PORT REUNION, HUB DE L’OCEAN INDIEN ?
La Réunion, tout au long de son histoire, a toujours été placée sur des routes maritimes d’importance. Que ce soit à l’époque des Grandes Découvertes, de la Compagnie des Indes, de l’Esclavage, de l’Engagisme ou, plus récemment, de l’Europe, elle a su par le biais de ces différents échanges, maintenir une place honorable dans les liaisons maritimes.
M. LEPERLIER Bruno, guide pour cette municipalité, nous accueille devant le parvis de l’église, l’occasion pour lui de nous expliquer qu’un événement inattendu s’est produit : un ficus centenaire qui menaçait de s’effondrer est en train d’être coupé. L’occasion pour nos élèves de voir toutes les précautions au niveau sécurité, qui sont prises par les élagueurs afin d’accomplir cette tâche douloureuse mais nécessaire.
M. LEPERLIER nous explique que depuis les cultures du café et du sucre, la Réunion a toujours multiplié ses échanges avec la métropole, les autres îles de la zone et depuis quelques temps, l’Asie. Autrefois à la REUNION, le transport de marchandises s’effectuait en train jusqu’au quai des navires. D’ailleurs, une ancienne gare ferroviaire a été rénovée dans la ville et il existe, tout le long de l’ancien trajet, des bâtiments identiques qui sont les vestiges de ce moyen de transport. On en retrouve à SAINT LEU et à l’ETANG SALE. Cette route s’est éteinte en 1963 avec l’ouverture de la route du littoral.
La municipalité tente de pousser les portois à se réapproprier les bords de mer et de nombreux travaux d’envergure ont eu lieu pour aménager des promenades (parcours de santé) et développer les lieux culturels liés à l’activité portuaire et aux savoir-faire ancestraux. Ainsi, le conteneur est devenu support pour une exposition en plein centre ville intitulée Gale, Goni, Mémoir nout péi. Elle fait référence au galet, symbole de la ville du PORT qui s’est construite sur les vestiges anciens de l’effondrement du MAIDO, et au goni sorte de sac dans lequel on transportait les marchandises à dos d’homme.
La ville est devenue bilingue et désormais, dans tous les actes administratifs, les 2 langues, français et créole sont utilisées.
Les élèves redécouvrent les métiers d’antan et la façon dont travaillaient les anciens dockers. Rien à voir avec les nouveaux outils dont ils disposent.
La particularité de PORT REUNION vient de ses 2 bassins. L’un a été construit en 1886 (PORT OUEST) et regroupe les activités de vracs, de pêche hauturière, de marine marchande et militaire, de stockage d’hydrocarbures, et l’autre (PORT EST) a été construit 100 ans plus tard pour répondre aux besoins grandissants de la population réunionnaise. Il est le centre de stockage des céréales pour animaux, l’escale pour les bateaux de croisière, les porte conteneurs et les rouliers (bateaux transportant les voitures).
Les silos tout neufs sont impressionnants et le guide nous explique que chaque silo contient une céréale différente. L’inauguration du site a eu lieu le 4 novembre.
Retour dans le bus pour découvrir PORT OUEST. Un bateau militaire est amarré et les élèves reconnaissent de nombreuses enseignes réunionnaises. En effet, le port qui a une superficie d’environs 4 km, regroupe plus de 1600 entreprises. Car pour réduire les coûts de transport, elles préfèrent posséder un entrepôt non loin des quais de déchargement. Ainsi la marchandise livrée est toute proche.
Ensuite, notre bus se rend à PORT EST où M. ROBERT Jean Bernard, responsable commercial de la CCIR (Chambre de Commerce et d‘Industrie Réunionnaise), prend le relais pour la poursuite de la visite. Depuis les attentats de 2001, le site est protégé et c’est une chance pour nous, d’y avoir accès car normalement, il est interdit au public.
