Atelier d’écriture du lundi 13 décembre 2021

Dernier atelier d’écriture de l’année : l’odeur de la mer . Bonne lecture et  passez de bonnes fêtes et de bonnes vacances ….


https://www.youtube.com/watch?v=KwwwWz6Ef3I

Comme un bateau en papier

Quand j’étais plus petit, je passais mon temps à faire des bateaux en papier, c’était mon grand-père qui m’avait appris . Je me rappelle encore de ce jour, un jour de pluie, un jour où les nuages rendent la ville encore plus grise qu’elle ne l’est déjà, un jour de juillet où on se demande où est passé le soleil . Certainement à la mer comme toutes ces familles qui partent chaque année .

Il était entré dans ma chambre et m’avait lancé une feuille pendant que je regardais les voitures remplies de valises et d’enfants, et rêvais de devenir marin . Papi disait que j’aurais pu en devenir un excellent, je savais faire toutes sortes de noeuds et passais mon temps à m’imaginer dans un grand navire, mais j’étais un de ces enfants qu’on appelle “enfants de lune”, qui ne peuvent pas goûter à la douceur du soleil et qui vivent sous la lune . Mais y’a pas de marin de lune, alors je naviguais dans mes rêves et fabriquais des bateaux en papier . Je regardais la mer sur les cartes postales du frigo, espérant qu’un jour je la verrais en vrai .

Puis Papi est mort et j’ai arrêté de rêver et en même temps de construire des bateaux en papier . Je regarde sur mon étagère tous ces bateaux que je n’ai jamais jetés . Je les prends et les mets dans ma baignoire comme s’ils vivaient . j’observe leur papier s’imbiber d’eau et se décomposer, j’observe mes bateaux qui se détruisent un par un .

Au fond je suis comme un bateau en papier . Conçu pour naviguer mais qui ne sais même pas à quoi ressemble l’odeur de la mer . Il faut croire que sous la lune, la mer n’a pas d’odeur .

 

Marmotte

 

Qu’est-ce qu’un souvenir quand tu es seul à t’en souvenir ?

Je m’en rappelle comme si c’était hier . Le vent fouettait mes cheveux, la brise légère faisait voleter ma courte jupette . Le bleu pâle du ciel se reflétait sur l’infini de l’océan , le même bleu que tes yeux .

Je me rappelle le clapotis de l’eau, dans laquelle on sautait avec nos bottes rétro . On s’allongeait dans l’herbe claire du champ d’à côté, et on riait aux éclats jusqu’à ne plus pouvoir respirer . Après on allait se balader sur le port, main dans la main . On chantait, on criait, on dansait . On écoutait le bruit des vagues qui s’écrasent contre les rochers . On sentait l’odeur de la mer . On montait sur le phare de la plage pour observer le crépuscule, et parfois l’aube . Et là, tu me chuchotais à l’oreille le refrain de ma chanson préférée . Tu me prenais dans tes bras, et tu m’envoyais dans les airs  . A ce moment précis j’avais l’impression de m’envoler . Jusqu’à ce que tu me rattrapes et que tu m’embrasses tendrement . Et puis on allait s’acheter une glace, toi à la pistache, et moi à la cacahuète . C’était la belle époque, nous n’avions aucun problème et nous étions heureux . On n’avait trouvé le bonheur . Mais ce ne seront jamais plus que des souvenirs . Car jamais plus rien ne sera comme avant . Alors trinquons à nos souvenirs, pour la dernière fois .

 

MJ

 

Souvenir

Je marchais le long de la plage, essuyant mes joues, retirant les torrents de larmes qui s’y déposaient . Je déambulais sans but en essayant de pousser mes pensées vers le large , de faire basculer le monde dans l’eau de la mer, dans les émanations de son odeur, mélangeant sel, soleil, vacances et souvenirs .

Des souvenirs heureux, différents de ceux qui ont pris place maintenant dans ma grosse tête . Les vacances au bord de la mer avec ma mère et mon ami Paulin . Celles où l’on jouait jusqu’à pas d’heure dans le sable, où nous enterrions les coquillages pour piéger les crabes . Je me souviens de cette fois où Paulin et moi étions montés en haut du phare rouge et blanc au bout de la plage . Nous avions sauté de rocher en rocher avant de monter par les escaliers grinçants . J’avais déchiré un bout de tissu de mon bermuda .

Arrivé en haut, le vent était plus fort, mais la vue était splendide . La lumière rougeâtre du coucher du soleil commençait à peine à se refléter sur l’eau, la mer était calme mais elle s’écrasait sur les rochers devant nous rejaillissait en fontaine de couleur, j’étais bouche-bée par ce spectacle et son effet sur les yeux verts de Paulin, je me laissais hypnotiser par ce mélange de nuances regroupées sur cette si petite surface.

Cette petite surface colorée se tourna vers moi et Paulin me sourit . Là, à ce moment, je sentis cette odeur de mer . Une baleine sortit de l’eau et Paulin s’agrippa à la barrière comme à une couverture un soir d’hiver , j’entendis la barrière craquer .

Mon coeur manqua un battement lorsque je vis Paulin tomber dans l’eau . Tout devint plus sombre, le soleil était parti . Je restai là à hurler son nom, dévasté ; jusqu’à ce qu’une mystérieuse chose émerge de l’eau . Le visage heureux de Paulin éclairé par la lune me criant de le rejoindre . J’hésitai, mais finit par sauter . Ce jour-là je perdis l’usage de mes jambes . Pendant neuf ans je ne pus plus marcher et un jour, par miracle, cela revint . Malgré cela, cela reste le plus beau souvenir que j’aie .Comme quoi il y a du bon et du mauvais dans tout, même dans cette odeur, l’odeur de la mer .

 

Kayko

 

 

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