« La chose la plus importante que j’ai accomplie, mis à part créer le compilateur, c’est d’avoir formé des jeunes gens. Ils viennent à moi et disent : « Pensez-vous qu’on puisse faire cela ? » et je leur dis : « Essayez ». Je les encourage, ils en ont besoin. Je garde contact avec eux au fil des années et continue à les pousser afin qu’ils n’oublient pas de prendre des risques. »

Une enfant curieuse, encouragée par ses parents dans son engagement scientifique

 

Grace Hopper naît le 9 décembre 1906 à New York et est l’ainée d’une fratrie de trois enfants. Son père W. Murray est représentant en assurance ; sa mère Mary van Horne aime les mathématiques, passion qu’elle transmet à sa fille. Les parents de Grace sont progressistes et pensent qu’elle et sa sœur devaient avoir la même éducation que leur frère : elles doivent être indépendantes à tous les niveaux.

Dès son enfance, Grace est passionnée par les machines ; l’une des anecdotes que l’on rapporte souvent est qu’à l ‘âge de 7 ans, elle décide de démonter une horloge pour voir comment elle fonctionne, ne pouvant la remonter correctement, elle démonte les 7 autres de la maison pour la reconstituer.

Au début de sa scolarité, elle étudie dans des écoles privées pour filles (la Graham School et la Schoonmaker School de Plainfield dans le New Jersey) où l’éducation reste classique ; toutefois c’est une enfant et une jeune fille sportive qui pratique le basket, le hockey et le water-polo, et qui joue aussi du piano.

En 1923, Grace Hopper tente d’entrée à l’Université de Vassar (1), mais échoue à l’examen de latin ; elle l’intègre en 1924 et y étudie les mathématiques et la physique et obtient un Master en mathématiques en 1928.

Elle obtient un master de mathématiques à Yale en 1930, puis soutient et obtient en 1934 un doctorat en mathématiques dans la même université.

Durant la même période, elle enseigne à Vassar partir de 1931 en tant qu’assistante en mathématiques et ce jusqu’en 1943, année où elle s’engage dans la marine des États-Unis.

C’est aussi en juin 1930 qu’elle épouse Vincent Foster Hopper, diplômé en anglais de Princeton, dont elle divorcera en 1945.

Avec le début de la Seconde Guerre mondiale, Grace Hopper décide de se mettre au service de son pays et de s’engager dans la Navy.

 

Officier et chercheur en informatique

 

Après le bombardement de Pearl Harbor en 1941, elle demande à rejoindre les « Waves », Corps des volontaires féminines de la Navy, mais elle est trop âgée et ce n’est qu’en 1944 qu’elle intègre l’école de la Réserve des personnels féminins de la marine à Northampton dont elle sort avec le grade de lieutenant. Elle est alors affectée au laboratoire Cruft de l’Université de Harvard où elle travaille avec l’équipe de Howard Aiken en charge du développement du premier ordinateur numérique au monde : le Harvard Mark I.

Elle fait partie des 3 personnes qui apprennent à coder sur cet ordinateur et a à sa charge les calculs liés à son fonctionnement. Elle rédige, au cours de cette période, un manuel sur les principes élémentaires de fonctionnement d’une machine informatique qui paraît en 1946.

Après la guerre, elle reste au laboratoire d’informatique de Harvard, poursuivant ses recherches en sciences de l’ingénieur et en physique appliquée. Elle est aussi très impliquée dans le développement des ordinateurs Harvard Mark II et Harvard Mark III.

Informaticienne à l’origine des premiers langages de programmation.

 

En 1949, Grâce Hopper quitte Harvard pour intégrer la « Eckert-Mauchly Computer Corporation » en tant que mathématicienne pour mettre au point un langage binaire pour les ordinateurs. Elle est la « figure centrale » dans le développement de l’UNIVAC : le premier ordinateur « commercial » A-0 System et développe le premier langage en anglais : FLOW-MATIC.

Ardente militante de la standardisation des langages informatiques, elle met au point en 1959 le langage COBOL : « Common Business orienter Language »

Ces avancées sont déterminantes dans la réalisation des programmes spatiaux et notamment pour la réalisation des missions Apollo.

Elle va intervenir en tant qu’enseignante auprès de nombreuses universités, mais aussi comme consultante externe par Digital équipement et participe à de nombreuses conférences sur l’informatique et la programmation.

Les travaux menés par Grace Hopper ont permis des avancées considérables dans le domaine de l’informatique et de la programmation et dans l’évolution des ordinateurs que nous utilisons.

Poursuite de carrière dans la Navy et reconnaissance de son travail.

 

En tant que réserviste de la marine, elle est nommée lieutenant-commandant en 1952 et commandant en 1957. En 1966, elle est mise à la retraite, mais elle reprend du service actif pour standardiser le système COBOLT pour la Navy. Par la suite, jusqu’au moment de sa retraite, elle occupe de nombreuses fonctions dans le cadre de la programmation au sein de la Navy, elle est par exemple affectée auprès du chef des opérations navales comme directeur du groupe des langages de programmation de la marine…

Elle est nommée capitaine en 1976, puis contre-amiral en 1983.

Elle part, officiellement, en retraite en 1986 au cours d’une cérémonie qui se déroule sur le USS Constitution et reçoit la plus haute distinction délivrée par le Département de la Défense : la Navy Distinguished Service Medal.

Elle est enterrée avec les honneurs militaires au cimetière national d’Arlington en 1992.

 Au cours de sa carrière, Grace Hopper reçoit de nombreuses décorations militaires et de nombreux prix, notamment :

– en 1969, elle reçoit le Prix de l’homme de l’année en informatique « Computer Sciences Man of the Year Award »

– en 1991, la National Medal of Technology pour ses « contributions novatrices dans le développement de langages de programmation »

– en 2016, le 22 novembre, le président Barack Obama lui décerne à titre posthume la médaille présidentielle de la liberté.

Sources:
https://youtu.be/hSM5H2da9DE
https://femherbier.hypotheses.org/612
https://www.space.com/34885-grace-hopper-biography.html
https://www.doncio.navy.mil.chips/ArticleDetails.aspx?ID=2391
https://wikipedia.org/wiki/grace_hopper
https://www.interface3.be:fr:temoignage/grace-hopper-une pionnier de-l-it
https://binaire.blog.lemonde.fr/2015/03/08/la-petulante-grace-hopper/
https://www.ada-online.org/frada/spip93a3.html?article100
https://www.alamy.com/stock-photo-us-president-barack-obama-presents^the-presidential-medal-of-freedom-128959319.html
Pioneering Women in American Mathematics: The Pre-1940 PhD’s
https://books.google.fr/books?isbn=0821843761
https://www.famousscientists.org/grace-murray-hopper/
 
 

(1)Vassar est une université fondée en 1861 et dont l’accès est uniquement ouvert aux filles jusqu’en 1969