Histoires de tableaux …..Atelier d’écriture du lundi 28 novembre 2022

Bonjour cher lecteur, voici la suite du jeu : l’incipit de Sardine a été choisi . Partis de l’incipit de Sardine, pour aboutir à deux oeuvres aux antipodes…bonne lecture .

 

Contemplatif( Par Sardine/Sardine )

                                                     Il avait, depuis toujours, été attiré par l’art . La musique, la littérature, la mode, et plus précisément, la peinture . Lui, il ne peignait pas, il regardait, il admirait, pendant des heures, chaque coup de pinceau, chaque nuance de couleur, la matière, la forme, l’émotion procurée, tout . Il observait tout . Il n’était pas dans l’action, il n’était que le spectateur de sa propre vie .

                                                     Et il regardait autant qu’il parlait peu . Non, la parole ne lui avait jamais semblé importante . Et de toutes façons, les mots qu’il prononçait sonnaient faux . Ils semblaient être prononcés à la légère, avec aucune conviction . Alors il restait dans sa tête, à l’abri, enfermé mais libre . Son esprit constituait à lui seul  une galerie d’art toute entière, et dès qu’une discussion s’annonçait, que ce soit entre des adultes ou des gens de son âge, il s’y confinait . Il ouvrait la porte blanche, traversait la pièce au mur tout aussi neutre, et au milieu de la salle imaginaire, ils contemplait toutes ces oeuvres accrochées au mur, et il restait là . Tant que dehors, le mauvais temps ne cesserait pas de rugir, il serait là, en sécurité . Ainsi , les gens l’oubliaient . Mais lui trouvait ça agréable, d’être oublié .

                                                     Sa mère, désespérée de voir que son fils n’avait pas le même regard que les autres enfants, l’avait emmené voir tous les meilleurs psychologues de la région, mais ils dressaient tous le même bilan :  » – Madame, ce n’est pas qu’il ne peut pas parler, c’est qu’il ne veut pas…. »- Bande d’incapables ! hurlait-elle en tenant la main de son fils, claquant rageusement la porte de son cabinet, pour se diriger vers une autre clinique … »

                                                    Il avait, finalement, réussi à faire quelque chose de sa vie muette : il était gardien du musée d’Arts Modernes de la ville . Si on lui avait tiré les mots de la bouche, il aurait avoué qu’il regardait les tableaux plus qu’il ne surveillait les coffres de la boutique de souvenirs . Mais il faisait son travail, et quand un nouveau tableau devait être mis en place sous sa surveillance, avec les professionnels du musée, il était présent ….

                                                   Ils se présentèrent à cinq heures du matin : un homme et une femme vêtus d’un uniforme gris perle . Il ne parvint pas à leur donner un âge…Tous les deux blonds, la silhouette svelte, le teint clair, et les yeux perçants, qui vous fouillaient sans vraiment le vouloir .

« -Vous êtes le gardien ? demanda l’homme . »

Il hocha la tête pour lui répondre .

La femme fronça d’abord les sourcils, puis leva les yeux au ciel . Mais il n’en tint pas compte, l’étonnement de voir que l’on fait autant confiance à un gardien pour de telles situations lui était maintenant familier . Il se souviendrait toujours de son entretien d’embauche au musée, le directrice après lui avoir posé quelques questions sur ses compétences, avait chuchoté à son assistante : « Il a une tête, qui , je le sens, ne veut que du bien à ce musée ! » Et elle avait tellement raison, pensa-t-il . Rien que le fait de savoir qu’il aurait une nouvelle oeuvre à observer pendant ses heures de garde l’enchantait au point qu’on pouvait presque discerner, sur son visage habituellement impassible un léger sourire .

 » – Je ne lui fais pas confiance….marmonna la femme à son collègue.

– Allons, rétorqua l’homme, c’est la directrice elle-même qui nous l’a recommandé . « 

Il leur montra le chemin du doigt, et après plusieurs contrôles de sécurité, le tableau arriva, dans son beau cadre métallique soigneusement vissé au mur . Quelques instants plus tard, la directrice arriva, son café à la main, et son chignon parfaitement coiffé .Elle, elle était plus polie que son employé : bonjour, merci, au revoir…

Les deux blonds en costume gris finirent par partir, avec tous leurs agents de sécurité, aussi vite qu’ils étaient arrivés, et la directrice put enfin retirer le drap du tableau , pour enfin le laisser le contempler, ce qu’il attendait depuis maintenant plus d’une heure  . 

