Sur les traces de l’Histoire Réunionnaise
Dans le cadre de la séquence sur les Grandes Découvertes élaborée par Mme DINNAT PLP2 Lettres histoire, les élèves de la TBAGO ont étudié la Compagnie des Indes Orientales. Or, il se trouve que SAINT PIERRE dispose de bâtiments qui étaient autrefois les entrepôts de cette Compagnie. L’un d’eux est d’ailleurs aujourd’hui le siège des TAAF. Comme cette classe a participé à un projet autour des TAAF et du Marion Dufresne, le lien était facile à faire entre les 2 séquences.
M. TIVEAU Marcel, guide conférencier du Pays d’art et d’histoire, nous propose une visite guidée sur les traces du peuplement de la Réunion et de la Compagnie des Indes Orientales.
La sortie est encadrée par Mme DINNAT avec l’aide de Mme PAYET, assistante pédagogique.
Le rendez vous a lieu au kiosque de la Rivière d’abord, au bord de l’eau. Après s’être présenté, M. TIVEAU procède à une petite évaluation diagnostique autour du mot : patrimoine. Plusieurs réponses fusent :
1- histoire
2- héritage
3- cuisine
4- coutumes
5- musique
Les élèves ne font pas le lien entre Patrimoine et Bâtiments. Une définition globale est tirée de toutes leurs réponses et quelques compléments sont apportés.
Autrefois, le patrimoine était rattaché à la terre. Aujourd’hui, il regroupe l’immobilier, les finances mais pas seulement. C’est aussi un lien qui nous relie. Cela peut aussi être notre histoire, les légendes, les contes, les outils, la gastronomie, la musique, la langue. Ce patrimoine évolue avec le temps. Certaines choses qui n’en font pas partie aujourd’hui, pourront en être demain.
L’histoire de la Réunion ne date que de 350 ans et elle commence par son peuplement.
Au départ, en 1663, la Réunion compte juste une dizaine d’habitants : 7 malgaches dont 3 femmes et 3 français. Très vite, des conflits vont avoir lieu afin de savoir qui possèdera les femmes !!! Au départ réservées aux français, ces femmes vont être enlevées par les malgaches qui partiront se réfugier dans les hauts. C’est le début des Marrons mais aussi du métissage. En effet, le manque de jeunes européennes va pousser la plupart des hommes à côtoyer les servantes d’origine indo portugaise ou malgache ou africaine. De plus, les pirates et les flibustiers qui font escale régulièrement sur l’île, vont aussi participer à ce mélange. Donc, l’histoire de la Réunion est presque immédiatement liée au métissage.
Dés 1665, un 1er village est crée : il s’agit de SAINT PAUL. Viendront ensuite SAINTE SUZANNE et SAINT DENIS. En France, Louis XIV, le roi soleil, veut étendre son empire et sous l’égide de son Ministre COLBERT, la Compagnie des Indes va voir le jour. En fait, il y aura 2 Compagnies :
1- celle des Indes Orientales qui couvrira l’Océan Indien
2- celle des Indes Occidentales qui oeuvrera dans l’océan atlantique le long des côtes américaines.
Très vite l’île de la REUNION devient une escale intéressante pour le ravitaillement en eau et en nourriture. Les colons d’ailleurs tuent l’ennui en chassant énormément et en pêchant. Tant et si bien que le sud qui a l’époque n’est pas encore peuplé, devient sur ordre du roi, une réserve afin d’y préserver le peu de nourriture qu’il y reste. Elle prendra le nom de pays de MAHAVEL, ce qui en malgache signifie pays des vivres.
Les bateaux de la Compagnie des Indes partent le plus souvent de la ROCHELLE et se rendent en Inde. Il leur faut 3 à 6 mois pour faire ce trajet. Parfois, il est arrivé qu’aucun bateau ne fasse escale sur l’île pendant 7 ans !!! Il faut dire que l’île ne possède aucun minerais important et aucune culture massive.
Il faudra attendre 1715 avec l’intervention de DARDENCOURT pour que tout change. Il importe des plans de café (le moka) qu’il ramène du Yémen. Sur l’île, il y a bien du café sauvage, endémique à la REUNION (café Marron) mais aucune culture intensive n’en est faite. Avec ces nouveaux plants, commence la culture du café dans le sud. En 1723, des concessions sont offertes aux volontaires par le gouverneur de l’époque, ANTOINE DESFORGES BOUCHER et les créoles de SAINT PAUL et SAINTE SUZANNE se ruent vers le Sud pour pratiquer cette culture. Ils ont besoin de main d’œuvre et ils vont la trouver grâce à Madagascar, au Mozambique, au Sénégal, pays où l’esclavage est déjà pratiqué.
Les élèves qui jusque là étaient très attentifs, commencent à réagir à l’écoute de l’histoire de l’esclavage. Plusieurs d’entre eux d’origine malgache, ne comprennent pas que l’esclavage existait déjà sur la grande île ou en Afrique. Du coup, le conférencier apporte quelques précisions.
