“L’Industrielle Sucrière de Bourbon a subi le 27 novembre 1984 la perte de son Directeur de la Sucrerie de Grand-Bois, M. Emilien Adam de Villiers. Mort brutale absolument inattendue, que rien ne laissait prévoir, et qui a frappé de stupeur tous ceux qui le connaissaient.
Bien des gens ne réalisent pas entièrement l’importance d’une pareille perte. Elle a été un coup terrible pour sa famille, mais l’usine et son personnel, la Société, la Commune et les planteurs de GB perdent aussi un chef, un Directeur et un Agent dont l’harmonie et la prospérité générales dépendaient directement.
Emilien Adam de Villiers est né le 28 juin 1928. Il entra à 6 ans à l’Ecole St-Charles à St-Pierre, passa au Lycée Leconte de Lisle à St-Denis où il resta deux ans, puis au Séminaire de Cilaos où il demeura trois ans et termina ses études au Lycée de St-Denis. II quitta l’Ile pour les poursuivre à l’Institut Catholique de Lille, dont il revient en 1950.
Il suivit le travail intense et continu de son père à l’usine, et cette formation active et efficace devait le marquer définitivement. II se passionna très vite pour ce métier, devint pour son père un collaborateur précieux si bien qu’à la retraite d’Armand (en 1965 ce dernier eut également une mort prématurée en 1979) il prit tout naturellement la suite sans que cette rupture se fit sentir. II avait la passion de la mécanique, combinait et mettait en place des appareils automatiques de contrôle qu’il concevait et montait lui-même.
II était excellent cavalier et prit part à plusieurs concours Hippiques. Mais il se passionna également pour l’aviation, possédait un, puis deux avions, et passait son congé en France à se perfectionner en pilotage et voltige aérienne. Les badauds ont pu suivre parfois ses acrobaties dans le ciel Saint-Pierrois. Modeste et discret, il ne cherchait jamais à “épater” les gens et agissait par plaisir personnel.
Strict sur le travail; les horaires et l’assiduité, il aidait les ouvriers et les employés dans les évènements et accidents familiaux qui pouvaient survenir et est souvent intervenu auprès de son Directeur Général pour faire obtenir une aide spéciale à l’un ou à l’autre. II était de ce fait respecté de tous et aimé de beaucoup. Vis-à-vis des planteurs, il défendait les intérêts de l’usine lorsqu’ils étaient menacés, mais restait compréhensif et ouvert à leur remarques.
Il était difficile de l’approcher sans l’apprécier et l’auteur de ces lignes avait pour lui une estime et une amitié qui n’ont jamais été altérées.
On réalise son pouvoir d’attraction lorsqu’on connait l’admiration et l’attachement qu’éprouvait pour lui l’ancien Directeur d’Elgin à Durban, M. Guy Jehring, qui a été très ému de sa disparition.”
E. Hugot