Nous sommes partis du court extrait d’un des romans de cette écrivaine américaine qui écrit des romans plutôt effrayants…Libre à chacun d’insérer cet extrait à n’importe quelle étape de son récit …
“Voilà, elle était dehors. Elle ne pouvait plus reculer… Elle se glissa dans l’obscurité, longea la vieille (bicoque) abandonnée, atteignit la grande grille en fer du cimetière. Elle préféra ne pas se servir de sa lampe. Elle ne voulait pas risquer d’être vue par un voisin… “
La Fuite….( Par Marmotte )
Elle restait assise sur le bord de son lit, son sac posé à ses pieds . Elle était prête, ou presque : ses affaires attendaient, il ne restait qu’elle, elle et sa peur grandissante . Elle fixait ses pieds, au bord des larmes . Essayant de contrôler le tremblement de ses mains . Pourtant la lune avançait dans le ciel au fil des minutes et bientôt il serait trop tard . Elle avait toujours été une petite fille modèle, jamais elle ne s’emportait . Beaucoup disaient qu’elle était calme, sage, parfaite . D’autres la trouvaient seulement discrète, mais en réalité elle avait peur .
Peur de leur déception, de leur désapprobation , de leur colère, de leur rejet . Elle n’osait plus parler, elle n’était qu’une ombre . Une ombre qui, assise sur le bord de son lit tremblait plus que les feuilles secouées par le vent . Chaque fois qu’elle se calmait, se levant pour partir, son coeur s’emballait et elle retombait mollement sur son lit .
Pourtant, voilà, elle était dehors. Elle ne pouvait plus reculer… Elle se glissa dans l’obscurité, longea la vieille demeure abandonnée, atteignit la grande grille en fer du cimetière. Elle préféra ne pas se servir de sa lampe. Elle ne voulait pas risquer d’être vue par un voisin… Elle avançait à petits pas, chacun la séparant un peu plus de chez elle et l’éloignant un peu plus de sa peur . Marchant dans les allées du cimetière, elle s’allégeait du poids de ses angoisses qui la quittaient doucement . Elle s’arrêta soudain, se pencha sur une tombe, murmurant un seul mot “adieu” . Puis elle s’éloigna en courant dans la nuit, ses boucles blondes éclairées par la lune , le vent sur son visage .
Adieu cette fausse vie, pleine de craintes, adieu ses peurs, adieu ces gens qui la faisaient trembler . Elle était libre, filant sous les étoiles, un fin sourire aux lèvres .
Monstre ( Par Naos )
Voilà, elle était dehors. Elle ne pouvait plus reculer… Elle se glissa dans l’obscurité, longea la vieille (bicoque) abandonnée, atteignit la grande grille en fer du cimetière. Elle préféra ne pas se servir de sa lampe. Elle ne voulait pas risquer d’être vue par un voisin . Mais par chance, le voisin avait organisé une fête, donc on ne la remarquerait pas .
Alors elle rentra dans le cimetière en escaladant le portail en fer . elle passa entre les tombes armée d’une pelle, elle fouilla les plus grosses tombes pour y trouver des bijoux, mais à la place elle trouva un squelette rongé par les rats et elle se dit “Encore ces rats ! Mais ça veut dire que mes dettes, si ça continue comme ça, je ne pourrai jamais les payer !” Elle remonta, reboucha la tombe et partit à la recherche d’autres tombes . A la fin de la soirée, au crépuscule, elle était en train de faire les comptes de ce qu’elle avait trouvé : des dents en or, des bijoux, elle se dit : “Peut-être qu’avec ça je vais pouvoir payer la moitié de mes dettes !”
Arrivée chez le prêteur sur gages, elle récolta 500 dollars .
La nuit suivante, en fouillant une tombe fraîche d’une personne riche, elle voulut aller plus vite que les rats . En ouvrant le cercueil, elle trouva un trou qui amenait à une galerie sous terre . Avec désespoir elle rentra dans la galerie : celle-ci était angoissante, on aurait dit que quelque chose l’avait creusée . Elle entendit un bruit tandis qu’elle avançait, et elle trouva des squelettes humains . A un endroit où elle pouvait se lever, elle vit du coin de l’oeil un monstre . Elle crie, le monstre se réveille et lui court après : on dirait un ours sans poils mélangé à une taupe…elle trébuche…
Adieux d’hiver ( par Sardine)
Rien ne la mettait plus de bonne humeur que les vendredis soirs en famille . Quelques bols de gâteaux apéritif et de grosses couvertures en laine, devant un bon vieux classique . Soit ils étaient trop nombreux, soit la couverture était trop petite ; ils devaient forcément s’entasser les uns sur les autres pour ne pas grelotter du froid de début décembre, où les premiers flocons se posaient sur les fils électriques du quartier, les barrières de chaque maison, et les lampadaires entourés de guirlandes rouges et vertes, qui annonçaient Noël .
Rien ne la mettait plus de bonne humeur que l’odeur des sablés, envahissant la maison, rentrant dans chaque pièce prévenir chaque personne de la fin de la cuisson . Ils étaient, chaque année, faits de la même forme, avec la même recette, et autant d’amour .
Rien ne la mettait plus de bonne humeur que le carton tout poussiéreux et rempli de toutes les boules pailletées soit de retour du grenier . Tout le monde prenant le temps de démêler avec soin les fils et autres décorations rangées à la va-vite l’année d’avant par les mêmes personnes, déçues que la plus belle période de l’année soit passée si rapidement .
Rien ne la mettait plus de bonne humeur quand le thé, brûlant ses mains, la récompensait d’avoir travaillé autant , pour un salon maintenant si bien décoré .
Seulement rien ne la mettait plus en colère que de voir toutes ces traditions disparaître avec lui .
Voilà, elle était dehors . Elle ne pouvait plus reculer… Elle se glissa dans l’obscurité, longea la maison abandonnée, atteignit la grande grille en fer du cimetière . Elle préféra ne pas se servir de sa lampe . Elle ne voulait pas risquer d’être vue par un voisin . Elle erra entre les tombes, hésita sur le chemin qu’elle prenait . Le jour aidait, pour le repérage .Elle finit par trouver, elle s’assit, le souffle court, devant la lourde pierre en marbre blanc, envahi de fleurs séchées par le froid . Et, à bout de force, elle annonça :
“Rien ne sera plus jamais pareil, sans toi .”