Seulement voilà, il n’y avait rien . Le tableau était bien là, avec son cadre , son étiquette qui indiquait le nom de l’oeuvre, la signature, mais a toile était blanche, aucune trace d’aucune couleur, aucune forme, aucune matière .

« -Intéressant…murmura la directrice .

-Mais…s’exclama-t-il, il ne comprenait pas . Ce n’est pas de l’art, ce n’est pas un tableau, ce n’est que du vide…

-,Oui, et c’est ça qui fait la différence, lui répondit sa supérieure, c’est ce qui fait tout son génie . »

Tous les deux, côte à côte, devant ce mur, les mains croisées derrière le dos . Il pensa qu’au fond, malgré son « rien », malgré sa différence, cette oeuvre, comme lui, ne demandait qu’à être aimée .

 

Un monde de couleurs (Par Sardine/Naos )

                                                     Il avait, depuis toujours, été attiré par l’art . La musique, la littérature, la mode, et plus précisément, la peinture . Lui, il ne peignait pas, il regardait, il admirait, pendant des heures, chaque coup de pinceau, chaque nuance de couleur, la matière, la forme, l’émotion procurée, tout . Il observait tout . Il n’était pas dans l’action, il n’était que le spectateur de sa propre vie .

                                                     Et il regardait autant qu’il parlait peu . Non, la parole ne lui avait jamais semblé importante . Et de toutes façons, les mots qu’il prononçait sonnaient faux . Ils semblaient être prononcés à la légère, avec aucune conviction . Alors il restait dans sa tête, à l’abri, enfermé mais libre . Son esprit constituait à lui seul  une galerie d’art toute entière, et dès qu’une discussion s’annonçait, que ce soit entre des adultes ou des gens de son âge, il s’y confinait . Il ouvrait la porte blanche, traversait la pièce au mur tout aussi neutre, et au milieu de la salle imaginaire, ils contemplait toutes ces oeuvres accrochées au mur, et il restait là . Tant que dehors, le mauvais temps ne cesserait pas de rugir, il serait là, en sécurité . Ainsi , les gens l’oubliaient . Mais lui trouvait ça agréable, d’être oublié .

                                                     Sa mère, désespérée de voir que son fils n’avait pas le même regard que les autres enfants, l’avait emmené voir tous les meilleurs psychologues de la région, mais ils dressaient tous le même bilan :  » – Madame, ce n’est pas qu’il ne peut pas parler, c’est qu’il ne veut pas…. »- Bande d’incapables ! hurlait-elle en tenant la main de son fils, claquant rageusement la porte de son cabinet, pour se diriger vers une autre clinique … »

                                                    Il avait, finalement, réussi à faire quelque chose de sa vie muette : il était gardien du musée d’Arts Modernes de la ville . Si on lui avait tiré les mots de la bouche, il aurait avoué qu’il regardait les tableaux plus qu’il ne surveillait les coffres de la boutique de souvenirs . Mais il faisait son travail, et quand un nouveau tableau devait être mis en place sous sa surveillance, avec les professionnels du musée, il était présent ….

                                                                 Ils se présentèrent à cinq heures du matin : un homme et une femme vêtus d’un uniforme gris perle . Il ne parvint pas à leur donner un âge…C’était un couple en réalité , et le musée lui appartenait . Ils avaient remarqué à quel point leur gardien aimait contempler les oeuvres exposées . Ils eurent donc l’idée de lui demander son avis à propos de la future pièce maîtresse de l’exposition de l’année . Pour lui, c’était une chance incroyable : il répondit « oui » sans hésiter .

L’homme et la femme l’emmenèrent  donc à l’endroit où étaient stockées les oeuvres . La peinture sur laquelle il devait donner son avis était recouverte d’un drap blanc . L’homme releva le drap, et une explosion de couleurs apparut . Il n’avait jamais vu une peinture qui, par ses couleurs, avait réussi à lui faire lâcher une larme . Il était tellement ébahi qu’il ne pouvait plus bouger, ni parler, mais pourtant son coeur allait à mille à l’heure . Du rouge qui représentait des veines tracées toutes droites, avec du jaune, la couleur de la vie, et du vert, qui représentait la terre mais aussi les épreuves et les difficultés qu’on doit surmonter, et le bleu, qu’il comprenait comme la fin, le bonheur, l’accomplissement …Cette explosion de couleurs le fit rougir…Mais l’homme avait déjà recouvert la peinture…il était dans l’incompréhension totale . Et lui comprenait ce qu’ils ne comprenaient pas .

Il leur répondit « oui »… »oui, elle est…magnifique. » 

L’homme et la femme l’engagèrent pour qu’il donne son avis sur  les toiles prochainement exposées . Il était heureux .

 

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