La FRAPE met à l’épreuve des élèves du collège Jean Lafosse
Pour la première fois, des élèves du collège ont participé au Concours d’orthographe sur le niveau 3ème organisé par la Fédération Réunionnaise des Associations de Parents d’Élèves. Deux élèves de la 3ème Cannelle à l’issue des sélections sur un texte déroutant extrait de La Mise à Mort de Louis Aragon, Camille Gonthier et Laureen Lebreton ont été invitées à participer à la finale le mercredi 25 mai au siège de l’AAPSL rue Saint-Julien à Saint-Louis en présence de leurs concurrents des autres établissements saint-louisiens. Camille Gonthier a remporté une deuxième position honorable après un extrait peu aisé de Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry. Si vous souhaitez tester vos connaissances orthographiques, voici ci-dessous les textes des épreuves.
Eliminatoires
J’ai rêvé d’un pays où l’hiver défaisait le printemps, mais ceux qui n’avaient qu’un manteau le déchiraient pour envelopper la tendresse des pousses.
J’ai rêvé d’un pays qui avait mis au monde un enfant infirme appelé l’avenir…
J’ai rêvé d’un pays où toute chose de souffrance avait droit à la cicatrice. Un pays qui riait comme le soleil à travers la pluie, et se refaisait avec des bouts de bois le bonheur d’une chaise, avec des mots merveilleux la dignité de vivre.
Et comme il était riche d’être pauvre, et comme il trouvait pauvres les gens d’ailleurs couverts d’argent et d’or ! C’était le temps où je parcourais cette apocalypse à l’envers, et tout manquait à l’existence.
Ah ! Qui dira le prix d’un clou ? Mais c’étaient les chantiers de ce qui va venir, et qu’au rabot les copeaux étaient blonds, et douce aux pieds la boue, et plus forte que le vent la chanson d’homme à la lèvre gercée !
J’ai rêvé d’un pays tout le long de ma vie, un pays qui ressemble à la douceur d’aimer, à l’amère douceur d’aimer.
Louis Aragon, La Mise à Mort
Finale
Il était quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j’aimais. Peu importait qu’elle fût éloignée ou proche , qu’elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m’abriter, réduite ici au rôle de songe: il suffisait qu’elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n’étais plus ce corps échoué sur une grève, je m’orientais, j’étais l’enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l’avaient animée. Et jusqu’au chant des grenouilles dans les mares qui venaient ici me rejoindre. J’avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences étaient fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles mêmes se taisaient.
Non, je ne logeais plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu’un message froid. Et ce goût même d’éternité que j’avais cru tenir de lui, j’en découvrais maintenant l’origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s’entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige.
Saint-Exupéry, Terre des hommes.
Pour la troisième année consécutive des élèves du collège Jean Lafosse sont récompensés dans la catégorie Poésie- Slam. La classe de 4ème Letchi a participé cette année au concours organisé par la Frape et relayé localement par l’Association d’Aide aux Parents de Saint-Louis. Après avoir rédigé leurs productions au mois d’avril en groupes ou individuellement sur le thème de l’Ouverture sur le monde, cinq d’entre eux ont été sélectionnés pour se présenter à la finale le mercredi 1er juin 2016 dans les locaux Saint-Louisiens de l’association. Après une mise en voix de leur production et un entretien avec le jury, les trois premiers ont été récompensés lors d’une cérémonie de remise des prix le samedi 18 juin 2016 en présence des membres officiels et des nombreux sponsors de ce concours. Cette cérémonie s’est voulue dans l’air du temps et plus particulièrement de la réforme des collèges puisqu’elle a tenu à coiffer les premiers de chaque catégorie du Mortarboard ou de l’Oxford Cap rappelant ainsi la cérémonie anglo-saxonne de remise de diplômes.
Voici les cinq finalistes:
BACAR HOUMADI Zinédine
FONTAINE Ophélie
LAMOLY Rudy
NASSUR Aboubacar
WAFOUNDI Binti
Retrouvez-les en VIDEO:Concours de Poésie Slam 2016
Voici quelques unes de leurs compositions:
La Nature
La nature amie des animaux,
Nous permet de respirer
Comme une balade en bateau
Nous fait voyager
Comme un oiseau au-dessus de la mer
Nous fait rêver
L’eau peut nous transporter
vers de nouveaux horizons
Nous pensons nous en aller
A Milan ou à Dijon
Les mangues bien sucrées de la Réunion
Vont nous manquer
Mais dans des endroits secrets
Nous pouvons trouver
De nouveaux mets
Qui nous rappelleront nos plats épicés
Aboubacar Nassur
On aimerait que nous mères ne souffrent jamais
Que nos actes ne leur fassent pas verser de larmes
On aimerait pouvoir être l’enfant parfait
Celui qu’elles voudraient qu’on soit
Mais ce monde nous détourne du droit chemin
Ne jamais la voir pleurer ni triste
Notre mère est la seule personne qui a toujours aimé
Elles ont tout laissé pour nous, tout sacrifié
Celle qui nous a donné la vie
Celle qui pourrait nous donner la sienne si besoin
Je pense à ceux qui ont perdu leur mère.
Ma mère est tout ce que j’ai de plus précieux au monde
Si un jour elle part
J’aimerais m’en aller avec elle
Elle s’est occupée de moi depuis petite jusqu’à aujourd’hui
Elle a travaillé dur pour pouvoir nous donner à manger
Pour moi c’est ma seule famille.
Mon père ne pourra jamais remplacer ce que ma mère m’a donné.
Ma mère, c’est ma fenêtre sur le monde.
Binti Wafoundi
Le monde est plutôt cruel.
Mes rêves sont souvent irréels.
C’est triste de se prendre une pelle.
Quand tu me regardes,
Tu me crois dans les nuages,
Mas ça tu le sais pas,
Qu’au fond de moi il y a de la rage
Heureusement à chaque fois quand je tourne des pages
Je me vois sur la plage.
Rudy Lamoly
L’épicerie
Quand l’épicerie s’ouvre tôt tous les matins
Sur mon nuage blanc je me laisse emporter
Comme si j’allais enfin sauter dans un train
Pour pouvoir tout apprendre et tout visiter
Parmi les allées aux odeurs extravagantes
Cannelle, safran, paprika me chavirent d’envie
Ô mille et une couleurs extrêmement élégantes
Qui m’émerveillent et de temps à autre me sourient
Dissimulées au fond dans des paniers dorés
J’entends chanter au loin mes épices préférées
A l’autre bout du monde on s’y croirait et
Si bien qu’avec elles on danserait tout l’été.
Ophélie Fontaine