Concours de la FRAPE 2016

La FRAPE met à l’épreuve des élèves du collège Jean Lafosse

Pour la première fois, des élèves du collège ont participé au Concours d’orthographe sur le niveau 3ème organisé par la Fédération Réunionnaise des Associations de Parents d’Élèves. Deux élèves de la 3ème Cannelle à l’issue des sélections sur un texte déroutant extrait de La Mise à Mort de Louis Aragon, Camille Gonthier et Laureen Lebreton ont été invitées à participer à la finale le mercredi 25 mai au siège de l’AAPSL rue Saint-Julien à Saint-Louis en présence de leurs concurrents des autres établissements saint-louisiens. Camille Gonthier a remporté une deuxième position honorable après un extrait peu aisé de Terre des hommes d’Antoine de Saint-Exupéry. Si vous souhaitez tester vos connaissances orthographiques, voici ci-dessous les textes des épreuves.

Eliminatoires

J’ai rêvé d’un pays où l’hiver défaisait le printemps, mais ceux qui n’avaient qu’un manteau le déchiraient pour envelopper la tendresse des pousses.

J’ai rêvé d’un pays qui avait mis au monde un enfant infirme appelé l’avenir…

J’ai rêvé d’un pays où toute chose de souffrance avait droit à la cicatrice. Un pays qui riait comme le soleil à travers la pluie, et se refaisait avec des bouts de bois le bonheur d’une chaise, avec des mots merveilleux la dignité de vivre.

Et comme il était riche d’être pauvre, et comme il trouvait pauvres les gens d’ailleurs couverts d’argent et d’or ! C’était le temps où je parcourais cette apocalypse à l’envers, et tout manquait à l’existence.

Ah ! Qui dira le prix d’un clou ? Mais c’étaient les chantiers de ce qui va venir, et qu’au rabot les copeaux étaient blonds, et douce aux pieds la boue, et plus forte que le vent la chanson d’homme à la lèvre gercée !
J’ai rêvé d’un pays tout le long de ma vie, un pays qui ressemble à la douceur d’aimer, à l’amère douceur d’aimer.

Louis Aragon, La Mise à Mort

Finale

Il était quelque part, un parc chargé de sapins noirs et de tilleuls, et une vieille maison que j’aimais. Peu importait qu’elle fût éloignée ou proche , qu’elle ne pût ni me réchauffer dans ma chair ni m’abriter, réduite ici au rôle de songe: il suffisait qu’elle existât pour remplir ma nuit de sa présence. Je n’étais plus ce corps échoué sur une grève, je m’orientais, j’étais l’enfant de cette maison, plein du souvenir de ses odeurs, plein de la fraîcheur de ses vestibules, plein des voix qui l’avaient animée. Et jusqu’au chant des grenouilles dans les mares qui venaient ici me rejoindre. J’avais besoin de ces mille repères pour me reconnaître moi-même, pour découvrir de quelles absences étaient fait le goût de ce désert, pour trouver un sens à ce silence fait de mille silences, où les grenouilles mêmes se taisaient.

Non, je ne logeais plus entre le sable et les étoiles. Je ne recevais plus du décor qu’un message froid. Et ce goût même d’éternité que j’avais cru tenir de lui, j’en découvrais maintenant l’origine. Je revoyais les grandes armoires solennelles de la maison. Elles s’entrouvraient sur des piles de draps blancs comme neige.

Saint-Exupéry, Terre des hommes.

Pour la troisième année consécutive des élèves du collège Jean Lafosse sont récompensés dans la catégorie Poésie- Slam. La classe de 4ème Letchi a participé cette année au concours organisé par la Frape et relayé localement par l’Association d’Aide aux Parents de Saint-Louis. Après avoir rédigé leurs productions au mois d’avril en groupes ou individuellement sur le thème de l’Ouverture sur le monde, cinq d’entre eux ont été sélectionnés pour se présenter à la finale le mercredi 1er juin 2016 dans les locaux Saint-Louisiens de l’association. Après une mise en voix de leur production et un entretien avec le jury, les trois premiers ont été récompensés lors d’une cérémonie de remise des prix le samedi 18 juin 2016 en présence des membres officiels et des nombreux sponsors de ce concours. Cette cérémonie s’est voulue dans l’air du temps et plus particulièrement de la réforme des collèges puisqu’elle a tenu à coiffer les premiers de chaque catégorie du Mortarboard ou de l’Oxford Cap rappelant ainsi la cérémonie anglo-saxonne de remise de diplômes.

Voici les cinq finalistes:

BACAR HOUMADI Zinédine

FONTAINE Ophélie

LAMOLY Rudy

NASSUR Aboubacar

WAFOUNDI Binti

laureats_frape

Retrouvez-les en VIDEO:Concours de Poésie Slam 2016

Voici quelques unes de leurs compositions:

La Nature

La nature amie des animaux,

Nous permet de respirer

Comme une balade en bateau

Nous fait voyager

Comme un oiseau au-dessus de la mer

Nous fait rêver

L’eau peut nous transporter

vers de nouveaux horizons

Nous pensons nous en aller

A Milan ou à Dijon

Les mangues bien sucrées de la Réunion

Vont nous manquer

Mais dans des endroits secrets

Nous pouvons trouver

De nouveaux mets

Qui nous rappelleront nos plats épicés

Aboubacar Nassur

On aimerait que nous mères ne souffrent jamais

Que nos actes ne leur fassent pas verser de larmes

On aimerait pouvoir être l’enfant parfait

Celui qu’elles voudraient qu’on soit

Mais ce monde nous détourne du droit chemin

Ne jamais la voir pleurer ni triste

Notre mère est la seule personne qui a toujours aimé

Elles ont tout laissé pour nous, tout sacrifié

Celle qui nous a donné la vie

Celle qui pourrait nous donner la sienne si besoin

Je pense à ceux qui ont perdu leur mère.

Ma mère est tout ce que j’ai de plus précieux au monde

Si un jour elle part

J’aimerais m’en aller avec elle

Elle s’est occupée de moi depuis petite jusqu’à aujourd’hui

Elle a travaillé dur pour pouvoir nous donner à manger

Pour moi c’est ma seule famille.

Mon père ne pourra jamais remplacer ce que ma mère m’a donné.

Ma mère, c’est ma fenêtre sur le monde.

Binti Wafoundi

Le monde est plutôt cruel.

Mes rêves sont souvent irréels.

C’est triste de se prendre une pelle.

Quand tu me regardes,

Tu me crois dans les nuages,

Mas ça tu le sais pas,

Qu’au fond de moi il y a de la rage

Heureusement à chaque fois quand je tourne des pages

Je me vois sur la plage.

Rudy Lamoly

L’épicerie

Quand l’épicerie s’ouvre tôt tous les matins

Sur mon nuage blanc je me laisse emporter

Comme si j’allais enfin sauter dans un train

Pour pouvoir tout apprendre et tout visiter

Parmi les allées aux odeurs extravagantes

Cannelle, safran, paprika me chavirent d’envie

Ô mille et une couleurs extrêmement élégantes

Qui m’émerveillent et de temps à autre me sourient

Dissimulées au fond dans des paniers dorés

J’entends chanter au loin mes épices préférées

A l’autre bout du monde on s’y croirait et

Si bien qu’avec elles on danserait tout l’été.

Ophélie Fontaine