“Fantastique !”… qui d’entre nous n’a pas utilisé cet adjectif pour caractériser quelque chose qui nous transporte, qui nous remplit de joie ou de satisfaction ? Qui, en revanche, sait que cela vient du mot “phantastikos”, en grec, qui signifie “irréel….imaginaire…” ?
C’est ce à quoi nous nous essayons d’intéresser nos élèves de quatrième, ce “genre fantastique”, un genre littéraire dans lequel la réalité se voit troublée par des éléments surnaturels, sans que le lecteur puisse décider si ces éléments sont le fruit d’une imagination malade, fatiguée, ou dérangée, ou s’ils existent vraiment : c’est cette incertitude qui fait l’oeuvre “fantastique”…
les élèves l’apprennent au fil des cours et des lectures, et le mettent généralement en pratique en écrivant des nouvelles (récits courts) fantastiques.
Ils savent qu’il ne suffit pas de raconter une histoire abracadabrante ou délirante pour créer une atmosphère fantastique, non, il faut une histoire bien réelle, la vie de tous les jours en quelque sorte, perturbée par l’incertitude fantastique. “le fantastique occupe le temps de cette incertitude” écrivait Tzvetan Todorov (1939-2017), universitaire de renom. Et ce n’est pas facile de donner au lecteur ce “doute”… les élèves s’y sont essayés, et dès lors qu’ils avaient bien suivi, bien lu les textes parfois difficiles qui leur étaient proposés, eh bien ils sont parvenus à des résultats parfois très encourageants, dont nous vous livrons quelques exemples.
Anna D. par exemple (4G) nous propose cette nouvelle “fantastique” qu’elle a écrite seule, dans le cadre de l’atelier d’écriture de fin de séquence sur la littérature fantastique. Je me suis permis d’en modifier le titre, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas mais elle me le dira si c’est le cas ! Prenez connaissance de cet extrait, et si vous appréciez, vous pourrez bientôt poursuivre votre lecture et lire des nouvelles de la même classe sur le padlet suivant dont l’adresse figure à la fin de l’extrait.
La force d’un amour par Anna D.
Yolène était une personne déçue de la vie depuis notre disparition, à moi et Thomas notre fils unique, dans une forêt en Afrique, lors d’un voyage. Depuis deux ans elle était triste. Elle vivait dans une maisonnette sinistre dans la campagne de Normandie. Sa maison était délabrée, abîmée par l’humidité, des meubles tellement anciens qu’ils se décomposaient de jour en jour ; des fauteuils déchirés, un toit troué, un jardin envahi d’herbes folles, non coupées depuis le précédent hiver. Une maison presque inhabitable.
Elle était complètement coupée du monde, une à deux voitures passaient, chaque jour ; cette femme vivait tellement isolée qu’elle n’avait plus la notion du temps. Toute la journée, elle restait assise sur sa terrasse à observer les oiseaux voler, ou les câbles électriques qui se détachaient et se balançaient au vent.
Elle possédait une photo de nous trois qu’un Anglais avait prise lors des vacances de neige, dans les Alpes. Elle la contemplait souvent, en pensant à nous. Nous étions une famille très soudée, avec la joie de vivre. Tous les soirs on regardait un film, et on mangeait des popcorns. Tout étit fini. Plus de films, plus de popcorns, désormais les soirées étaient tristes. Un soir, où la nuit était sombre, tellement sombre qu’elle ne voyait plus le petit clocher blanc en face de chez elle… La suite sur https://padlet.com/guygeoffroyschippers/b7fsdhq1up5g
Parenthèse fantastique : Le chat de l’orphelinat par Victor C. et Jérémy T. Victor C. et son camarade Jérémy nous propose cette nouvelle simple , efficace, et chargée d’émotion…
J’étais petit, j’avais cinq ans je crois, j’entendais ma mère crier, un homme la battait.. . Un jour elle ne l’a pas supporté, elle est morte, tuée par l’homme qui prétendait être mon père. J’avais toujours détesté cet homme. Après ce drame, il m’avait déposé à l’orphelinat et il était parti.
Depuis ce jour, j’étais traumatisé, je n’avais plus revu mon ‘père’. Les autres enfants de l’orphelinat me prennent pour un fou, mais moi, j’ai juste peur, je suis distant avec les autres et je n’ai pas d’amis . Je suis triste et j’aimerais que ma mère soit toujours avec moi dans ce monde . Maintenant j’ai douze ans et j’attends de voir ce que la vie me réserve d’autre…
Ce fameux orphelinat ne se trouve pas très loin de mon ancien ‘chez-moi’. Il est immense et très vieux, les murs sont lézardés. Seule la moitié du bâtiment est utilisée, l’autre est interdite d’accès car à tout moment les murs peuvent s’effondrer… Si la suite de cette nouvelle vous intéresse, rendez-vous à l’adresse suivante : https://padlet.com/guygeoffroyschippers/bvgbrrhq4kdy”
Autre exemple, un travail de Shanna L., Ines P. et Amel L : le récit a un peu de mal à démarrer, il se cherche, il hésite entre la forme d’un conte et celle d’une nouvelle… mais il va bientôt prendre son rythme, et vous allez voir que le lecteur finira par accrocher…
Dans les montagnes, se trouvait une forêt très sombre où personne n’aurait imaginé un signe de vie ; on pouvait apercevoir parfois quelques écureuils, et des bêtes sauvages, comme on n’en verrait jamais à Paris . Quand on entrait dans la “forêt des Ténèbres”, on passait du jour à la nuit, pas de lumière, pas de lampadaire pour éclairer un petit ruisseau dont l’eau était toujours froide, mais dans laquelle il n’y avait aucun poisson.
