« Brain-based learning course : How students really learn ? »
Pendant une semaine, sur le temps des vacances, j’ai eu la chance de participer à un stage de neurosciences axé sur l’optimisation de la connaissance du cerveau afin de faciliter les apprentissages des élèves. Ce stage, mené de manière immersive et efficace par Zsuzsa TOLGYESI, a mêlé connaissances théoriques précises et expériences pratiques où nous avons été mis plusieurs fois par jour dans la situation d’élèves. Cette semaine m’a également permis de rencontrer 15 collègues européens afin d’échanger sur nos pratiques et cultures scolaires, mais aussi de concevoir des projets d’échanges de pratiques à distance, et pourquoi pas, d’échanges scolaires. Enfin, j’ai découvert un peu de la Hongrie, que je ne connaissais pas du tout, à travers sa capitale, Budapest, aux côtés de mes quinze collègues et de mes deux enseignantes hongroises, afin d’échanger notre sentiment d’appartenance à l’union européenne.
Les journées de cours étaient à la fois denses et ludiques, et sollicitaient beaucoup les stagiaires : pas de tables, mais des chaises que nous quittions ou bougions tout le temps, pour travailler avec un maximum de personnes différentes et stimuler nos capacités cognitives de manière toujours différentes et collaboratives.
Puis des principes théoriques-clés inscrivaient ce que nous avions expérimenté afin de pouvoir saisir le sens des exercices que nous avons faits et pouvoir les adapter pour nos élèves. J’ai ainsi retenu des idées directrices, comme :
- – l’importance de la « psychological safety » qui doit justement créer l’ambiance de classe et la sécurité psychologique et affective propices à favoriser l’entrée dans l’activité d’apprentissage. Un exemple concret et facile est le « pre-testing » ludique, afin de vérifier avant d’entamer la notion ce que les élèves savent déjà. Cela leur donne un sentiment de confort et éveille la curiosité sur ce qui va suivre, à savoir les notions et compétences qu’on veut leur transmettre.
- – l’importance de la métacognition. Elle n’est pas simple pour les élèves, et des facteurs comme l’ennui, le découragement, et surtout le stress engendrent des distorsions cognitives auxquels il convient d’être attentif afin de ne pas se heurter à un mur.
- – la manière dont fonctionne la mémoire, et dont les informations nouvelles passent, ou non, dans la mémoire à long terme. Des outils simples et efficaces comme la visualisation sont à privilégier, y compris la visualisation mentale (proposer des analogies, métaphores et histoires pour que l’élève se fasse une image mentale de ce qui est enseigné).
- – l’importance de doser la difficulté. Nous avons étudié le tableau de Mihaly sur le rapport challenge level/ skill level et l’objectif idéal de l’état de « flow ».
C’est-à-dire l’état de curiosité et de motivation idéal pour que l’élève sente qu’il a les compétences pour faire la tâche demandée et ait envie de se frotter à l’exercice. Les deux écueils sont une tâche trop facile pour les compétences de l’élève, ou trop dure, ce qui le plonge ou dans l’ennui, voire l’apathie, ou dans le stress et le découragement.
Nous avons vu des méthodes aidant à atteindre cet idéal de motivation, comme la visualisation (création d’images, de raccourcis mnémotechniques, de cartes mentales, mais aussi de synesthésies, qui associent des émotions ou d’autres sens à l’image) et le « feed back » immédiat, pour que l’élève sache tout de suite ce qu’il en est de son travail, surtout s’il y a des erreurs.
Toutes ces notions nous étaient justement enseignées de la manière préconisée : oralité, jeux, collaboration, outils très visuels, appel à notre créativité, notre humour, nos émotions. Dès le premier jour, cela a donné une excellente impulsion au groupe en créant de la complicité et de la tolérance. Seule francophone du groupe, je me suis sentie suffisamment à l’aise et légitime pour aller vers les autres et travailler avec eux sans timidité. Les pauses étaient courtes mais rituelles et permettaient de tisser des liens avec des collègues avec qui on partage affinités ou envies pédagogiques. J’ai ainsi pu rencontrer une collègue italienne et une collègue espagnole avec qui je continue à échanger par mails et avec qui j’espère pouvoir monter bientôt des projets.
J’ai adoré cette expérience Erasmus, la toute première de ma carrière. Ce fut épuisant physiquement et exigeant sur le plan cognitif (cours denses, exclusivement en anglais ; sollicitations fortes dans chaque activité) mais très formateur pour prendre le temps, pendant six jours entiers, de se poser pour réfléchir vraiment à sa pratique. C’est aussi l’endroit idéal où trouver des partenaires motivés présents pour la même raison que soi, des outils et des idées pour explorer des champs nouveaux. J’espère pouvoir concrétiser mes projets d’échanges avec les collègues européens rencontrés et avoir l’opportunité d’aller plus loin dans cette nouvelle expérience en suivant prochainement une autre formation internationale.