Jeunesse et années de formation
Quatrième d’une fratrie de cinq enfants, Anne Mc Laren est née le 26 avril 1927 à Londres et passe une partie de son enfance dans le quartier de West End à proximité de Hyde Park, mais aussi à Bodnant (à proximité de Tal-y-Cafn, Conway au Pays de Galle) où sa famille posséde un domaine de plus de 80 acres dont le jardin dépend aujourd’hui du « National Trust ».
Elle est issue d’un milieu aisé, son père est Lord Aberconway, politicien mais aussi industriel dont le grand père Duncan MacLaren devient Lord Provost d’Edimbourg en 1851. Le grand-père paternel d’Anne, Sir Charles Benjamin Bright MacLaren est avocat, député libéral et 1er baron d’Aberconway en 1911.
Sa mère, originaire de Londres est la fille de Sir Melville Macnaghten qui occupe une position importante à Scotland Yard. Femme cultivée, elle accueille de très nombreux artistes et écrivains comme les Sitwell et HG Wells.
C’est dans le cadre familial qu’elle rencontre, elle aussi, ses figures emblématiques de la vie culturelle, ce qui explique qu’à l’âge de sept ans elle auditionne avec succès pour un rôle d’enfant dans un film tiré du roman de HG Wells « The Shape of Things to come » / « Les mondes futurs ».
Anne apprend à lire de très bonne heure, bien avant d’aller au jardin d’enfants et à l’école à Gloucester Place et à Queens Gate. Cependant, l’entrée en guerre en 1939 interrompt sa scolarité à Londres, la maison familiale est fermée et la famille se rend dans le domaine familial au Pays de Galles qui accueille des familles et des enfants déplacés au début de la guerre.

Domaine de Bodnant au pays de Galles

Son éducation est confiée au prêtre de la paroisse, mais elle apprend peu et organise sa propre éducation : durant 5 ans, elle suit des cours par correspondance et ne peut quitter le domaine pour des raisons familiales.

Ayant de réelles disposition pour la littérature, elle est aussi passionnée par les mathématiques et la physique ; en 1944, elle reprend sa scolarité à Longstow Hall, une école privée de Cambridge. Elle souhaite poursuivre des études universitaires en littérature, ce qu’aucune fille de la famille n’avait fait jusque-là. Sa mère la pousse à poursuivre ses études supérieures à Oxford où ses frères mais aussi son père ont étudié. À 17 ans, elle entre à l’université d’Oxford et est accueillie par ses cousins Arthur et Margaret Gillet qui vivent au nord de la ville. Elle reste 8 ans à Oxford poursuivant des études de biologie notamment. Cette période est l’une des plus enthousiasmantes pour la jeune fille.

Formation universitaire, premières recherches

À la suite de son entretien avec Lynda Grier la directrice du Lady Margaret Hall, Anne obtient une bourse pour poursuivre ses études : elle est parmi les meilleurs élèves en zoologie, mathématiques et physique, et la seule femme dans ces domaines en dernière année.
Elle garde de très bons souvenirs de ses enseignants et directeurs de recherche comme Alistair Hardy, Harold Pusey et par-dessus tout de ses cours de génétiques avec E.B Ford qui ont captivé son imagination : elle est sa première étudiante.
Ayant obtenu son diplôme, elle désire poursuivre en tant que chercheur et obtient une bourse d’étude pour poursuivre son doctorat ; elle peut poursuivre un projet de « mini-recherches » dans un laboratoire de l’université de Londres (UCL) sur « l’infestation des larves de drosophiles »
En 1949, elle débute ses recherches de 3e cycle avec Peter Medawar pour directeur de recherches puis avec Kingsley Sander sur les « virus neurotropes chez la souris ». Elle obtient son doctorat en 1952 et, la même année, épouse Donald Michie qui lui poursuit ses recherches de Doctorat à UCL et à RVC: « Royal Veterinary College de Camden/ école vétérinaire (Londres).
C’est parce qu’elle travaille étroitement avec Donald Michie et John Biggers, que Anne MacLaren étend son champ de recherches à l’interaction entre les gènes et le développement.
Durant les années 1950, ils poursuivent leurs études et expérimentations sur les souris grâce à une subvention de la Royal Society et c’est dans ce contexte que sont réalisés les premiers travaux qui sont à l’origine de la recherche sur la FIV et sur la mise au point, bien des années plus tard, des diagnostiques prénataux. En 1958, une souris naît in vitro pour la première fois.

 

 

Poursuite de sa carrière et reconnaissance internationale

 

En 1959, après sa séparation d’avec Donald Michie dont elle restera très proche jusqu’à leur mort lors d’un accident de la route en 2007, Anne MacLaren quitte Londres pour Edimbourg où elle rejoint et travaille avec Conrad Hal Waddington à la tête du « Institute of Animal Genetics ». Elle y reste 15 ans et poursuit ses recherches sur l’immunocontraception, puis, avec Alan Beatty, elle élargit ses recherches sur la fertilité, l’épigénétique (étude de la transmission des gènes).

Le 9 mai 1967, elle est récompensée pour ses travaux de la « Zoological  Society’s Scientific Medal » de Londres, en reconnaissance de ses recherches sur la physiologie de la reproduction des mammifères.

 

Après 15 ans passés à Edimbourg, Anne MacLaren retourne à UCL.

Au début des années 1970, elle commence un travail expérimental sur les chimères biologiques pour étudier le lignage cellulaire. Elle devient une sommité mondiale dans ce domaine et publie avec Donald Michie un ouvrage de références sur les « chimères ».

Dès son retour à UCL, elle occupe la fonction de directrice du « Mammalian Development and Cell biology » département d’UCL à Londres. Elle poursuit ses recherches sur la reproduction et la FIV et publie en 1980 un nouvel ouvrage de référence : « Germ Cells and Soma: a new look at an old problem ».

À la fermeture du MMU en 1992, elle part à Cambridge et travaille au « Wellcome Cancer Research Center » qui devient ensuite le « Wellcome Trust/Cancer Research Gurdon Institute » poursuivant son travail sur les cellules germinales embryonnaires.

Tout au long de sa carrière scientifique, Anne MacLaren a donné de nombreuses conférences et a publié dans de nombreuses revues scientifiques. C’est une scientifique, une femme et une mère accomplie qui n’a jamais négligé l’éducation de ses trois enfants, on se souvient d’elle comme d’une mère et d’une grand-mère dévouée comme l’indique sa fille Susanne lors d’une interview : « La famille passait en premier. Je ne l’ai jamais entendu dire qu’elle était trop occupée pour faire quelque chose pour nous ou pour ses petits enfants ». D’ailleurs, les enfants étaient souvent présents au laboratoire de recherches lorsque leur mère y travaillait.

Elle a aussi encouragé les jeunes femmes à poursuivre des études et des carrières scientifiques.

 

Elle a reçu de nombreuses récompenses :

1967 : elle reçoit la « Zoological  Society’s Scientific Medal »

1990 : elle reçoit la « royal Medal of the Royal Society »

1993 : elle devient membre de l’Ordre de l’Empire britannique

2001 : elle reçoit le prix L’Oréal-Unesco pour les Femmes de sciences