Dans le cadre des JEL (Jeunes en Librairie), et pour faire suite à la Semaine créole, les élèves ont pu rencontrer Sully Andoche (conteur réunionnais), le 09 avril 2024 au CDI. Deux classes de 3ème concernées. Un moment inoubliable d’une durée de deux heures, rythmé de la traditionnelle entrée en matière, avec Kriké Kraké. Les contes animaliers ont la part belle et parmi eux, les contes d’origine (ou parkoman) :
– « Plimé » (« c’est depuis ce jour que le coq chante tous les matins »)
– « Prince Moi c Moi » (« comment les crapauds sont nés »)
– Conte de Béképabéké (la morale : Attrape l’amour quand il est encore temps)
D’autres contes dans son œuvre « Sak gramoun té pokor di – Tousa pou di aou : Ala détrwa provèrb èk sirandane kréol »
Ses kriké-kraké accompagnés de vocabulaire, de jeux de mots, d’expressions et sirandanes créoles : bertel, charrette, goni, jacque, gaulette, zinc, zapa, gentil comme un grand lentille, Bob Marley la pik un tête (zourite), ouvre cercueil tire le drap mange le mort (pistache) et autres digressions qui sont des portes par lesquelles le public est invité à entrer pour s’approprier une part de conte.
M Andoche reprend les contes traditionnels saupoudrés de son imaginaire à lui.
Un échange (en créole) et questions s’en suit. M Andoche Sully parle de lui :
D’où vous vient votre inspiration ?
J’aime beaucoup observer la société et, par le biais du conte, cela permet de traiter les défauts des hommes que je vois. Dans le conte de Béképabéké notamment, j’ai eu envie de traiter l’envie l’appât du gain qui souvent l’emporte sur l’amour.
Ma grand mère venant de Saint Joseph me racontait des « zistoir zinvizib ».
Je vous conseille aussi ce livre Anthologie du conte créole réunionnais qui éclaire sur le genre.
Depuis quand êtes-vous rakontèr ?
Depuis plus de 40 ans ! Je faisais partie du groupe musical Ziskakan dans les années 70 et la politique faisait que l’on nous coupait l’électricité parfois parce que les chansons étaient trop engagées. Plus tard, j’ai co-écrit avec Daniel Honoré, Anny Grondin , Céline Huet. J’ai aussi pratiqué l’écriture théâtrale pour la compagnie Ibao du Théâtre sous les arbres.
Quelle est votre histoire préférée ?
« Gran Diabl la fes en or » car c’est complet. Il y a un anti-héros, un opposant, un objet magique… A travers les contes, j’aime véhiculer les traditions mais aussi la langue créole.
Pour vous, à quoi sert le conte ?
Pour moi le conte est un médicament : il nous sert à réfléchir sur notre nature humaine, nos défauts il est éducatif et moralisant. On peut tirer des enseignements à travers lui.
Par ailleurs, dans l’identification du héros, un enfant frustré qui n’est pas en position de force peut trouver un caractère apaisant car tout est possible dans le conte !
C’est le cas aussi des esclaves qui se reconnaissaient en Ti Jean – personnage équivalent aux États unis avec Little John – et pouvaient ainsi, par la magie du conte, inverser les rôles.
Ressentis des élèves :
– ” Sully, ou la rend a mwin gentil kom in grin lenti. ou la pren a mwin sak sé lo band conte et zistoir mon patrimoine”. Mersi de rapel a nou ki sa nou lé mésié Sully, à zamé ou sa res ek mon band” Alizée
– “Sully, mardi, ou la parti tro to kom in bisic dan lo” Maël (ek son Audi A6)
– “Su li ? Na in ta zaffair pou di, ton band text la su résof not kèr” Lyndrinna
– “Kosa in soz? Kel soz? Dan son lodi A7 la fini sorti, li na poin zoursin sou l’bra mé li la fini nir collèz… kosa un soz: sili!”
– “Out ban ti zistoir i fé viv! Ou alim nout kèr ek out zoi de viv. Ton band ti devinette y embeli. Mersi pou out ti veni!”
– “Sully, koz pa tro su li, li té zenti kom in grin lenti, son ti vizaz en dousèr sa rest dan nout ker. Nou tout réuni, nou oubli pa li. Son zentiyès i fé resort son sazess. Mersi pou ce moment. A mwin zenfan, mi offr a ou ce poème en espéran que ou yaim” Maya
– “kan Sully Andoche la ni mardi matin ma ni lékol à pié, au débu mi té pens pa loré té bien drôle, intérésan, mi aim le côté “gramoun” dan le band kozé té kom si navé in lien ent’ li et tout le band moun présen. Personnellement “Prince Mwa cMwa” c’était mon préféré. A refaire ce genre de rencontre lokal!” Jade
– “Mi rapel ti zourné là, ma rigole in ta, plis ke dabitid…Tout sa pou di a ou mersi d’avoir ni”
– “Mi souvien ti matiné là kan in rakontèr la ni war a nou. Mi té kontan, mi té ri, mi té apren, mi té souri. Pendan dé zèr, mi té en zoi, ma senti a mwin konecté ek mon ile, sé pou sa mi di a ou mersi.” Léa
– “Mi la vréman aprécié tout’ band zistoir, lété tré drôle et navé bone morale derièr. Mon zistoir préférée lété sel ek Plimé pars sa malineté lété drôle. Mersi d’être venu et d’avoir égayé nout zourné” Ophélie
Quelques ressources :