L’esclavage existait depuis longtemps sur le continent africain mais surtout dans les pays arabes. A chaque fois qu’un conflit opposait 2 ethnies différentes ou 2 groupes humains, le vainqueur récupérait la population vaincue et la réduisait en esclavage pour ses propres besoin, la vendait au plus offrant, l’échangeait contre d’autres biens ou l’offrait à un roi quelconque. Aujourd’hui, l’esclavage moderne est toujours pratiqué de façon u peu différente et de nombreuses organisations humanitaires tentent de lutter contre ses pratiques d’un autre âge.
Grâce à cette main d’œuvre, la culture du café permet à l’île de se développer. Le port de la Rivière d’abord (du verbe aborder) est dessiné par Gabriel DEJEAN ainsi que le plan de la ville de SAINT PIERRE. A cause des razzias effectuées par les Marrons, le gouverneur de l’île MAHE DE LA BOURDONNAIS demande à tous les colons de s’installer en ville.
La visite se poursuit le long de la rivière et on arrive en face le siège des TAAF.
Des entrepôts sont construits à proximité du port car il faut charger le café et décharger les biens manufacturés qui arrivent. La ville est approvisionnée en eau grâce aux sources souterraines. On peut d’ailleurs encore en voir une qui coule dans la rivière. (photo 2750)
Le quartier de la Rivière d’Abord devient indépendant et une église est construite. Un pont qui le relie à SAINT PIERRE est construit mais il sera détruit au XIX è siècle suite à une crue trop importante. Des vestiges attestent de sa présence.
Des 1821 la construction du canal SAINT ETIENNE va permettre un plus large approvisionnement en eau. D’ailleurs l’alimentation en eau grâce à ce canal et à l’aqueduc perdurera jusqu’en 1971.
Au XIX ‘siècle, l’île s’oriente vers la culture du sucre. En effet, une autre grande île (SAINT DOMINGUE Haïti aujourd’hui) grosse productrice de sucre, est devenue indépendante en 1894. La France a donc besoin d’un autre producteur. C’est la famille DESBASSIN qui à la REUNION va encourager cette culture grâce à l’importation d’Angleterre de nombreuses machines à vapeur.
Entre 1850 et 1870, l’île comptera jusqu’à 200 usines sucrières. Aujourd’hui leurs traces sont visibles grâce aux longues cheminées qui ont résistées au temps.
Nous nous rendons ensuite vers un ancien mur d’enceinte, pas loin de la mairie.
La Compagnie des Indes Orientales outre ses entrepôts, possèdera aussi une prison. Les vestiges sont présents en face la police municipale. Les anciennes ouvertures ont été comblées mais les gongs des portes et de quelques fenêtres sont encore visibles.L’époque est si florissante que la ville se lance dans la construction d’un port plus grand. De 1854 à 1883, de gros travaux sont lancés. Ils ruineront totalement les habitants car entre temps, les bateaux ont évolué et le port proposé se révèlera inadapté à leur gabarit. De plus, la concurrence du port de la Pointe des Galets et du train précipitera la ruine de SAINT PIERRE ;
Il faudra attendre CHARLES ISAUTIER et la création des ZAC pour que SAINT PIERRE retrouve sa place de capitale du Sud.
La visite continue devant la mairie de SAINT PIERRE
Ce bâtiment date du XVIII e siècle. Il est représentatif d’une époque surtout grâce à l’arrondi de ces fenêtres, de sa toiture à la française et sa partie centrale qui sera rajoutée plus tard, témoigne d’une influence néoclassique. Il servait aussi d’entrepôt à la Compagnie des Indes et il a subi plusieurs rénovations plus ou moins heureuses. Un architecte avait voulu préserver les murs en les recouvrant de béton mais du coup, ces derniers ne respiraient plus et de nombreuses failles étaient apparues. Aujourd’hui les murs ont été mis à nu et ils respirent à nouveau.
Ces vestiges de l’histoire réunionnaise font aujourd’hui
partie de notre patrimoine.
Ainsi s’achève notre visite qui aura duré 1h30. Les élèves sont déçus que la visite ne se poursuive pas vers d’autres bâtiments anciens mais les journées du patrimoine 2009 pourront peut-être donner lieu à d’autres projets.
Je remercie Mme PAYET pour son aide durant cette matinée ainsi que M. TIVEAU qui a su captiver les élèves. Merci aussi à M. HOARAU PATRICK qui organise la FCIL PATRIMOINE dans notre lycée. C’est grâce à ses nombreux contacts que cette visite a pu avoir lieu.
Merci enfin à tout le service d’intendance qui s’occupe toujours si bien de tous nos déplacements et à notre direction qui nous laisse les coudées franches pour ces projets.
Une pensée spéciale pour Serge Latrille, notre webmestre qui sait si bien mettre nos projets à l’honneur sur le site du lycée.
Texte, Photos — Elise Dinnat Professeur Lettres - Histoire