Atelier d’écriture du jeudi10 mars 2022….dis-moi dix mots

« Dis-moi dix mots », c’est une opération de sensibilisation à la langue française organisée par le ministère de la culture….si vous voulez en savoir plus, rendez-vous sur le site suivant : https://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/Ressources/Ressources-pedagogiques-et-sensibilisation2/L-operation-Dis-moi-dix-mots

De quoi s’agit-il ? Il s’agit de créer des oeuvres littéraires, dans toute la francophonie, autour de 10 mots de vocabulaire choisis par les partenaires de ce projet . Nous sommes donc allés chercher ces dix mots qui sont les suivants : « décalé, divulgâcher, ébaubi, époustouflant, farcer, kaï, médusé, pince-moi, saperlipopette, tintamarre. »

Certains de ces mots sont utilisés en métropole, d’autres le sont dans des pays ou des régions francophones tout en ayant une origine française . Nous avons choisi le mot « tintamarre »….pour aboutir à ces textes qui m’ont ébaubis et que nous te  proposons, lecteur,  en ce début de vacances . Un poème….et deux nouvelles, à mon humble avis de lecteur, trois textes pleins de sens, de sensibilité, trois textes pour démontrer, s’il en était besoin, à quel point écrire, c’est réussir à faire passer avec des mots choisis ce qu’on pense ou ce qu’on imagine . Bonne lecture !

1er texte , par Dolorès :

TINTAMARRE

Un petit bout de musique  

Qui peut être mélancolique

ou bien malheureux

Mais la plupart du temps il est joyeux

 

Un morceau plein d’émotion,

Accompagné d’un violon.

Lentement les sons sortent du piano,

Et vous font frissonner jusqu’en bas du dos .     

 

De douces notes produit la flûte,

Et contre tout le tintamarre

Elle lutte.

Alors la mélodie se transforme en fanfare;

Le tuba, la guitare, la clarinette,

La batterie, le saxophone, la trompette,

Leur mélodie s’élève jusqu’au ciel,

Et va troubler les oiseaux qui volent de leurs belles ailes .

 

Une vague de musique envahit la forêt

Les animaux s’endorment dans le marais

La fanfare joue toute la nuit

Car les hiboux ne dorment pas sans bruit.

 

2ème texte, par Herbe de Saint Georges :                                 

Quarante douze

                                                                                       Il y avait trop de bruit, trop de gens, trop de couleurs . J’essayais de me concentrer sur quelque chose, mais cette foule faisait divaguer mon cerveau, et ces chiffres résonnaient partout autour de moi : quarante douze .

Je revois la scène : les couleurs qui se mélangent et ce quarante douze qui me hante . j’ai l’impression d’aller mieux . J’aimerais leur dire qu’ils n’ont pas besoin de m’emmener, que je ne suis pas folle, mais pour le moment je fixe les murs blancs de la pièce, je me concentre sur la petite tâche noire qui vient briser cet ensemble uniforme . 

Je me répète ces mots en boucle « je ne suis pas folle »pour m’en convaincre ou pour oublier l’ombre de ce quarante douze qui plane au-dessus de moi . Mais mon regard redevient vague et mes souvenirs repartent . Je me vois dans le camion, la sirène hurle et cogne contre mes tympans, elle se mélange à mes cris . J’ai l’impression d’être un être séparé de cette bête enragée . Face à ce quarante douze les larmes coulent en silence sur mes joues, je veux oublier, oublier que mes poings sont liés et que je porte une chemise de nuit trop grande pour moi . Oublier la femme que j’ai vue dans mon reflet quand ils m’ont emmenée, mais l’image reste et cette femme me fixe de son regard fou . Si je pouvais au moins oublier que cette femme, c’est moi .

J’essaye de me persuader que je vais mieux. Mais ce silence est bien plus angoissant que le tintamarre du marché, parce qu’ici je peux l’entendre encore plus clairement ce quarante douze. Je veux que ces souvenirs restent flous . Je ne veux pas savoir ce qui s’est passé . Pourtant, plus je fixe mes mains tâchées de sang, plus elle revient comme une évidence, l’image de ce corps qui a perdu la vie.

Suis-je folle ?

3ème texte, par Sardine :

                                                                                                       Tintamarre

                                                                                                        Et ils étaient là, à jouer en toute innocence, à crier chaque fois qu’ils se faisaient attraper, leurs hurlements résonnant à travers la cour . Profitez de pouvoir hurler à votre guise, car plus tard, si vous criez de telle façon en public, vous serez pris pour fous !

Si seulement ils savaient ce qui les attend, si seulement on pouvait les prévenir à l’avance de ce qui va leur arriver, de toutes les horreurs qu’ils vont vivre, certains plus que d’autres …

Et si seulement ils pouvaient garder cette expression sur le visage toute leur vie, les sourcils haussés, les yeux pétillants de malice, et la bouche….la bouche rayonnante de bonheur et de gaieté à chaque nouvelle partie de cache-cache !

Mais non, un jour ils verront les autres ne plus sourire, alors leur sourire ne sera plus de la partie . Il prendront cet air morne que prend un policier quand il doit donner une amende à un homme saoul qui a pris sa voiture.

Ils ne devraient pas avoir le droit d’adopter cette tête-là du jour au lendemain, cette expression ne devrait être réservée qu’aux policiers qui mettent des amendes, pas à d’adorables têtes aussi pleines de vie …

Certains pleurent d’avoir été attrapés, tu ne devrais pas en faire toute une crise de ces choses-là mon p’tit ! Quelle tête feras-tu le jour où tu comprendras que ta mère n’est pas éternelle ? Ni ton chien, ni ta jeunesse, ni rien….Quelle tête feras-tu le jour où tu verras ta moyenne chuter à l’école, où tu comprendras que ton père ne te prendra plus jamais dans tes bras, où cette fameuse fille te dira « non! » d’un air hautain ? 

Evidemment je ne souhaite pas que tu vives ces choses-là, mais nous y sommes tous passés, et rassure-toi, le temps panse toutes les plaies, enfin je dis ça même après des années. J’ai encore le coeur brisé de toutes ces choses . Finalement, non, le temps ne les pansera pas toutes, mais avec lui on apprend à vivre avec ses déchirures, et elles feront partie de nous qu’on le veuille ou non ….Et se cacher derrière cet air morne de policier ne changera rien à ton malheur ! Cela va juste te renfermer plus que tu ne l’es déjà . 

Et ils étaient là à jouer en toute innocence, leur joyeux tintamarre me rappelant les tourments d’une vie passée, à regarder le monde, avec cet air…morne .

 

 

 

 

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