Avoir 16 ans en 2021

Profitant du programme du bac de français et de la découverte de ce grand dramaturge qu’est Jean-Luc Lagarce, les élèves de PB, en deux groupes de modules, ont réalisé ces deux textes, sortes de définitions chorales de leur génération au temps du coronavirus… Je vous laisse juges…

Groupe 1 :

Nous avons 16 ans.

Nous croisons parfois des anciens qui nous disent : “L’avenir vous appartient”.

Nous sommes nés au second millénaire, nos parents ont l’âge de Nathalie Portman, Zidane, Stéphane Plaza, Angélina Jolie, Cristiano Ronaldo ou Daft Punk.

Nous sommes d’une époque où les mangas ne sont pas de la littérature et le rap n’est pas de la musique.

Nous sommes nés trois ans après les attentats du 11 Septembre.

Nous aimions les cartes Pokémon, les toupies Beyblade et les cartes Yu Gi Oh.

Nous avons été bercés par Walt Disney et sommes nourris de Mac’Do et Burger King, et nos écoles sont restées fermées de mars à mai 2020.

Nous subissons chaque année les réformes de l’Education nationale sans pouvoir rien y faire.

Nos aînés nous accusent d’être collés aux écrans qu’ils nous ont offerts en cadeaux, nous sommes faits de la technologie qui nous entoure, nous ne sommes pas des machines.

Nous sommes en train de devenir sans le vouloir la Génération sacrifiée.

Nous marchons tourmentés dans l’épouvante des gestes barrières et de la distanciation sociale.

Nous ne faisons pas l’amour et nous sommes inquiets du devenir de nos enfants.

Nous sommes un enfant dans une réunion d’adultes : nous voyons tout grâce aux réseaux sociaux sans connaître les réalités du monde.

Nous avons accès à cette plateforme internationale et virtuelle où on peut insulter quelqu’un auprès de milliers de personnes de façon anonyme.

Nous sommes jeunes mais déjà pleins de nostalgie.

Nous faisons des dizaines d’années d’études pour ne pas savoir quoi faire à la fin.

Nous devons régler les problèmes causés par nos parents et grands-parents.

Nous sommes ceux qui voient la planète être détruite petit à petit.

Nous marchons dans la crainte des crises sanitaires à venir.

Nous vivons l’esclavage moderne : celui où la chaîne est la pression de pouvoir subsister, et le maître est l’Etat.

Nous avons connu les mouvements “Black live matter”, “Metoo” ou “balancetonporc”.

Nous gardons espoir en l’amitié, grâce à nos souvenirs des sourires sans masque.

Nous marchons craintivement vers un lendemain, incertain, de liberté.

Nous avons 16 ans.

Groupe 2 :

Nous avons 16 ans.

Nous sommes nés en pleine guerre d’Irak, l’année où le robot spatial Opportunity s’est posé sur Mars.

Nos parents n’ont pas toujours eu une enfance confortable.

Nos parents ont l’âge de Céline Dion, de Rihanna ou de Wajdi Mouawad.

Nous sommes nés en même temps que Facebook..

Nous sommes la génération Z, celle qui vit des smartphones et des réseaux sociaux.

Nous sommes les escadrons des grands chefs Apple et Samsung et nos écoles sont restées fermées un mois et demi en 2020 à cause du coronavirus.

Nous sommes la génération Covid.

Nous avons été confrontés à l’isolement et à la solitude, simplement reliés par nos téléphones portables.

Nous travaillons à l’école en pensant à l’argent et nous perdons la notion de l’amour.

Nous ne pouvons plus marcher paisiblement dans la rue sans risquer une amende.

Nous avons connu la réforme du brevet, la réforme du bac, la réforme des retraites.

Nous avons parfois raté notre première année au lycée à cause du confinement.

Nous avons des centaines d’amis virtuels que nous ne voyons jamais et des chagrins d’amour bien réels.

Nous sommes devenus sans nous en rendre compte les esclaves de nos écrans.

Nous ne savons pas ce que l’avenir nous réserve.

Nous sommes fatigués avant même d’avoir commencé à vivre.

Nous sommes ceux qui doivent initier le changement.

Nous avons 16 ans.