Trois chemins, à l’entrée, s’enfonçaient dans cette forêt. Un chemin menait chez moi, celui du milieu. Pour venir jusque chez moi, il y avait des racines d’arbres, là où ma mère était tombée, cette chute avait marqué notre famille car depuis cela ma mère était handicapée : nous devions demeurer dans cette forêt pour toujours car nous n’avions ni les moyens financiers, ni les moyens physiques de partir.
J’ai l’impression que dans ma vie, je n’ai pas eu de chance, car je ne peux ni parler, ni jouer avec mes semblables, mes seuls amis sont les animaux de la forêt, que je suis obligée de côtoyer, et mes parents ne me comprennent pas toujours car je suis… muette. Je mène une vie à peu près normale car tous les jours je fais la même chose, je sors jouer, je mange des fraises sur le chemin, je soigne les animaux quand ils ont des problèmes. Mes journées ne se ressemblent jamais . Je souhaite qu’un événement vienne perturber ma vie. J’aime chanter, mais jamais un producteur ne passera dans cette forêt, et je chantonne… mais le son de ma voix ne sort pas : être muette, c’est un gros handicap.
Ce soir, nous n’avons pas beaucoup mangé : deux fraises, nous étions en difficulté car toute cette semaine, la pluie n’avait pas cessé de tomber, et lorsqu’il pleut, nous sommes inondés, nous ne prenons pas le risque de sortir à cause de l’accident de ma mère, nous nous méfions de beaucoup de choses. Je pars me coucher en ayant encore faim. Au matin, je me réveille et constate que mon père n’est pas là. Ma mère m’apprend qu’il est parti chercher à manger au village depuis sept heures. J’avais faim car je n’avais rien avalé depuis des heures, mais cela m’étais déjà arrivé, alors je pouvais le supporter. Vers 18 heures, mon père rentra : nous mangeâmes bien et je partis dormir le ventre plein.
Si la suite de cette nouvelle vous intéresse, rendez-vous à cette adresse : https://padlet.com/guygeoffroyschippers/b7fsdhq1up5g
Cette nouvelle de Noémie C., Justine M., Amandine B. et Candide L se déroule sur fond d’enquête policière, une idée originale et intéressante…
Jack Peyter, étudiant dans l’université de Stamford au Etats-Unis menait une vie ordinaire . Jusqu’au jour ou …Monsieur Lucien JoliCoeur fait appel à cette Université pour le meurtre de sa femme Patricia JoliCoeur.
J’avais pris pour habitude depuis quelque temps de regarder avant de me coucher, une série sur des enquêtes non résolues. Ce soir-là, ma série parlait du meurtre d’une femme nommée Patricia JoliCoeur. On soupçonnait son mari Lucien JoliCoeur de l’avoir tuée. Les enquêteurs étaient dans le doute, je regardais beaucoup de séries dans ce genre. Mais en voyant celle-là je me sentis comme concerné, je restais sur ma faim, je voulais en savoir plus, mais les autres indices devaient rester dans le secret professionnel. L’heure de me coucher arriva sans trop tarder, cette nuit-là n’était pas comme les autres. Je me réveillais tout le temps, je rêvais de cette femme morte comme si elle était dans ma chambre. Elle avait l’air de vouloir me dire quelque chose mais quoi… ? Après cette affreuse nuit, le jour se lève enfin et je pris mes cachets, des compléments contre la fatigue passagère, je finis de me préparer et je partis à l’université. Ce jour-là, je commençais par un cour de criminologie, cela m’intéressait énormément, je souhaitais travailler un jour dans ce domaine. Notre professeur arriva essoufflé avec un immense sourire. Nous ne l’avions jamais vu aussi souriant. Je m’attendais au pire, un contrôle surprise, les résultats catastrophiques de notre dernier contrôle ? Mais non, rien de tout cela, nous allions travailler sur une enquête bientôt classée. Je fus émerveillée, mon plus grand rêve se réalisait enfin. Vers la fin de l’heure, le professeur ne nous avait toujours pas dit quel était le nom de la victime, cela me troublait énormément. A la fin du cours je ne pus m’empêcher d’aller le voir et de lui poser la question, mais, à ma grande surprise , il ne voulait rien me dire. Je me rendis alors compte qu’il devait nous cacher énormément de choses.
Discrètement, en partant, je jetai un coup d’œil sur son bureau et remarquai que la victime se nommait Patricia JoliCoeur. Une coque ( expression bizarre…) se créa en moi sans réellement savoir pourquoi. Le lendemain, nous nous rendions sur le terrain du meurtre, c’était une maison abandonnée. Elle était dans un quartier sombre et isolé. La maison était grande et la plupart des murs étaient lézardés…..
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