La compréhension d’un texte est une tâche complexe pour un jeune élève. Les neurosciences cognitives nous apprennent que cette tâche sollicite énormément l’hémisphère gauche de l’élève. Alors, peut-on réduire cette “charge cognitive” en instrumentant l’apprentissage pour en favoriser l’inculcation ?
L’utilisation de la carte mentale le permet. Les recherches de David A. Boley, Professeur à l’Université américaine John Hopkins le démontre. Il a mené une étude pilote sur deux groupes d’étudiants. L’un avait le droit de faire appel à la technique de la carte mentale dans ses apprentissages. Ils pouvaient aussi utiliser des modèles de cartes mentales prêts à l’emploi dans divers domaines. Il a mesuré un taux de réussite aux tests supérieur de 12% à l’autre groupe qui n’y avait pas accès. Dans une deuxième phase, la même approche est mise en place pour le deuxième groupe. L’utilisation des cartes mentales est poussée pour leur apprentissage. Le résultat des tests montre que le deuxième groupe voit lui aussi son taux de réussite augmenté dans les mêmes proportions. Les résultats de l’étude semblent indiquer que l’utilisation des cartes mentales a un impact réel sur les performances des élèves. Plusieurs autres études vont dans le même sens.
Carte mentale et fonctionnement du cerveau
Le cerveau est composé de deux hémisphères. Chacun contient des aires qui sont (ceux sont) spécialisées. L’hémisphère gauche gère la “parole” et l’abstraction. Cette partie est constamment sollicitée dans les activités de langage. C’est aussi celle de la pensée analytique et logique. Nos modalités d’enseignement sollicite essentiellement l’hémisphère gauche.
L’hémisphère droit gère la “perception”. Il peut traiter plusieurs informations en “simultané”. Cet hémisphère est dans la perception globale et dans la synthèse. Il est associé à l’imagination et la création.
Physiquement 40 % des fibres nerveuses connectées au cerveau sont liées à la rétine. On sait que 80 % des personnes se souviennent de ce qu’ils voient. C’est aussi 65 % des personnes qui apprennent visuellement. Donc l’usage d’une carte mentale peut avoir un impact significatif sur l’apprentissage pour une partie des élèves. Elle permet de “sortir” la pensée de l’esprit pour la matérialiser physiquement en permettant aussi une organisation des idées dans un schéma arborescent.
Cette transposition devant les yeux, permet de hiérarchiser les données, de les analyser, de les enrichir et de les mettre en liaison.
Cet outil permet :
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- de matérialiser des idées
- d’utiliser les deux hémisphères du cerveau,
- d’offrir une représentation visuelle personnelle,
- de donner une vue synthétique d’un sujet complexe.
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En quoi les cartes mentales sont-elles un facteur d’autonomie ?
La construction d’une carte mentale permet à l’élève de collecter ses idées et de les hiérarchiser. Elle donne simultanément une perception globale et des détails du sujet que l’on traite. Chaque carte mentale est une projection personnelle. Il y a une implication de l’élève pour obtenir un résultat pratique et agréable à regarder. Il a sous son regard non seulement une représentation globale, mais aussi le détail. Il peut à tout moment intervenir sur sa carte pour ajouter/retirer et modifier les relations.
Cet outil offre un cadre qui permet la concentration et renforce la confiance en soi. Il facilite l’autonomie, en production ou en mémorisation. Cet outil dans certains cas peut palier, voir contourner des difficultés ou des situations de handicaps. Comme le montre l’étude, il y a un gain d’efficacité de l’apprentissage. Il offre à l’élève le moyen de réfléchir à ce qu’il est en train de faire. C’est donc un outil qui permet un travail d’acquisition ou de renforcement de compétences métacognitives. Dont celles qui sont considérées comme stratégique, c’est à dire celles de planification, de contrôle, de régulation, de prise de conscience de son activité mentale. Elles sont essentielles au développement d’une l’autonomie de l’élève.
Pour faciliter l’accès à la compréhension d’un texte, l’enseignant peut mettre en place différentes activités autour de trois modalités: le lire, l’écrire et le dire. Ces trois modalités sont omniprésentes dans les programmes et le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. Ces modalités peuvent s’appuyer sur l’usage de cartes mentales.
Oral
La prise de parole en continu est une compétence essentielle. Elle est travaillée depuis la maternelle. Maintenant l’oral est l’objet d’une attention soutenue pour le baccalauréat. Ce type de prise de parole est évalué sur essentiellement deux critères. Le premier est la pertinence du propos en lien avec la tâche (problématique, question…). Le deuxième critère est la richesse linguistique (lexicale et syntaxique). Dans ce contexte, se pose assez vite la question de l’enchaînement des idées, de leur organisation. Cette cohérence du propos est très valorisée. Elle demande à l’élève un travail conceptuel et formel assez difficile à appréhender par lui et qui doit être explicité en classe.
