Petit jeu du jour : partir d’un début de nouvelle ( le nom de l’auteur sera dévoilé à la fin du processus ) , en tirer un incipit, lequel servira de base à la nouvelle qui sera écrite plus tard …. Je propose donc aux auteurs de ces deux incipits d’améliorer leur texte s’ils le souhaitent afin de partir sur de bonnes bases la semaine prochaine . Rien ne les empêche de travailler leur texte cette semaine s’ils le souhaitent, mais le choix de la nouvelle retenue se fera en fin de séance la semaine prochaine . Voici l’extrait proposé : « Ils se présentèrent à cinq heures du matin : un homme et une femme vêtus d’un uniforme gris perle . Il ne parvint pas à leur donner un âge«
Incipit n° 1 ( Par Sardine )
Il avait, depuis toujours, été attiré par l’art . La musique, la littérature, la mode, et plus précisément, la peinture . Lui, il ne peignait pas, il regardait, il admirait, pendant des heures, chaque coup de pinceau, chaque nuance de couleur, la matière, la forme, l’émotion procurée, tout . Il observait tout . Il n’était pas dans l’action, il n’était que le spectateur de sa propre vie .
Et il regardait autant qu’il parlait peu . Non, la parole ne lui avait jamais semblé importante . Et de toutes façons, les mots qu’il prononçait sonnaient faux . Ils semblaient être prononcés à la légère, avec aucune conviction . Alors il restait dans sa tête, à l’abri, enfermé mais libre . Son esprit constituait à lui seul une galerie d’art toute entière, et dès qu’une discussion s’annonçait, que ce soit entre des adultes ou des gens de son âge, il s’y confinait . Il ouvrait la porte blanche, traversait la pièce au mur tout aussi neutre, et au milieu de la salle imaginaire, ils contemplait toutes ces oeuvres accrochées au mur, et il restait là . Tant que dehors, le mauvais temps ne cesserait pas de rugir, il serait là, en sécurité . Ainsi , les gens l’oubliaient . Mais lui trouvait ça agréable, d’être oublié .
Sa mère, désespérée de voir que son fils n’avait pas le même regard que les autres enfants, l’avait emmené voir tous les meilleurs psychologues de la région, mais ils dressaient tous le même bilan : » – Madame, ce n’est pas qu’il ne peut pas parler, c’est qu’il ne veut pas….- Bande d’incapables ! hurlait-elle en tenant la main de son fils, claquant rageusement la porte de son cabinet, pour se diriger vers une autre clinique … »
Il avait, finalement, réussi à faire quelque chose de sa vie muette : il était gardien du musée d’Arts Modernes de la ville . Si on lui avait tiré les mots de la bouche, il aurait avoué qu’il regardait les tableaux plus qu’il ne surveillait les coffres de la boutique de souvenirs . Mais il faisait son travail, et quand un nouveau tableau devait être mis en place sous sa surveillance, avec les professionnels du musée, il était présent ….
Ils se présentèrent à cinq heures du matin : un homme et une femme vêtus d’un uniforme gris perle . Il ne parvint pas à leur donner un âge…
Incipit n° 2 ( Par Cinq )
Ils se présentèrent à cinq heures du matin : un homme et une femme vêtus d’un uniforme gris perle . Il ne parvint pas à leur donner un âge .
Immédiatement, il se rappela qu’une semaine auparavant, sa femme , qui était rentrée du travail comme d’habitude s’était montrée extrêmement inquiète : elle ne parvenait plus à articuler ses mots, elle transpirait à grosses gouttes , elle avait du mal à respirer, elle semblait folle .
La seule chose qu’il avait compris, c’est qu’elle allait devoir partir pour plusieurs mois . En effet, elle travaillait pour une section secrète du gouvernement . Il n’avait jamais compris en quoi consistait son travail . Il savait qu’il ne pouvait pas la questionner . Mais ce soir là, une dispute avait éclaté :
« – Tu pars pour des mois alors que notre enfant vient de naître ! « lui avait-il reproché
En colère elle était partie dormir dans un hôtel cette nuit-là . Le lendemain, il avait reçu une lettre lui disant qu’elle était désolée mais qu’elle ne pouvait pas faire autrement que partir . Elle ajoutait aussi que cette mission était l’une des plus importantes qu’on lui ait confiée jusque là….
A SUIVRE….
