QUAND LES REPETITIONS DEVIENNENT PUBLIQUES !!!
Plusieurs classes de notre établissement ont pu assister à la répétition publique du spectacle Prevert.com donné par la troupe En Faim De Contes.
Le spectacle reprend des textes de Prévert mais aussi de Léo FERRE ou de BARBARA. Sur la scène, 4 artistes dont le metteur en scène : 2 hommes, 2 femmes pour jouer et rendre vivants les mots de la langue française.
Le Dromadaire : […] Et puis le conférencier recommençait ; « ce qui différencie les deux animaux, c’est que le dromadaire n’a qu’une bosse, tandis que, chose étrange et utile à savoir, le chameau en a deux… » A la fin, le jeune dromadaire en eut assez et se précipitant sur l’estrade, il mordit le conférencier :
« Chameau ! » dit le conférencier furieux. Et tout le monde dans la salle criait : « Chameau, sale, chameau, sale chameau ! »
Pourtant c’était un dromadaire, et il était très propre.
Les élèves sont tout d’abord surpris par les interventions du metteur en scène. Comme il s’agit d’une répétition, ce dernier corrige les placements des acteurs, rectifie l’intonation d’un vers, souffle les paroles oubliées ou ajuste un accessoire. Il accompagne aussi certains passages de sa guitare.
A chaque fois, il faut reprendre son texte, mimer, jouer, déclamer, tout cela sous les yeux ébahis de nos élèves.
Les textes sont poétiques et présentés comme des saynètes de théâtre
La pêche à la Baleine :
A la pêche à La baleine, à la pêche à la baleine,
Disait le père d’une voix courroucée
A son fils Prosper, sous l’armoire allongé,
A la pêche à la baleine, à la pêche à la baleine,
Tu ne veux pas aller,
Et pourquoi donc ?
Et pourquoi donc que j’irai pêcher une bête
Qui ne m’a rien fait, papa […]
Certains se prennent au jeu et commentent, applaudissent, donnent leur avis. Un spectacle vivant qui permet à nos élèves de découvrir un auteur, mais aussi de mieux appréhender toute la difficulté de la mise en scène. Grand moment de partage tout au long de la représentation mais aussi à la fin au travers d’échanges avec les différents acteurs.
Le décors est sommaire et même si un élève fait remarquer qu’un jeu de lumière ou de la musique pourrait peut-être accompagner l’ensemble, Than le metteur en scène nous explique qu’avec de si beaux mots, point trop n’en faut. Il ne faut pas que le jeu des acteurs et leur texte soit effacé par des artifices inutiles.
Chasse à l’enfant : Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant
Pour chasser l’enfant pas besoin de permis
Tous les braves gens s’y sont mis
Qu’est ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C’est un enfant qui s’enfuit
On tire sur lui à coup de fusil […]
Les élèves découvrent la notion même du choix de mise en scène, du parti pris de celui qui dirige et qui caractérise les grands réalisateurs. Alors, répliques à plusieurs ou monologues, tous les choix sont permis.
Je suis comme je suis : Je suis comme je suis
Je suis faite comme ça
Quand j’ai envie de rire
Oui je ris aux éclats
J’aime celui qui m’aime
Est-ce ma faute à moi
Si ce n’est pas le même
Qui m’aime chaque fois […]
Certains textes sont des répliques de film célèbre comme Hôtel du Nord de Carne Jeansonla qui rendit légendaire la réplique d’Arletty : Atmosphère, atmosphère ; est que j’ai une gueule d’atmosphère ?
Derrière les mots, des prises de positions très marquées chez PREVERT ; la poésie ne s’inspire pas que de la beauté. Elle peut être engagée à travers des sujets aussi anodins que celui du texte :
Scène de vie la vie des antilopes
[…]Quand les blancs arrivent, souvent les Noirs se sauvent, les Blancs les attrapent au lasso, et les Noirs sont obligés de faire le chemin de fer ou la route, et les Blancs les appellent des « travailleurs volontaires ».[…]
Sur la scène, 2 paravents qui font office de loge pour faciliter les changements de costumes : les acteurs précisent que selon l’endroit où ils jouent, il y a ou pas des loges !!!
Pendant la représentation, petit ennui technique : le vidéoprojecteur fait des caprices et le fond d’écran qui devait accompagner le texte de PREVERT Chanson dans le sang, n‘est visible que sur l’ordinateur.
Il y a de grandes flaques de sang sur le monde
Où s’en va-t-il tout ce sang répandu
Est-ce la terre qui le boit et qui se saoule
Drôle de soulographie alors
Si sage…si monotone….[…]
Il faut alors, improviser, ne pas se laisser démonter, et assurer la suite du spectacle : the show must go on !!!
Dernier texte à être présenté les Feuilles mortes d’Yves Montant.
C’est une chanson, qui nous ressemble
Toi tu m’aimais, et je t’aimais
Et nous vivions, tous deux ensemble
Toi qui m’aimait, moi qui t’aimais
Mais la vie sépare ceux qui s’aiment
Tout doucement sans faire de bruit
Et la mer efface sur le sable
Le pas des amants désunis
A la fin de la répétition, Than fait le bœuf avec les élèves, moment de complicité avec un public que toute la troupe a su conquérir.
Le spectacle final aura lieu en septembre et nos élèves s’y rendront en grand nombre. Merci à Mme LAURET pour avoir organisé cette rencontre et chapeau bas à ces artistes si talentueux.
Comme toujours, nous remercions notre direction pour son implication dans la culture de nos élèves et Serge Latrille qui tient le site internet de notre établissement à jour.
Texte, Photos - Elise Dinnat Professeur Lettres - Histoire