Paul MOREAU

 

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Ancien sénateur de la Vème République

Election

  • Devenu Sénateur le 3 février 1987
    (en remplacement de M. Paul BENARD, décédé)
  • Réélu le 27 septembre 1992
  • Fin de mandat le 1er juillet 1995 (Décédé).

Situation en fin de mandat

  • Membre de la commission des affaires économiques
  • Membre du Groupe du Rassemblement pour la République

Paul Moreau voit le jour le 2 juillet 1929 à La Plaine-des-Palmistes, sur l’île de La Réunion. Issu d’une famille modeste d’agriculteurs, il passe les dernières années de sa scolarité à travailler la nuit puis abandonne ses études à l’âge de dix-sept ans afin de subvenir aux besoins des siens.

Installé à Bras-Panon, dans l’Est de La Réunion, il fonde et dirige la coopérative de vanille à partir de 1951. Il consacre dès lors tous ses efforts à développer cette production naturelle, menacée par les produits de synthèse.

Plus largement, il œuvre tout au long de son existence en faveur de l’ensemble du secteur agro-alimentaire réunionnais et participe notamment à l’organisation du marché de l’ananas.

Il décide de s’engager dans la vie politique réunionnaise en 1959 : à vingt-neuf ans, il devient maire de Bras-Panon après avoir défait le communiste Roger VIDOT, qui occupait le fauteuil majoral depuis dix-sept ans. Constamment reconduit par les Panonais, il préside pendant trente-six ans aux destinées de cette commune. Sous son mandat, Bras-Panon voit sa population passer de 4000 à plus de 11000 habitants.

Afin de faire face à cette expansion démographique, Paul MOREAU fait construire de nombreux logements et dote la cité d’infrastructures modernes. Il est également à l’origine de la création, en 1969, de la foire agricole de Bras-Panon qui ne cesse ensuite de prendre de l’envergure.

À son mandat municipal, il ajoute celui de conseiller général. Élu pour la première fois en 1964, il représente le canton de Bras-Panon au Conseil général de La Réunion pendant trente ans. Il assure la vice-présidence de l’assemblée départementale de 1982 à 1988. Paul MOREAU devient aussi conseiller régional dès l’institution d’un Conseil régional de La Réunion en 1982. Il conserve ce mandat jusqu’en 1986. Il appartient également à la Chambre d’agriculture de 1983 à 1987.

À l’issue des élections sénatoriales du 25 septembre 1983, il devient le suppléant de Paul Bénard, maire de Saint-Paul et vice-président du Conseil général. Aussi lorsque Paul Bénard disparaît, lui succède-t-il comme sénateur de La Réunion le 3 février 1987. Il se représente devant les grands électeurs réunionnais lors du scrutin du 27 septembre 1992. Après avoir recueilli 183 voix sur 916 suffrages exprimés au premier tour, il est réélu de justesse, avec 388 voix sur 904 suffrages exprimés au second tour. Au Palais du Luxembourg, il est membre de la commission des affaires économiques.

Nommé membre titulaire du comité directeur du Fonds d’investissement des départements d’outre-mer en 1993, il intervient en séance publique exclusivement au sujet de son île natale et des questions qui concernent les départements et territoires d’outre-mer.

S’il redoute les effets de la dépendance à l’égard de la métropole et estime que La Réunion ne doit pas tout attendre de cette dernière, il propose régulièrement à la Haute assemblée des mesures pour favoriser son développement. Ainsi obtient-il en 1988 que les nouvelles dispositions prévues par le projet de loi relatif au revenu minimum d’insertion (RMI), texte pour lequel il vote, soient applicables de plein droit dans les départements d’outre-mer.

De même, en 1989, défend-il l’adoption de mesures de défiscalisation afin d’encourager les investissements à La Réunion. La même année, il intervient en faveur de la désignation par l’Assemblée nationale et le Sénat de représentants des DOM-TOM parmi les membres des délégations parlementaires pour les Communautés européennes.

Paul MOREAU n’a surtout de cesse d’exprimer ses inquiétudes sur la gravité de la situation sociale réunionnaise: en 1988, 39% de la population active insulaire est au chômage. Bien qu’il ait lui-même œuvré en faveur de l’application du RMI à La Réunion, il constate «l’enlisement dans l’assistanat des nombreux attributaires du RMI», dès l’instauration de ce dernier sur l’île en 1989. De fait, un quart de la population réunionnaise perçoit le RMI.

Le maire de Bras-Panon, président depuis 1991 du Comité national d’accueil et d’actions réunionnaises en métropole, organisme créé par le député de La Réunion Michel Debré pour accueillir les Réunionnais émigrant dans l’Hexagone, déplore également le manque de logements sociaux dans l’île.

En 1994, au cours de sa dernière intervention en séance, Paul MOREAU juge même que la situation sociale de La Réunion, et plus largement celle de tous les DOM-TOM, est «explosive», trois ans après que de violentes émeutes ont embrasé Saint-Denis pendant plusieurs jours, en février 1991, et alors que près d’un tiers de la population active de l’île se trouve encore au chômage.

Dans l’hémicycle sénatorial, en qualité de fondateur de la coopérative de vanille, Paul MOREAU s’alarme plus particulièrement des difficultés des agriculteurs réunionnais. Il estime en 1991 que l’agriculture de La Réunion, dominée par la monoculture de la canne à sucre, souffre de nombreux maux : endettement des paysans, coût du fret aérien à destination de la métropole, fluctuation des prix de la canne à sucre et du rhum ou calamités naturelles telles que la sécheresse, les pluies tropicales ou les cyclones qui ravagent régulièrement cette île de l’Océan Indien.

Paul MOREAU défend en outre le statut de La Réunion, ancienne colonie française devenue département d’outre-mer en 1946. Il se déclare ainsi en 1990 opposé à toute bi-départementalisation de l’île sur le modèle de la Corse.

En 1992, il vote contre la loi constitutionnelle ajoutant à la Constitution un titre: «De l’Union européenne», suivant en cela Philippe SEGUIN, leader du «non» au traité de Maastricht au sein du RPR. Il se prononce en revanche pour la loi relative aux pensions de retraite et à la sauvegarde de la protection sociale en 1993.

Très affaibli par une longue maladie qui le contraint d’abord à quitter le Conseil général de La Réunion en 1994, il participe encore à la campagne présidentielle victorieuse de Jacques Chirac mais doit renoncer en juin 1995 à se représenter une septième fois lors des élections municipales à Bras-Panon.

Quelques jours après avoir abandonné à son successeur Jean-Marie FOUDRIN le fauteuil majoral qu’il occupait depuis trente-six ans, cette figure de la vie politique réunionnaise, inlassable promoteur du développement de son île natale, s’éteint le 1er juillet 1995, à la veille de son soixante-sixième anniversaire.

Il était officier de l’ordre national du Mérite et du Mérite agricole, et chevalier des Palmes académiques.