avait dû épouser une fée. C’était absurde, bien sûr, mais il y avait tout de même chez eux sans nul doute quelque chose qui n’était pas entièrement hobbital et de temps à autre des membres du clan Took se prenaient à avoir des aventures. Ils disparaissaient, et la famille n’en soufflait mot ; mais il n’en restait pas moins que les Took n’étaient pas aussi respectables que les Baggins, bien qu’ils fussent incontestablement plus riches. Ce n’est pas que Belladone Took ait eu des aventures après être devenue Mme Bungo Baggins. Bungo, le père de Bilbo, construisit pour elle (en partie avec son argent) le plus luxueux des trous de hobbit qui se pût voir sous la Colline, sur la Colline ou de l’autre côté de l’Eau, et ils demeurèrent là jusqu’à la fin de leurs jours. Mais si Bilbo, fils unique de Belladone, ressemblait en tout point par les traits et le comportement à une seconde édition de son solide et tranquille père, il devait avoir pris au côté Took une certaine bizarrerie dans sa manière d’être, quelque chose qui ne demandait qu’une occasion pour se révéler. Cette occasion ne se présenta jamais que Bilbo ne fût devenu tout à fait adulte ; il avait alors environ vingt-cinq ans ; il habitait dans le beau trou de hobbit qu’avait construit son père et que j’ai décrit plus haut, et il semblait qu’il s’y fût établi immuablement. Un matin, il y a bien longtemps, du temps que le monde était encore calme, qu’il y avait moins de bruit et davantage de verdure et que les hobbits étaient encore nombreux et prospères, Bilbo Baggins se tenait debout à sa porte après le petit déjeuner, en train de fumer une énorme et longue pipe de bois qui descendait presque jusqu’à ses pieds laineux (et brossés avec soin). Par quelque curieux hasard, vint à passer Gandalf. Gandalf ! Si vous aviez entendu le quart de ce que j’ai entendu raconter à son sujet (et ce que j’ai entendu ne représente qu’une bien petite partie de tout ce qu’il y a à entendre), aucune histoire, fût-ce la plus extraordinaire, ne vous étonnerait. Histoires et aventures jaillissaient de la façon la plus remarquable partout où il allait. Il n’était pas passé par ce chemin au pied de la Colline depuis des éternités, en fait, pas depuis la mort de son ami le Vieux Took, et les hobbits avaient presque oublié son aspect. Il était parti au-delà de la Colline et de l’autre côté de l’Eau pour des affaires personnelles à l’époque où ils n’étaient que des petits hobbits et des petites hobbites. Bilbo, qui ne se doutait de rien, ne vit ce matin-là qu’un vieillard appuyé sur un bâton. L’homme portait un chapeau bleu, haut et pointu, une grande cape grise, une écharpe de même couleur par-dessus laquelle sa longue barbe blanche descendait jusqu’à la taille, et d’immenses bottes noires. « Bonjour ! » dit Bilbo.
Et il était sincère. Le soleil brillait et l’herbe était très verte. Mais Gandalf le regarda de sous ses longs sourcils broussailleux qui dépassaient encore le bord de son chapeau ombreux. « Qu’entendez-vous par là ? dit-il. Me souhaitez-vous le bonjour ou constatez-vous que c’est une bonne journée, que je le veuille ou non, ou que vous vous sentez bien ce matin, ou encore que c’est une journée où il faut être bon ?
— Tout cela à la fois, dit Bilbo. Et c’est une très belle matinée pour fumer une pipe dehors, par-dessus le marché. Si vous en avez une sur vous, asseyez-vous et profitez de mon tabac ! Rien ne presse, nous avons toute la journée devant nous ! » Bilbo s’assit alors sur un banc qui se trouvait à côté de sa porte, croisa les jambes et lança un magnifique rond de fumée grise qui s’éleva sans se rompre et s’en alla en flottant par-dessus la Colline.
« Très joli ! dit Gandalf. Mais je n’ai pas le temps de faire des ronds de fumée ce matin. Je cherche quelqu’un pour prendre part à une aventure que j’arrange, et c’est très difficile à trouver.
— Je le crois aisément – dans ces parages ! Nous sommes des gens simples et tranquilles, et nous n’avons que faire d’aventures. Ce ne sont que de vilaines choses, des sources d’ennuis et de désagréments ! Elles vous mettent en retard pour le dîner ! Je ne vois vraiment pas le plaisir que l’on peut y trouver », dit notre M. Baggins – et il passa un pouce sous ses bretelles, tout en émettant un nouveau rond de fumée encore plus grand que le précédent. Puis il prit son courrier du matin et se mit à lire, faisant semblant de ne plus prêter attention au vieillard. Il avait décidé que celui-ci n’était pas tout à fait de son bord, et il voulait le voir partir. Mais l’autre ne bougea pas. Il restait appuyé sur son bâton, à regarder le hobbit sans rien dire, jusqu’à ce que Bilbo en ressentît une certaine gêne et même quelque irritation. « Bonjour ! dit-il enfin. Nous ne voulons pas d’aventures par ici, je vous remercie ! Vous pourriez essayer au-delà de la Colline ou de l’autre côté de l’Eau. » Il entendait par là que la conversation était terminée.
Voilà quelques uns de leurs travaux.
Enseignantes Mmes Bourdais et Boutier