Une enfance qui lui révèle ses passions
Caroline Lucretia Herschel est née à Hanovre le 16 mars 1750 dans une fratrie de 8 enfants dont 6 survécurent. À l’âge de 10 ans, Caroline est atteinte du typhus, ce qui stoppe sa croissance : elle ne dépassera pas 1,40m et sa mère est alors convaincue qu’elle restera célibataire et devra subvenir seule à ses besoins. L’éducation sous la tutelle de sa mère se réduit aux travaux de couture et à la gestion d’une maison ; elle accepte cependant qu’elle reçoive une éducation musicale et suive des cours de chant. Son père a une autre vision et considère que ses filles doivent recevoir la même l’éducation que les garçons : elle sait lire, écrire et à des connaissances de base en mathématique et en astronomie. Son père Isaac est militaire, mais aussi hautboïste dans la Garde à pied de Hanovre et il donne une éducation musicale à ses enfants permettant notamment à son fils Wilhelm de développer ses talents et de devenir organiste. Isaac Herschel est aussi passionné d’astronomie et il fait partager cette passion à ses enfants, en particulier à Wilhelm et Caroline.
Isaac Herschel participe de 1757 à 1760 à la Guerre de Sept ans et en revient fortement diminué, il meurt en 1767. Caroline cantonnée à des tâches ménagères, est malheureuse et son frère Wilhelm qui vit en Angleterre décide de la faire venir auprès de lui en 1772.

Entre musique et étoile
C’est donc à l’âge de 22 ans qu’elle suit son frère Wilhelm de 12 ans son aîné en Angleterre, plus précisément à Bath où il est organiste et enseignant.
Il a besoin d’elle, au départ, en tant que gouvernante, mais il lui donne rapidement l’opportunité de chanter en tant que soliste : elle devient rapidement première soliste et a un rôle d’encadrement auprès du chœur. Elle reçoit de nombreuses offres pour des représentations et elle aurait certainement fait carrière si son autre passion n’avait pris le dessus.
Son frère prend le temps de lui donner des cours d’anglais qu’elle ne parlait pas, mais aussi de mathématiques, de géométrie, d’algèbre et de trigonométrie.
Caroline acquiert des compétences suffisantes en trigonométrie sphérique pour en faire un usage pratique. L’astronomie occupe tout le temps libre de Wilhelm et le sien. Pour mener à bien ses observations, Wilhelm a besoin de son propre télescope et il demande l’aide de Caroline pour le réaliser : c’est elle qui meule et polit les miroirs qui nécessitent beaucoup de précision et de justesse, il lui demande aussi son aide pour copier des catalogues.
La vie de Wilhelm et Caroline prend un nouveau tournant en 1781, lorsque que Wilhelm découvre une nouvelle planète qu’il baptise au départ « Georgius Sidus » en hommage au roi Georges III et qui plus tard prend le nom d’Uranus. Cette découverte permet à Wilhelm de se consacrer uniquement à l’astronomie : on lui offre une position d’astronome royal à la cour de Windsor avec un traitement de 200 livres par an.
Pour Caroline, c’est aussi faire un choix entre une carrière de chanteuse prometteuse ou poursuivre son travail aux côtés de son frère en tant qu’assistante scientifique.
C’est cette voie qu’elle choisit et elle sera payée par la cour comme assistante qualifiée avec un salaire de 50 livres par an : Caroline Herschel est la première femme à recevoir un salaire dans ce cadre.

Caroline prenant des notes sur les observations faites par son frère durant la nuit du 13 mars 1781, nuit où il découvrit la planète Uranus (illustration de Paul Fouché).

Wilhelm et elle construisent un télescope géant.

 

Elle débute, alors, ses propres recherches en astronomie, spécialement intéressée par les comètes : entre 1786 et 1797, elle en découvre 8 et son travail est reconnu auprès de la communauté des astronomes.

 

« Sir, in consequence of the friendship which I know to exist between you and my brother, I venture to trouble you, in his absence, with the following imperfect account of a comet : (…) as (my brother) is now on a visit to Germany, I have taken the opportunity to sweep in the neighbourhood of the sun in search of comets; and last night, the 1st of August, about 10 o’clock, I found an object very much resembling in colour and brightness the 27 nebula of the Connaissance des Temps, with the difference, however, of being round. I suspected it to be a comet; (…) », Miss Herschel To Dr. Blagden. August 2, 1786. (Herschel 1876, 65-66).

 

Le mariage de son frère avec Mary Pitt en 1788 fait à nouveau basculer son existence, elle déménage mais vient régulièrement chez son frère pour poursuivre ses recherches.

Durant des nuits entières, elle observe les cieux avec son frère ; notant les positions des étoiles grâce au télescope géant qu’elle a construit avec lui.

Une scientifique reconnue.

Ses qualités de persévérance, de précision et de justesse dans ses observations lui offrent l’opportunité de mettre à jour le catalogue des étoiles du 1er astronome royal J. Flamsteed (1646-1719). Ce catalogue était d‘une utilisation difficile car les observations originelles étaient publiées dans un volume séparé du catalogue.

Au cours de ses propres observations, W. Herschel a mis en avant de nombreuses contradictions ou divergences avec les observations de Flamsteed. N’ayant pas le temps de se consacrer à ce travail, c’est à sa sœur qu’il demande de réaliser cette tâche de grande ampleur.

Ce nouveau catalogue est publié par la Société royale d’astronomie en 1798, il contient un index pour chaque observation d’étoile réalisée par Flamsteed, mais surtout, il comporte une liste de 560 autres étoiles ne se trouvant pas dans le catalogue originel.

En 1822, W. Herschel meurt et Caroline décide de rentrer à Hanovre, décision qu’elle regrettera, ayant l’essentiel de ses amis en Angleterre, ainsi que son neveu John qui poursuit aussi une carrière en astronomie et dont elle suit les travaux.

Elle rédige aussi un nouveau catalogue de nébuleuses nécessaire à la poursuite des travaux de son neveu, mais qui ne fut pas publié. Ce travail est lui aussi récompensé par la Société royale d’astronomie par une médaille d’or en 1828.

Elle devient une légende parmi ses confrères et reçoit la visite certains d’entre eux à Hanovre.

Elle et Mary Somerville sont les deux premières femmes à être récompensées en tant que membres honoraires de la Société royale.

Elle est élue membre de l’Académie royale irlandaise en 1833 et reçoit une médaille d’or pour son travail et ses découvertes de la part du roi de Prusse : décoration remise par Humboldt.

Elle meut à Hanovre le 9 janvier 1848 à âge de 97 ans et laisse derrière elle une importante contribution à l’astronomie.