Une éducation et des études « hors normes » dans la première moitié du XIXe

Mary Edwards Walker naît le 26 novembre 1832 à Oswego dans l’État de New York. La fratrie de 6 enfants est élevée par des parents progressistes « Libres penseurs » Alva et Vesta Whitcomb Walker qui les encouragent à poursuivre des études. Mary et sa sœur s’orientent vers l’enseignement, mais Mary décide de poursuivre des études de médecine à l’université de méde-cine de Syracuse et, en 1855, elle en sort docteur en médecine à l’âge de 23 ans.

Elle ouvre un cabinet privé, épouse Albert Miller, médecin lui aussi, et le couple s’installe à Rome, petite ville de l’État de New York. Le couple ne résistera pas la forte personnalité de Mary. Cependant, sa clientèle est modeste, peu de patients à l’époque accepte d’être soignés par une femme.

Une femme médecin engagée durant la guerre de Sécession.

           

Dès le début de la Guerre civile, Mary Walker se rend à Washington et se porte volontaire pour rejoindre l’Union mais, ne pouvant exercer en tant que médecin, elle travaille comme infirmière volontaire dans un hôpital. Durant ce séjour, ses qualités de médecin sont reconnues par le docteur J.N.Green qui la recommande afin qu’elle obtienne un poste de chirurgien: la requête est rejetée.          

Au cours de l’année 1862, elle poursuit sa formation et obtient un nouveau diplôme en médecine à l’Université d’Hygeia (État de New York), et, en novembre, retourne à Washington. Après la bataille de Fredericksburg, M. Walker intervient sur le champ de bataille en tant que chirurgien et soigne les blessés dans un hôpital de campagne. Elle organise aussi la « Women Relief Organization » qui vient en aide aux femmes et mères de soldats blessés qui se rendaient à Washington.

En 1863, grâce à des lettes de recommandation attestant de ses compétences médicales, elle se rend dans le Tennessee ; en septembre, elle obtient un poste au département de la guerre comme de nombreux collègues masculins en tant qu’ « assistant chirurgien », c’est à dire l’équivalent du grade et de la paye d’un lieutenant ou d’un capitaine. C’est la première femme chirurgien de l’armée américaine avec un contrat « d’aide assistant chirurgien civil » dans l’armée de Cumberland. Elle est dans le 52e Régiment de l’Ohio et traverse souvent les lignes confédérées pour s’occuper des civils.

Durant l’été 1864 elle est faite prisonnière et après avoir passé 4 mois dans la prison de Richmond, elle et une douzaine d’autres chirurgiens sont échangés contre des chirurgiens confédérés. Elle reprend du service auprès du 52e Régiment de l’Ohio, mais elle passe le reste de la guerre à soigner les femmes de la prison de Louisville ainsi que des orphelins.

Elle reçoit une pension pour une atrophie musculaire dont elle souffre depuis son séjour en prison.

C’est la seule femme à avoir reçu la Médaille d’Honneur du Congrès

Le 11 novembre 1865, le Président Andrew Johnson lui confère la « Médaille d’Honneur du Congrès », suite aux lettres de recommandation des généraux Sherman et Thomas pour ses services rendus durant la guerre.                                   

«  Elle s’est dévouée avec un grand zèle patriotique aux malades et aux blessés tant sur les champs de bataille que dans les hôpitaux » Citation pour sa Médaille d’Honneur

 

Cette médaille lui est ensuite enlevée ainsi qu’à 910 autres récipiendaires en 1917 parce qu’il s’agissait de civils et non de soldats. Mary Walker refuse de rendre sa médaille et continue de la porter jusqu’à sa mort.

Suite au combat mené par les membres de sa famille, elle lui fut restituée en 1977 par le Président Carter.

Une féministe de la première heure.

Dès son plus jeune âge, Mary Walker se distingue par ces choix vestimentaires, rejetant les codes de l’époque.            

«  I don’t wear men’s clothes, I wear my own clothes » 

« Je ne porte pas des vêtements masculins, je porte mes propres vêtements »

Pour elle, les tenues féminines (robes) étaient trop inconfortables, gênant la mobilité. Elle portait le plus souvent des pantalons et une longue veste.

Durant la guerre, elle porte un uniforme modifié : un pantalon bleu avec des coutures dorées, une robe bleue ressemblant à une redingote d’officier et un feutre afin de pouvoir mieux exercer. Ce choix est aussi celui de nombreuses militantes qui mettent en avant que les corsets et les jupes longues sont nocives à la santé des femmes et parce que ces vêtements entravaient leurs activités. Mary Walker fit le choix de porter le « Bloomer » inventé par Amélia Bloomer.

Ces choix notamment vestimentaires lui ont causé de très nombreux désagréments et moqueries, comme en 1870 à la Nouvelle Orléans où elle fut arrêtée parce qu’elle était vêtue comme un homme et fut soupçonnée d’homosexualité. Elle ne fut relâchée que grâce à un membre de la cour qui l’avait reconnue.

En 1866, elle devient présidente de la « National Dress Reform Association »

Mary Walker est une suffragette convaincue, elle lutte pour que le droit de vote soit accordé aux femmes ; elle en fut une ardente avocate… En 1912 et 1914, elle défend la cause des femmes à travers des livres dont le plus connu est « Hit » dans lequel elle aborde de nombreux thèmes comme le mariage, la réforme vestimentaire, le tabac, la franchise des femmes, le divorce, le travail…

Elle publie en 1878: «  Unmasked : The Science of Immorality »

Elle écrit aussi pour un magazine pour les femmes : « Sibyl » dans lequel elle défend des thèmes comme celui du pouvoir de la pensée des femmes et de l’égalité des chances

Mary Walker poursuit ses combats jusqu’à la fin de sa vie ; elle meurt le 21 février 1919 à Oswego.