Dans la rubrique des faits divers du Journal Libération du 22 mai 2005, , celle qu’on appelle la rubrique des “chiens écrasés”, l’entrefilet que voici raconte une anecdote plutôt comique :
19 ans, il voyageait dans le Milan-Paris avec des faux Gucci .Du côté de Modane, les douaniers l’ont verbalisé . Obeïssant, il a payé l’amende avec….de grossiers faux billets de 50 euros. Après avoir failli avaler leur képi, les douaniers l’ont, sur le champ, arrêté.
Il n’est pas rare que des faits divers donnent naissance à des récits : c’est ce qu’a expérimenté Justine, une élève de 3e lors de la semaine d’école ouverte, voici sa nouvelle :
Dylan, mon sauveur….
Aujourd’hui, le 24 septembre, j’ai 25 ans. Il y a maintenant 5 ans que ma mère est décédée. Depuis, ma situation professionnelle était devenue plutôt instable, je vivais seul dans mon petit studio à Milan, où évier et lavabo ne font qu’un . Jusqu’à maintenant j’avais toujours réussi à enchaîner les petits boulots afin de payer mon loyer. Mais cette année je vivais avec 10 euros par jour. Je frôlais l’expulsion de mon studio, jusqu’à ce que je fasse la rencontre de Dylan : il avait fait tomber une pièce et me l’avait gentiment offerte. On était devenu des « amis ». Il était trafiquant, et donc il gagnait bien sa vie, même si c’état de façon illégale . Ce matin-là à ma grande surprise, il y avait un colis plutôt imposant accompagné d’une lettre devant ma porte…
Cette lettre disait : “Cher Jacob, dans ce colis se trouvent plusieurs vêtements de contrefaçon. Enfile un tee-shirt Gucci pour que le client te reconnaisse et livre ça pour moi à Paris. Tu seras très bien récompensé. Surtout sois discret ! (PS : ton ticket pour le trajet Milan-Paris dans le colis accompagné d’une liasse de billet) DYLAN.” Avec cette livraison j’allais enfin remonter la pente. Dylan allait être mon sauveur. J’avais suivi ses instructions à la lettre. Je le trouvais sympathique d’avoir pensé à moi… Mais du côté de Modane, des douaniers m’arrêtèrent et me verbalisèrent car ils avaient remarqué que j’étais vêtu d’un faux Gucci : c’est qu’ils ont l’oeil, et un novice comme moi ne pouvait pas s’en douter. Obéissant, j’ouvris ma sacoche et je sortis en toute naïveté la liasse de billets fournie par Dylan. Je n’avais pas vérifié les billets mais j’avais confiance en Dylan. J’ai donc payé l’amende avec plusieurs billets de 50 euros. Les douaniers paraissaient satisfaits, ils discutaient, pas très loin de moi, en comptabilisant les coupures, quand je les vis revenir vers moi… Ils me demandèrent d’un ton sec de mettre les mains derrière le dos et de me lever. “Petit malin, tu pensais vraiment pouvoir nous duper avec tes grossiers faux billets de 50 euros” me crièrent-ils en me fourrant les billets sous le nez. Dylan venait de me couler. Je me justifiai comme je pus auprès des douaniers en clamant mon innocence : “Ce n’est pas moi le trafiquant dans l’histoire je suis l’intermédiaire entre Dylan et ces clients”. Un des douaniers répliqua : “D’accord, eh bien, dis-nous où se trouve ce cher Dylan ?” Et là j’ai vu comme la chute en enfer, Dylan je ne l’avais jamais contacté… c’est toujours lui qui était venu à moi. Je n’avais aucune échappatoire. Il fallait un coupable, il fallait que j’assume mes fautes. Je les ai laissés me coffrer sans rien dire. De toute façon je n’avais plus rien à perdre. J’ai pris pour 12 ans de prison ferme, vu que j’ai été jugé en tant que trafiquant. Peu après ce jour, d’anciennes connaissances de Dylan, qui bizarrement étaient aussi en prison, m’apprirent que maintenant Dylan faisait son trafic en Belgique. Et moi, aujourd’hui, 24 septembre, j’ai 25 ans, et je suis là , à pourrir en prison, entre 4 murs… à sa place. Justine