Notre nouveau guide nous explique le fonctionnement du port et les différents intervenants lorsqu’un bateau arrive. Généralement, un pilote fourni par le port, monte à bord du navire pour faciliter la manœuvre du capitaine à l’entrée du port. Il s’y rend avec un petit bateau appelé pilotine . Parfois, si le navire n’est pas assez puissant, un remorqueur peut l’aider en le poussant ou en le tirant. Celui du Port porte le nom d’un célèbre navigateur connu à la REUNION pour la renommée d’une fleur, le Bougainville.
Tout est organisé depuis la capitainerie.
Tous ces services sont assurés par des sociétés privées. En effet, au départ, 2 entités dirigent le port. La CCIR et la DDE (Direction départementale de l’équipement). Mais en 2012, il n’y aura qu’une seule entité qui dépendra directement du Ministère des Transports.
Il ne faut pas oublier que PORT REUNION est le 4eme port français et le 3eme au niveau des conteneurs et au niveau militaire. Pour l’instant la CCI s’occupe de tout ce qui est stockage et la DDE de tout ce qui est sur l’eau. Le matériel (environs 100 matériaux de maintenance) appartient à la CCI qui le loue aux sociétés privées. Elle dispose ainsi de 16 chariots cavaliers et 4 portiques. Certains ports africains ne disposent pas d’autant de matériels aussi de nombreux bateaux possèdent des grues à leur bord pour pouvoir être autonome et décharger tout seul. C’est le cas d’un navire qui est à quai et qui décharge du charbon en vrac qui va alimenter les usines de Bois Rouge et du Gol pour fabriquer de l’électricité.
Les conteneurs vides sont empilés pour être stockés. Ceux qui sont de forme ovales contiennent des hydrocarbures.
Aujourd’hui les dockers sont des manutentionnaires. Les élèves regardent ébahis le ballet des chariots cavaliers dont les conducteurs sont situés tout en haut comme pour les grues. Ils restent bouche bée devant le déchargement de belles voitures neuves qui arrivent à bord du roulier le Don Quichotte et la vitesse et l’aisance avec laquelle les portiques soulèvent et replacent les conteneurs sur le bateau. PORT REUNION a un rendement de 45 conteneurs par heure. Maurice n’en est qu’à 25 mais ses coûts sont moins élevés.
Le bus passe devant un paquebot de croisière : il est allemand et il a bénéficié lui aussi de l’aide d’un pilote pour faire son entrée au port. Question des élèves : mais le pilote parle allemand ? L’occasion pour notre guide de rappeler l’importance de l’anglais car tout se fait dans cette langue. Si vous ne parlez pas anglais, oubliez l’idée de venir travailler au port.
Depuis 2007, les CCI de l’Océan Indien se sont réunies pour travailler ensemble et tabler pour un développement des navires de croisières. Pour cela, il faut absolument sécuriser la zone. Le paquebot allemand a réservé depuis 2 ans son amarrage à ce quai. Tous les événements politiques jouent dans le choix des destinations (par exemple l’incertitude politique qui règne à Madagascar, écarte cette île des circuits touristiques de croisières). L’insécurité de l’Océan Indien due aux actes de piratages, doit aussi être prise en compte. La géopolitique est très importante dans la gestion d’un port. Pour l’instant le pôle, le hub de l’Océan Indien le plus proche de la REUNION, c’est DURBAN en Afrique du Sud. Il gère 100 millions de tonne par an. A titre d’exemple PORT REUNION en gère 4 millions. Les 2 plus grands ports français LE HAVRE et MARSEILLE en gèrent 600 millions.
Ainsi l’Association des Ports de l’Océan Indien est nécessaire pour arriver au niveau de ces ports autonomes.
La visite se termine et les élèves ont l’impression d’avoir appris beaucoup de choses. Nos guides nous ont été très précieux et nous les remercions chaleureusement. Un grand merci aussi à notre direction qui est toujours à nos côtés lorsqu’il s’agit de développer les connaissances de nos élèves et d’aiguiser leur intérêt pour la mondialisation.
PORT REUNION est bien le poumon économique de l’île et son avenir réside non pas en une concurrence acharnée entre les îles soeurs mais en une union pour créer un ensemble cohérent.