Les élèves peuvent réaliser des cartes mentales manuscrites ou numériques (en travail individuel ou collectif) pour une présentation orale. Le nom d’un nœud peut être un mot clef du texte, mais aussi une idée à expliciter. Pour des élèves de maternelle, des dessins et/ou des symboles peuvent servir de support pour cette restitution. Le travail de vérification dans le traitement des idées, leurs organisations permettent aux idées de gagner en visibilités et la carte en lisibilité. La présentation orale gagne en cohérence pour l’élève.
Les élèves ont un outil personnel de reformulation pour produire un oral structuré permettant :
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- Le développement de la capacité à tenir un raisonnement cohérent.
- La mise en place d’une analyse
- L’association des idées les unes aux autres
- L’argumentation
- La justification
- La validation (pair; expert)
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Lecture
« […] bien que le discours écrit prenne une forme linéaire, la compréhension en lecture, loin d’emprunter un chemin linéaire, exige la construction de relations causales hiérarchisées entre les évènements et les composantes du récit. ». Cette construction implique un coût cognitif important.
Goigoux et S. Cèbe : « Nous définissons la compréhension comme la capacité à construire, à partir des données d’un texte et des connaissances antérieures, une représentation mentale cohérente de la situation évoquée par le texte. »
La carte mentale permet de représenter, à un moment donné, la compréhension d’un texte par une ou des personnes. Cet outil peut être mis en œuvre pour visualiser, améliorer et affiner la réflexion sur la compréhension d’un texte. Il offre la possibilité de visualiser rapidement ce qui relève de la compréhension globale et ce qui relève de la compréhension de détail. Pour les élèves le fait d’avoir pu créer une carte mentale pour chaque type de texte, leur permet de visualiser mentalement la structure du texte à lire, de mobiliser les connaissances antérieures. Les élèves peuvent ainsi anticiper ce que peut lui apprendre un type de texte (définition d’un horizon d’attente) afin d’y revenir en fin de lecture. La structure générale permet de mobiliser l’attention de l’élève et de l’orienter vers les renseignements pertinents. Elle permet à l’élève de mettre en évidence et en relation les entités présentées dans le texte. Elle rend visible et lisible l’organisation des informations explicites et implicites.
Production de texte
Produire un texte est une activité particulièrement complexe pour le jeune scripteur. Il doit gérer de façon simultanée des contraintes multiples (ex : conceptualisation, graphique et orthographique…). La prise en charge de ces contraintes et leur simultanéité génèrent de la difficulté. Cela est dû au fait que la mémoire de travail des êtres humains a une capacité limitée. Cela implique un coût cognitif très élevé pour tout jeune scripteur.
En utilisant la carte mentale, on peut alléger ces contraintes ou bien en rendre la gestion plus facile pour l’élève. Elle permet dans un premier temps de “résoudre” une des difficultés du jeune scripteur, la textualisation. Cette dernière suit une logique linéaire alors que l’émission des idées est non-linéaire. La carte mentale présentant un aspect arborescent et non-linéaire, elle offre un moyen de “coller” à un mode de fonctionnement “naturel” du jeune scripteur. Elle permet de matérialiser, de structurer et d’élaborer une première planification qui mène à une ébauche linéarisée du texte définitif (“brouillonage”; « Écrire et rédiger : comment guider les élèves dans leurs apprentissages ? », Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) et l’Institut français de l’éducation (Ifé-ENS de Lyon)).
La carte mentale est pensée, ici , comme une sorte de brouillon outillant (artéfact didactique).
Dans ce cadre elle permet au jeune scripteur d’avoir sous les yeux :
– la macrostructure ( texte, sens globales)
– la mésostructure (phrases, groupes de mots)
– la microstructure (mots, syllabes, phonèmes, graphèmes)
Ouzoulias
User, comprendre, créer
Un scénario pédagogique avec quelques ressources indicatives est proposé. Il permet la mise en place d’une séquence de découverte et de co-création d’une carte mentale de texte narratif avec la classe. Pour une école dotée d’un ENT les élèves peuvent transformer cette connaissance en ressource. Elle servira de base pour d’autres productions ou des productions personnelles (user, comprendre, créer).
Ressources :
- Scénario pédagogique : Produire la carte mentale d’un texte narratif. En faire une ressource dans l’ENT
- Texte – Les trois petits cochons
- Texte – Le petit chaperon rouge
- Carte mentale A3 texte narratif
- Feuilles-ressources
(Auteurs: Dane – Pierre B. – Samuel S.)