Historique

Julien de Rontaunay 
(1793 - 1863)

Julien GAULTIER de RONTAUNAY est né à Maurice (alors Ile de France) le 5 septembre 1793. Son père, Pierre-Louis, issu d’une famille bretonne de petite noblesse, y débarqua au moment de la Révolution. Capitaine de vaisseau de commerce, il y épousa Antoinette de Senneville, dont il eut 3 enfants : Julien, Adèle et Joseph.

 

Orphelin de père à 7 ans, et de mère à 12 ans, Julien s’engage dès l’âge de 15 ans comme volontaire à bord de la frégate impériale « La Canonnière » pour « aller donner la chasse aux Anglais ». De retour 10 mois plus tard, il participe au combat de la Montagne Longue le 1er décembre 1810. Mais l’île doit capituler : il refuse de prêter serment d’allégeance à l’Angleterre et s’enfuit à l’Ile Bourbon en 1811.

 

Julien de Rontaunay se lance alors dans le commerce avec l’Ile Maurice, l’Inde, puis Madagascar où il fonde des comptoirs sur la côte Est. Après un séjour de 3 ans en métropole (1827-1830), il retrouve son entreprise ruinée mais réussit à rembourser ses créanciers et à la redresser. Il crée une flotte de commerce qui, en 1857, comprendra 19 navires lui appartenant en propre et 47 navires affrétés. A Bourbon, il possède d’immenses propriétés et de nombreuses usines sucrières.

 

Il accepte de multiples charges publiques et devient l’un des plus puissants personnages de l’île : Commandant du bataillon de la milice de Saint-Denis, Président de la Chambre de commerce, membre de la Chambre d’agriculture, Conseiller général, il siège au Conseil colonial, puis au Conseil privé de gouvernement… Il reçut d’ailleurs la Croix de la Légion d’Honneur en 1841, des mains du gouverneur, le Contre-Amiral Louis de Hell.

 

     Julien de Rontaunay acquit également une solide réputation de philanthrope : après le terrible cyclone de 1850, il livre ses stocks de riz à bas prix ; lors de l’épidémie de variole de 1851, il crée  un hôpital au faubourg du Butor, le plus pauvre quartier de la ville à cette époque ; il donne d’importantes subventions aux Frères des écoles chrétiennes et finance des bourses pour l’Ecole des mousses de Nantes ; il fit construire à ses frais la première route du Brûlé, inaugurée en 1854.

 

En 1859, le « Mascareignes », navire à aubes et à vapeur qui lui appartient, arrive avec un contingent de travailleurs engagés venant de la côte africaine, d’une région contaminée par le choléra. Ceux-ci sont débarqués à Saint-Denis, et non à la Grande Chaloupe, et dispersés chez leurs employeurs. L’épidémie se répandit alors dans toute l’île et fit autour de 2500 victimes en quelques semaines (863 à Saint-Denis).

 

     Les officiers du navire seront traduits en cour d’assises et acquittés au bénéfice du doute, mais Rontaunay, cité en tant que témoin, sera traité très durement par le procureur général. Moralement compromis, alors âgé de 67 ans, il se démit de toutes ses fonctions officielles mais poursuivit ses œuvres de bienfaisance.

 

     Julien de Rontaunay mourut subitement dans sa maison du 18, rue de Paris, le 14 janvier 1863. Ses funérailles furent telles qu’on n’en avait jamais vu de pareilles à La Réunion. Il repose au cimetière de l’Est, dans un tombeau de pierre grise, sans nom ni dates, surmonté d’une croix sur laquelle est inscrit le seul mot « Silence ».