Atelier d’écriture du lundi 8 novembre 2021

L’idée cette semaine, c’est de partir de titres . Nous sommes donc tous partis des titres que chacun a tiré au sort parmi ceux que je proposais . Bon….certains ont tiré un titre qui les a inspirés, d’autres n’ont pas été inspirés du tout par leur titre et certains ont donc tiré un deuxième titre…en fin de compte le vote nous offre ces deux textes  de Sardine et Kayko .

 

                                                                                                    LA FAUTE

 

                                                                                                    Elle plia sa couverture en quatre, et la plaça sur le rebord de sa fenêtre pour que son dos puisse être plus confortablement installé que sur le béton, elle prit aussi son oreiller, puis l’adossa contre la vitre . Une fois qu’elle fût sûre que son confort physique serait adapté, elle passa au mental et ouvrit son tiroir pour en déloger son casque, elle le brancha à son téléphone . Elle changea son jean et son tee-shirt contre un simple jogging agréable, et un sweat à capuche . Elle défit sa queue de cheval pour laisser ses cheveux lâches. Elle soupira de lassitude d’avoir tous les jours les mêmes problèmes, les mêmes professeurs racontant les mêmes leçons depuis des années, les mêmes discussions avec sa mère dans la voiture en rentrant de l’école mais encore les mêmes filles faisant des commentaires sur son style vestimentaire et son physique …

                                                                                                     C’était devenu une routine d’être mal dans sa peau, une habitude . Elle décida d’arrêter d’y penser et s’assit enfin sur le rebord de sa fenêtre, elle se recroquevilla sur elle, posant son menton sur ses genoux et entourant ses mollets de ses bras . Elle appuya sur le bouton “play” de sa playlist sur son téléphone et ferma les yeux …

                                                                                                     Elle se sentit peu à peu relaxée, et détendit peu à peu ses épaules, relâcha son visage, arrêta de penser…elle en était incapable, de ne penser à rien, ça y est, elle avait mal à la tête ! Ses parents le lui avaient toujours dit :”Tu réfléchis trop, laisse couler !” Elle repensa à ce que son père lui avait dit : Si tu n’arrives pas à ne plus réfléchir, compte dans ta tête, tu verras, ça occupe !”Elle n’avait jamais compris le fait de compter, pour elle, cela ne lui faisait rien, à part perdre du temps….Alors elle décida juste de regarder le coucher de soleil au loin, faisant ses au revoirs à la ville, et en pensant à la seule personne qui, elle en était sûre, ne quitterait jamais ses pensées…Ce garçon, qui hantait son âme jour et nuits et qui ne voulait pas s’en aller d’ici . Elle avait eu tant d’occasions de lui dire la vérité mais elle s’était toujours dégonflée quelques secondes avant, sentant que ce n’était pas le moment, c’était perdu d’avance ….Mais ne pas lui avoir tout dévoilé la fois dernière avait tout de même été une faute qu’elle ne se pardonnerait jamais .

                                                                                                                                                             (Sardine)

                                                                                                JE M’EN VAIS

                                                                                                Ca y est, c’est le moment, je m’en vais . Je quitte ce petit village que j’aime tant . Je l’aime mais il est trop petit pour mes ambitions, qui elles, sont peut-être trop grandes, cependant j’y crois .

                                                                                                Après tout j’ai toujours voulu faire de la musique . Je gratte les cordes de ma guitare depuis mon plus jeune âge . On dit même que je suis née avec elle .dans les mains . Cela va de soi, je veux intégrer une école de musique et ce n’est hélas pas ici que je la trouverai . Ma valise est fermée, mes chaussures sont lacées, je n’ai plus qu’à sortir . Alors j’attrape la poignée de la porte et l’ouvre d’un petit mouvement de la main . Ils sont là, ils m’attendent : ma mère, elle a presque les larmes aux yeux mais j’arrive à déchiffrer de la fierté dans son regard, mes meilleurs amis me sautent dans les bras à peine ai-je mis un pied dehors. Même le gérant du magasin de disques : c’est sûr qu’il perd un sacré gros client aujourd’hui . Ils vont me manquer, tous autant qu’ils sont , ainsi que ce coin de paradis plein de fleurs et d’amour . Je tourne la tête, mon bus est là, sa peinture jaune et tous les impacts sur la carrosserie me donnent presqu’envie de rester, mais je veux partie . Soudain, j’entends des pas. C’est elle . La personne qui m’a fait aimer cet endroit plus que tout mais aussi celle qui m’a poussé à suivre mes rêves . Elle vient avec moi . Crystal, la merveilleuse chanteuse que j’ai rencontrée ici . Je lui tends la main, elle la prend avant de monter dans le bus en disant au revoir à tout le monde .

                                                                                                    Avant que les portes ne se referment je lance un dernier regard à chacun et j’arrive presque à voir mon père me crier qu’il est fier de moi, une basse accrochée autour du cou…mais la main qui tire mon bras me ramène à la réalité et le visage souriant de Crystal m’amène vers le fond du bus qui me mènera à mon rêve . Enfin, c’est ce que je croyais…

 

                                                                                                                                      Kayko

 

Merci pour vos textes…je trouve très chouette que vous osiez ainsi vous exprimer . Ce n’est pas facile, ni pour vous, ni pour moi, ni pour personne je ne sais pas si à votre âge  j’aurais eu le même courage : quand on écrit ,on se met (un peu) en danger , parfois il sort quelque chose, et parfois rien, et ce n’est pas grave , de même que ce n’est pas grave de ne pas être inspiré tel ou tel jour .

Il peut m’arriver d’avoir envie de donner des conseils, mais quelle valeur auraient-ils ? Ecrire me semble être une fin en soi,  et à force de lire et d’écrire vous allez vous-même vous faire une idée de ce que vous voulez… Mais j’aime bien de temps à autre revenir sur ma bible : Stephen King …il parle sans prétention de son métier, et je ne résiste pas de temps à autre au plaisir de vous lire ( écrire en l’occurence) un extrait à méditer : “Si “Lis beaucoup, écris beaucoup” est le Commandement Suprême (et je vous assure qu’il l’est), que veut dire, en pratique, écrire beaucoup ?

La réponse varie, bien entendu, en fonction des auteurs ? L’une de mes histoires préférées sur le sujet, qui relève sans doute du mythe, concerne James Joyce  ( c’est un grand écrivain irlandais ).Un ami venu lui rendre visite un jour aurait trouvé le grand homme vautré sur sa table de travail, au comble du désespoir . “Qu’est-ce qui ne va pas, James ? demanda l’ami . C’est le travail ?” James hocha la tête sans même lever les yeux sur son ami . Bien entendu c’était son travail, n’était-ce pas toujours son travail ?”Combien de mots as-tu écrits aujourd’hui ?” voulut savoir l’ami .Joyce, toujours désespéré, toujours dans ses feuilles : “Sept….- Sept ? Mais voyons James, c’est bien, au moins pour toi ! – Oui, répondit Joyce, relevant enfin la tête, je suppose….Mais je ne sais pas dans quel ordre les mettre!”

Voilà je me cache derrière Stephen King pour dire, notamment à ceux qui sont en panne d’inspiration qu’il s’agit parfois moins d’écrire beaucoup que…de choisir avec soin chaque mot afin qu’il résonne exactement comme on veut qu’il résonne . Et si on n’en trouve pas tel ou tel jour, quelle importance ? 

 

 

 

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