Rencontre avec Thierry Gauliris

Rencontre avec Thierry Gauliris 1Mercredi 24 Avril, les élèves de BRMA ont rencontré le compositeur et interprète du Groupe Baster, Thierry Gauliris, dans l’enceinte du lycée.

Cette rencontre-débat a été initiée par l’association Bato-Fou, contribuant à la promotion de la création musicale à La Réunion et plus largement dans tout l’Océan Indien par le biais de rencontres, de concerts, d’échanges et autres actions.

Après la présentation de l’association à l’origine de cette rencontre, l’artiste est revenu sur le rôle et le développement de la chanson engagée à La Réunion. S’appuyant sur sa propre expérience et sur celle du Groupe Baster fondé en 1983 par Alain Joron, il a rappelé les débuts difficiles et la censure de certains morceaux « Oté Kréol » ou « Mon liberté ». Il a expliqué le combat mené au côté d’autres artistes tels que Danyel Waro et Ousanousava regroupés dans l’association « Lantant maloya » pour faire accepter ce mode d’expression. Bien d’autres artistes engagés comme Firmin Viry et Gilbert Pounia ont été cités tout comme les événements politiques importants ayant permis à la chanson réunionnaise engagée d’être connue puis reconnue sur l’île et au-delà: libération des ondes, reconnaissance du séga et du maloya. Ce rappel a apporté à nos lycéens, d’une vingtaine d’années, quelques repères sur une époque à laquelle ils n’étaient pas encore nés.

Le chanteur a souligné, à cette occasion, l’importance de connaître ses origines et l’histoire de son pays pour avoir une meilleure estime de soi et permettre une plus grande ouverture aux autres, à d’autres cultures, à d’autres langues… Il a également comparé l’époque de son enfance, si bien décrite dans « Marmay lontan », au monde actuel. Les élèves ont été invités à réfléchir au fonctionnement réunionnais actuel lié à l’hyper-consommation et à la dépendance économique extérieure.

Rencontre avec Thierry Gauliris 2

Ces propos ponctués d’illustrations musicales ont captivé les élèves. Toutefois, les jeunes gens ont eu du mal à prendre la parole pour questionner l’artiste et pour exprimer leurs idées, et ce, malgré un questionnaire préalablement préparé avec leur enseignante en lettres-histoire, Vanessa Robur. Heureusement, la simplicité et le dynamisme de Thierry Gauliris ont eu raison de la réserve de certains: entraînés par des chansons qu’ils connaissaient et appréciaient tout particulièrement, quelques uns ont finalement accompagné le chanteur sur « Inn ti Manzel, la Montagne, Raskok »…

Rencontre avec Thierry Gauliris 3Thierry Gauliris a conclu cet échange par un retour en arrière sur sa carrière. Passé de chanteur amateur à professionnel, il s’est lancé récemment dans la production d’un jeune groupe de Saint Louisiens. Il a cité les artistes, dont Bob Marley, qui l’ont influencé et l’influencent encore aujourd’hui dans son travail. Profitant de l’occasion pour établir un parallèle entre son activité de création musicale et l’ébénisterie (spécialité professionnelle des élèves), il a expliqué la nécessité de connaître ce qui s’est fait avant, d’avoir des références et une culture personnelle pour pouvoir s’en inspirer et créer. Il a insisté sur l’importance d’aimer et de croire en ce que l’on fait, la necessité de travailler, de persévérer pour accéder à l’objectif que l’on s’est fixé et à une certaine qualité, même si le succès n’est pas immédiat. Un élève a d’ailleurs regretté le manque de sens de certaines chansons à succès actuelles. Ce à quoi l’artiste a répondu par l’importance de s’interroger sur le message que l’on délivre et la façon dont il sera perçu par le public, l’occasion au passage de décortiquer quelques expressions et de commenter les messages délivrés au travers…. des réflexions à méditer au-delà de ces deux heures d’échange…

Encore une grand merci à Thierry Gauliris pour cette intervention vivante, captivante et très enrichissante. Tous nos remerciements, également, à l’association Bato Fou dirigée par M. Nicolas Laurent et Mme Prisca Cerneaux, chargés de l’action culturelle et de la ressource, qui nous ont permis de vivre cet événement culturel au sein du lycée professionnel, et à Catherine Noizet qui s’est chargée de le mettre en place.
Une autre intervention est dores et déjà programmée sur le même thème avec d’autres artistes locaux qui permettront très certainement de nombreux échanges tout aussi passionnés et passionnants.